Contre La sansure

Interview : « Nous n’avons pas encore dit notre dernier mot », répond Ousmane Gaoual Diallo à l’UFDG

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Dans cet entretien exclusif, l’ex-coordinateur de la Cellule de communication de l’UFDG, aujourd’hui ministre des Transports et porte-parole du gouvernement, répond à ceux qui lui dénient le droit d’être électeur et éligible au congrès du parti.

La Lance : Serez-vous candidat à la présidence de l’UFDG lors du congrès du 6 juillet ?

Ousmane Gaoual Diallo : Oui, la volonté de diriger notre parti est intacte. Je le réaffirme, je serai candidat. Mais je ne crois pas à la volonté du clan d’en face d’organiser un congrès inclusif et transparent.

Nous devons en toutes circonstances promouvoir la démocratie, le droit, le respect des textes fondateurs de l’UFDG, pour espérer faire de notre pays un espace où les textes de loi, les engagements politiques comptent. Je serai candidat. Maintenant, tout est fait pour qu’il n’y ait pas d’autres candidatures.

D’abord, c’est le Conseil politique unilatéralement qui a convoqué la date, alors que cela n’est pas de sa prérogative. Selon les textes, cela revient au Bureau exécutif, avec l’approbation des deux tiers de ses 350 membres. Le Bureau exécutif se réunit, parle du congrès et fixe les modalités de participation, le calendrier et les thèmes. Malheureusement, c’est le Conseil politique qui se substitue au bureau exécutif. C’est illégal. Je ne crois absolument pas du tout à la faisabilité du congrès le 6 juillet.

La deuxième chose, c’est la mise en place des commissions. Cellou est candidat, manifestement; je le suis; Mamadou Barry aussi. Cela appelle à la mise en place d’une commission ad hoc, où les candidats, paritairement, se retrouvent, discutent des conditions et modalités d’organisation. C’est une commission d’observation qui va s’assurer que les statuts et le règlement intérieur de l’UFDG sont respectés pour aller au congrès.

Aujourd’hui, c’est une personne qui décide de dates, de qui participe… Les textes sont mis de côté. Nous n’avons pas encore dit notre dernier mot. Nous allons nous retrouver dans les prochains jours pour décider de l’attitude à adopter. Maintenant, nous avons été informés que l’UFDG a fait appel de la décision de justice. L’appel suspend-il le jugement qui m’a réintégré et en même temps autorisé la tenue du congrès ? La tenue du congrès était liée à la décision judiciaire. Est-ce qu’en faisant appel ainsi, l’UFDG n’est pas en train de créer les conditions de la non-tenue du congrès qui est liée à l’achèvement de la procédure judiciaire ? Est-ce que c’est juridiquement faisable ? Je suis candidat, c’est connu de tout le monde. Est-ce qu’on élimine un candidat en multipliant les procédures judiciaires le temps d’organiser son congrès à part ? Ou la bonne démarche était de rechercher la vérité avant d’aller à un congrès inclusif ? Je laisserai les gens de l’UFDG qui ont fait l’appel et la justice se prononcer.

Je crois qu’il n’y a aucune volonté d’aller à ce congrès, parce que Cellou refuse de libérer l’argent pour son organisation. Il n’y a pas de ressources financières, ni aucune volonté d’aller au congrès. Avant, lui, il est contraint de publier les comptes du parti, de faire une forme de bilan de sa gouvernance, quasiment pour neuf ans. Le Bureau exécutif doit se prononcer sur sa gouvernance, avant de l’autoriser à être candidat. Mais rien de tout ne semble prêt.

Peut-être que cela se fera dans cet intervalle

Attendons de voir. En tous les cas, l’appel-là est inapproprié pour qui claironne partout qu’il est populaire, imbattable, l’alpha et l’oméga du parti. Cellou et son équipe montrent qu’ils veulent gouverner par le diktat et la force et non par la démocratie. C’est quelque chose de dommageable. Mais les gens finiront par s’en rendre compte.

Notre exigence est d’aller à la compétition conformément au règlement intérieur et aux statuts. Eux, ils ont toute une entreprise de gens qui insultent, intimident, violentent par-ci, par-là pour éliminer des candidatures, décourager les gens. Cela n’entame pas notre détermination. Nous sommes convaincus qu’au bout, ils perdront.

On vous reproche de soutenir la candidature du président Doumbouya tout en briguant la présidence d’un parti d’opposition. N’est-ce pas contradictoire ?

Les personnes qui parlent ainsi ne connaissent pas l’UFDG. Le responsable de la communication ne connaît absolument rien ni du mécanisme, ni des statuts et du règlement intérieur du parti. M. Souleymane Konaté ne connaît absolument rien du tout des textes du parti.

