Kabinet Komara, ex premier ministre de Dadis, courtise le CNRD de Doumbouya

Dans la situation sociopolitique actuelle que traverse la Guinée, tout véritable patriote se doit de demander une rectification de la gestion du pays par le CNRD et son gouvernement. À leurs manières, les forces vives guinéennes le font. Mais c’est elles que l’ancien premier ministre du régime putschiste de décembre 2008, Kabinet Komara, identifie comme les responsables de cette descente aux enfers.
Cet ancien cadre de la banque africaine d’import-export a-t-il oublié qu’il doit sa nomination au poste de premier ministre aux mouvements menés par les forces vives ? Kabinet Komara a-t-il oublié qu’à sa nomination par le CNDD du capitaine Moussa Dadis Camara, le 30 décembre 2008, une semaine seulement après le coup d’État, qu’il n’y avait pas de médiateur ? A-t-il oublié que ce sont les événements du 28 septembre 2009, alors qu’il était le premier ministre de la transition, qui ont entraîné la désignation de Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, comme médiateur de la crise sociopolitique ? Pourquoi, en octobre 2009, ne s’était-il pas opposé à la nomination d’un médiateur comme il le fait aujourd’hui ?
Hier, vendredi 10 novembre 2023, dans l’émission les “Grandes Gueules” d’Espace Tv, Kabinet Komara a notamment indiqué : « Il y a le CNRD qui a pris le pouvoir dans un contexte que nous connaissons tous, au départ il y avait de l’unanimité autour de la gestion, mais ce que je regrette aujourd’hui, ce qu’il y a beaucoup de désaccords de la part de certains partis politiques par rapport à la façon dont les choses évoluent. Mais moi qui suis patriote, je veux que ce débat soit essayé, je ne souhaite pas qu’on détruise l’image du pays à l’étranger. On ne se rend pas compte que le combat doit être interne. Si vous passez partout, vous dites que eux c’est des voleurs vous pensez que cela va encourager les gens à venir dans notre pays ? Vous détruisez la chance des autres innocents qui sont dans le pays. »
Poursuivant, il a estimé qu’il « est très important que les gens se retrouvent autour de la table, qu’on lave le linge sale en famille, c’est cela mon souhait. » Un argument qu’il avait défendu sur France24 en juillet 2022 (1) : « Ceux qui sont dans la lutte politique depuis un certains temps se disent que c’est l’occasion pour eux maintenant d’accélérer les choses pour accéder au pouvoir. Comment concilier ces deux positions ? A savoir ceux qui veulent faire Robain du Bois et ceux qui veulent accéder au pouvoir rapidement. Je l’ai dit dans une tribune que j’ai publiée il y a quelques jours, il est essentiel que les guinéens aient raison gardée, la communauté internationale est fatiguée de nous, elle s’est tellement désespérée de nous. Il faut que ce nouveau départ soit le dernier pour qu’il n’y ait pas une autre transition. Etant cela, il faut que chacun mette les pieds au dessus de tout”.
Pourtant, en juillet 2022, chez les GG il avait déclaré (2) : « Mon cœur saigne pour mon pays. J’ai toujours dit que nous devons cesser de donner des images de brutalité, de violence (…) J’avais espéré que nous avions tiré les leçons de tout notre passé. Que de nouvelles pages allaient s’inscrire dans le sens de l’apaisement. Malheureusement, il y a une fièvre qui s’est emparée de Conakry depuis l’arrestation de nos trois jeunes activistes dans les conditions qui, il faut le dire, sont assez rocambolesques… »
Pour un analyste politique, proche des forces vives, « cet ex-Premier ministre d’un régime putschiste, auteur des massacres du 28 septembre 2009 et de crimes économiques, qui se dit patriote, mais n’a pas voulu démissionner pour dénoncer ces crimes contre l’humanité sur ses compatriotes l’est-il réellement ? S’il a bonne mémoire, il doit se souvenir que les forces vives sont allées autour de la table de négociation en mars dernier sous l’égide les leaders religieux, à la demande du Premier ministre Goumou… N’est-ce pas le gouvernement qui a saboté la rencontre ? Un intellectuel comme lui Kabinet Komara doit savoir être au dessus de la mêlée et être juste dans ses analyses, ses opinions. Ce ne sont pas les forces vives qui dénigrent le régime guinéen. La communauté internationale, à travers ses représentations diplomatiques et autres organisations, est témoin des événements douloureux qui se passent ici et ailleurs. »
Brehim Ould MAHMOUD
(1) https://lerevelateur224.com/2022/07/01/kabinet-komara-sur-france-24-jappelle-la-cedeao-a-se-remettre-en-regle/
(2) https://kalenews.org/kabinet-komara-ancien-pm-mon-coeur-saigne-pour-mon-pays/