Kéamou B. HABA n’est pas un démocrate, les Guinéens veulent la démocratie
Il s’est battu au sein de l’Alliance nationale pour l’Alternance démocratique (ANAD), dont il serait un des initiateurs de la fondation, pour favoriser la victoire de Cellou Dalein Diallo à l’élection présidentielle d’octobre 2020. Il a été emprisonné par le régime déchu d’Alpha Condé pour sa persistance de défendre les résultats déclarés par l’ANAD que nombre d’observateurs avaient estimé crédibles.
Courageux, dans des propos rapportés par visionguinee.info (*), il disait : « Cellou Dalein Diallo a gagné l’élection présidentielle et nous avons les preuves. M. Alpha Condé a utilisé l’armée pour être à Sékhoutouréyah. Nous, nous avons le soutien populaire, parce que le peuple nous soutient (…) Il faut qu’on respecte la vérité des urnes. A défaut d’installer Cellou Dalein Diallo à Sékhoutouréyah, annulons le vote du 22 mars et celui du 18 octobre. Reprenons ces élections, on verra si nous sommes fort ou pas (…) depuis 2010 tout le monde connaît la force de l’UFDG. C’est une opportunité en or d’avoir cet homme politique est une chance pour la Guinée. C’est quelqu’un qui peut unir les filles et filles de la Guinée, parce que c’est un homme de paix et de dialogue’’.
En mars dernier, après avoir été soupçonné un rapprochement avec les nouvelles autorités, Bogola Haba écrit une lettre dans laquelle il souligne : « Dans l’intérêt de l’UGDD et de l’ANAD que nous avons œuvré á construire pour le bien de notre démocratie dans notre pays et vu les désaccords profonds entre ma personne et la majorité de certaines organisations de l’ANAD qui ont décidé de rejoindre le CPP et le groupe des 58 pour faire face au CNRD et les réformes engagés, j’ai décidé temporairement de suspendre mes activités de Président de la Commission Communication de l’ANAD« . Un courrier qu’il a adressé au Président de l’ANAD (Cellou Dalein Diallo) et de l’UGDD (Pépé Francis Haba) et aux signataires de la déclaration des 58.
C’est aux électeurs de décider du nombre des partis
Kéamou Bogola Haba est devenu un membre de la mouvance CNRD. A défaut de bénéficier d’un décret de nomination du Colonel Doumbouya, il a créé son Front national pour la Défense de la Transition (FNDT) pour démontrer son appartenance au clan du pouvoir.
Aujourd’hui, il propose (ou annonce) la dissolution des partis politiques car, selon lui, « si ce travail (missions de vérification des partis dans toutes les sous/préfectures, ndlr) est bien fait par le MATD comme il se doit et cela en référence au portrait robot d’un vrai ‘parti politique national institution’ qui résiste au temps et aux hommes, aucun parti politique guinéen, parmi les 180 et plusieurs partis politiques agréés, ne répondra satisfaisant à 50% aux critères objectifs d’un parti politique ».
Les missions du MATD à l’intérieur du pays sont inopportunes. Il est préférable que la classe politique se concerte pour convenir de la mise à jour du fichier électoral (d’octobre à décembre 2022) qui a servi lors de l’élection présidentielle d’octobre 2020, afin d’organiser des élections régionales, communales, de district et de quartiers en février ou mars 2023. Comme l’a suggéré un commentateur, « que seules les formations politiques qui auront des élus dans 80 % des sous/préfectures de chacune des régions administratives. Il est souhaitable que la Constitution à venir favorise une meilleure répartition des pouvoirs entre toutes les régions et toutes les composantes ethniques ».
En juin 2010, sur les 24 candidats à l’élection présidentielle, les Guinéens avaient choisi des formations politiques. Selon les résultats officiels, l’UFDG venait largement en tête (43,60 %), suivie de loin par le RPG a-e-c (18,25), l’UFR (13,03 %) et du PEDN (7,05%) etc… Rien ne dit que ces résultats, aujourd’hui, ne pourraient pas se répéter. Il faut laisser le choix aux électeurs de choisir leurs dirigeants de la base au sommet. Il faut ne pas être un démocrate, comme Bogola Haba, pour suggérer la limitation du nombre de partis par un gouvernement, même si celui-ci est démocratiquement élu. La transition est faite pour contribuer à la mise en place d’institution républicaines fortes, mais le CNRD du Colonel Doumbouya s’en écarte chaque jour que Dieu fait. Hélas !
Ibrahima Sory BALDÉ
(*) In https://www.visionguinee.info/un-allie-de-lufdg-demande-lorganisation-dune-nouvelle-presidentielle-a-defaut-dinstaller-dalein-a-sekhoutoureyah/