Est-ce que c’est par rapport à la compréhension ou aux émotions des uns et des autres qu’on juge quelqu’un, ou plutôt par rapport à la conformité de son acte aux textes ? Est-ce que les textes de l’UFDG interdisent à un militant du parti de soutenir un président de la République ? Quand Cellou négocie avec Alpha Condé ou Dadis, au moment où celui-ci était poursuivi pour crime contre l’humanité, avait-il violé les règles de l’UFDG ? Aujourd’hui, est-ce que l’UFDG lui interdit de pactiser avec Alpha ?

Peut-on être à la fois de la mouvance et de l’opposition ?

Non, je pense qu’il n’y a pas d’opposition de ce point de vue-là.

Il y a une opposition d’idées.

Non, aucune. Il y a Cellou qui instrumentalise les esprits fragiles de notre parti, alors que tout ce qu’il poursuit, c’est d’obtenir l’abandon des poursuites judiciaires contre lui. L’UFDG a voté une motion pour soutenir le CNRD au lendemain de la prise du pouvoir du président de la République. Il n’y a jamais eu une autre pour dire qu’il retire sa confiance. On était en opposition avec Alpha. On ne l’est pas avec le CNRD, qui n’est pas un parti politique.

C’est néanmoins un régime qui est là, avec sa politique…

Oui. Mais les textes de l’UFDG n’interdisent pas de soutenir un régime tout en étant militant.

Et la logique ?

La logique voudrait que l’on attende les élections pour savoir qui est mouvance et qui est opposition. Aujourd’hui, on est en train de vouloir créer une opposition artificielle juste pour exprimer une frustration, un mécontentement individuel. E-ce que vous entendez ces gens-là critiquer notre politique économique, notre mode de gouvernance ? Non. Ils ne sont que dans la stigmatisation, l’injure, la violence verbale et physique. Est-ce pour ça qu’ils s’opposent au CNRD ? Le CNRD ne fait rien dans ce pays qui suscite une opposition de l’UFDG.

Ils vous réprochent de ne pas favoriser la liberté de la presse, de violer les droits de l’homme, de vouloir s’éterniser au pouvoir…

Cellou ne peut pas dire ça ni aucun autre responsable de l’UFDG. La première violation des droits de l’homme qu’ils font, c’est ce qu’ils font à tous ces militants qu’on expulse. Cellou Baldé, Maladho, qu’on sanctionne parce qu’ils ont rencontré le chef de l’État, alors que lui, il court matin et soir pour cela. Il sanctionne mon père, qui est le doyen du parti, juste parce que c’est mon père. C’est cela le respect des textes, de la liberté, des droits ?

C’est Cellou qui a des comptes à rendre, lui qui encourage des gens à m’attaquer physiquement. Quand j’ai été attaqué à New York, il a appelé le secrétaire fédéral pour se féliciter. Et dans le discours qu’il a tenu à New York, je vous invite à le réécouter, il a félicité le secrétaire fédéral de l’UFDG du Bronx de nous avoir malmenés à la sortie de la mosquée. Ça, c’est les paroles d’un chef qui parle de démocratie, de droits, de liberté d’expression ? Combien de fois mes militants et sympathisants ont-ils fait l’objet d’attaques et d’injures quand ils se réunissent à New York, Paris, ou Luanda ? Je pense qu’ils ne sont pas les mieux placés pour donner des leçons. Ils devraient laisser cette liberté s’exercer d’abord entre nous, au lieu de la réclamer à l’État. Mais ils sont incapables de garantir l’application des textes dans un parti politique, comment peuvent-ils réclamer des droits et des libertés à l’État ?

Vous aviez saisi la justice pour vous opposer à la tenue du congrès. Avec l’appel partiel contre votre réintégration, est-ce que vous comptez user de la même manière pour retarder le congrès du 6 juillet ?

On n’a pas saisi la justice pour qu’elle se prononce contre le congrès. Nous lui avons demandé d’examiner notre exclusion au regard des textes de l’UFDG. Et comme nous sommes candidats, il serait incongru qu’un congrès ait lieu avant que la décision de justice ne tombe. Le contentieux porte sur le congrès.

On ne se retrouve pas dans le même schéma avec l’appel interprété ?

A l’époque aussi, c’était l’UFDG qui avait fait appel. Ce n’était pas nous qui avions saisi la justice. La décision nous était favorable. C’est l’UFDG qui a fait appel  en espérant qu’entre temps, il peut très rapidement organiser le congrès. Le juge a estimé que non. Et comme on s’adresse à la même justice, nous l’écouterons. On verra.

Est-ce que la cour d’appel va suspendre toute activité politique en attendant qu’elle statue ? Même après, le congrès pourrait être être annulé. Les deux scénarios sont possibles.

Saisirez-vous la Cour d’appel à l’effet de retarder la tenue du congrès ?

Avec nos conseils, on le verra. Tout est possible. On peut aussi ne rien faire et demander une annulation du congrès après la délibération sur l’appel. Si la Cour d’appel constate que tout ce qui est fait là est un stratagème pour nous éliminer de la course, même après, elle pourrait annuler le congrès et ordonner sa reprise. Avant ou après, cela ne change rien du tout.

 

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