« J’ai demandé aux américains de nous aider… » (A. C. Wright)
La Guinée est-elle réellement menacée par des terroristes ? De nombreux observateurs ne le croient pas. L’un d’entre eux explique : « les problèmes qui ont entraîné les crises au Mali, au Niger et au Burkina Faso sont d’ordre politiques, sociaux et ethniques. Alpha Condé a voulu que cela soit en Guinée pour justifier sa présence à la tête du pays. Ces gens du CNRD et du gouvernement, qui ne veulent pas quitter le pouvoir, veulent créer des problèmes du genre… les terroristes, c’est eux.«
Lors d’une rencontre avec des magistrats, le ministre de la Justice du gouvernement de transition n’est pas de cet avis. Et il soutient : « pour votre information, notre pays est en proie aux activités terroristes. La Minusma est en train de se retirer du Mali. Notre pays est exposé. Dans notre politique pénale, nous savons que le seul tribunal compétent pour ces questions-là c’est Kaloum. J’ai demandé aux Américains de nous aider à aller dans le cadre de la spécialisation sur ce point précis. Parce que ça devient un enjeu pour notre pays. Ils m’ont déjà accordé leur point de la situation. »
À son tour de parole, Mamoudou Magassouba, procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum a précisé qu’ ‘‘à date nous avons deux dossiers qui sont en cour d’instruction. Pour revenir sur la menace terroriste sur la Guinée, c’est vrai. Ça nous avait été annoncé lors d’un séminaire où on a signalé la présence des terroristes dans les zones de Kankan, Mandiana et un peu vers la Forêt. Parce que ce sont des zones de passage. Ils ne viennent pas pour rester. Ils viennent soit pour les activités minières (…). A date l’un des juges d’instruction et moi avions été pour la prise en charge, la direction des enquêtes, comment prendre en charge les victimes, mobiliser les enquêteurs… On a été préparés à tout cela à travers des séminaires de formation.»
Changement à la CRIEF
Par ailleurs, répondant au président du tribunal de première instance de Kaloum, Ibrahima Sory 1 Tounkara, qui a fait cas du faible taux de dossiers jugés par son tribunal depuis la création de la CRIEF, Charles Wright a indiqué : « Bientôt beaucoup de dossiers de la CRIEF vont revenir à votre niveau. Parce que déjà nous avons un projet de loi sur la CRIEF. Il faudrait désormais que la compétence de la CRIEF soit vraiment circonscrite à la criminalité économique et financière. Faudrait s’accentuer que seulement les infractions portant sur la chose publique ou en lien avec la chose et les montants aujourd’hui faut l’élever à 2 milliards.»
De l’avis d’un analyste politique, « avec les affaires traitées par cette CRIEF, qui impliquent la classe politique, on s’est rendu compte des lacunes des juges et de leur inféodation au pouvoir. Charles Wright a déçu trop de monde, lui qui avait osé prendre une décision contre le pouvoir d’Alpha Condé était perçu comme un de ceux sur lesquels on pouvait compter pour émanciper la Justice guinéenne. Il est devenu celui qui a mis un gros frein à la démocratisation de ce pays… il est protégé par le Colonel Doumbouya, président de la Transition. Lui qui dit qu’il souhaite l’aide américaine pour lutter contre le terrorisme, il ne faudrait pas qu’il oublie que ces mêmes américains souhaitent le retour à l’ordre constitutionnel le 1er janvier 2025, qui mettra fin à 39 mois de transition du CNRD au cours desquels de nombreux crimes économiques et de sang ont été commis. »
Brehim Ould MAHMOUD
Les propos du Ministre Charles Wright et du Procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum, Mamoudou Magassouba, ont été rapportés par guinee7.com