Contre La sansure

La mission de la CEDEAO est-elle compromise ?

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A peine annoncée, la mission de médiation conduite par Dr. Thomas Yayi Boni, ancien président du Bénin, semble être compromise. Selon des sources concordantes, les autorités guinéennes ne voudraient pas que les missionnaires de la CEDEAO rencontrent les représentants des forces vives réelles.

Des trois pays (Burkina, Guinée et Mali) dirigés par des régimes putschistes, seul celui de Conakry pose des problèmes de collaboration pour convenir avec l’organisation régionale d’un chronogramme de 24 mois. Colonel Mamadi Doumbouya a même contredit, sur ce point, le président en exercice de la CEDEAO, le Général Umaru Cissoko Embalo qui, lors d’un point de presse qu’il animait avec son homologue français, Emmanuel Macron, avait informé d’un accord dans ce sens avec le président de la transition guinéenne.

Le Médiateur Boni Yayi, entouré des membres du G5 Guinée (Représentants de la CEDEAO, de l’Union européenne, des Nations-Unies, de la France et des États-Unis).

Pour un commentateur, « les guinéens sont obligés d’affronter les forces de répression du CNRD. La CEDEAO a les moyens d’empêcher cela en prenant des sanctions contre ces dirigeants et les membres de leurs familles. Qu’ils soient du CNRD, du gouvernement ou du CNT, il faut prendre des sanctions contre eux. Comme cela, certains pourraient présenter leur démission et être retirés de la liste. Il faut que la CEDEAO prenne contre la Guinée les sanctions qu’il faut, comme celles, voire même plus sévères, que celles qu’ils avaient prises contre le Mali et ses autorités. Mais tant qu’ils ne vont pas agir comme cela, Doumbouya, Dansa Kourouma (Président du CNT, ndlr) et leurs collaborateurs et conseillers vont prendre ce pays en otage« .

Érosion de légitimité

Depuis l’installation du Conseil national de la transition (CNT) le 5 février dernier, on constate une importante érosion de légitimité à l’endroit des dirigeants du pays. Dans différents milieux sociopolitiques des acteurs ont signalé « la volonté de confiscation du pouvoir par le CNRD, avec l’appui de petits partis politiques, à la tête desquels trônent, depuis leurs formations, de grands noms de l’échiquier politique guinéens. Tous parlent de CRIEF et disent qu’ils n’ont rien à voir avec les dossiers, même s’ils sont cités. Plus grave, les dirigeants actuels auraient aussi vidé le peu qu’ils ont trouvé dans les caisses. Et quand vous les voyez mettre la pression sur les minières, c’est pour obtenir des avances de fonds…« .

Un cadre de l’ANAD, alliance politique dirigée par Cellou Dalein Diallo, estime que « le CNRD et ses soutiens sont convaincus que le dialogue va les débalancer, et c’est la raison pour laquelle ils n’en veulent pas. Nous, nous souhaitons qu’en dehors du cadre politique, la communauté internationale apporte un soutien technique et financier à la CRIEF et la Cellule Nationale de traitement des Informations Financières (CENTIF) pour auditer les comptes de l’État depuis ces 25 dernières années à maintenant car, avec ‘la route Dansa Kourouma’, il y a des choses à vérifier. Nous à l’ANAD et surtout à l’UFDG, nous souhaitons que tous les candidats à tous les postes, passent devant un Comité de vérifications de leurs biens. Que ceux qui ont des dossiers à la CRIEF, les membres du CNRD, du Gouvernement et du CNT soient les premiers à le faire« .

Poursuivant, ce cadre de l’ANAD indique que « une CRIEF normale ne fait pas peur. Celle du Procureur Aly Touré n’est pas normale. Elle ressemble beaucoup à la Cour constitutionnelle d’Alpha Condé. Elle reçoit des directives et agit en conséquence. Si Cellou Dalein s’était présentée devant cette Cour, Dieu seul sait ce qu’il serait devenu aujourd’hui. Le dossier Air Guinée est vide… sa maison de Dixinn illégalement saisie et rasée. Il aurait subi le même sort. Cellou a trop d’adversaires haineux dans le camp du CNRD et des acteurs politiques qui conseillent Colonel Doumbouya« .

Avec l’arrivée de la mission de la CEDEAO, il n’est pas exclu que la manifestation prévue mercredi 17 août soit reportée à la demande des autorités de l’organisation. « En l’acceptant, le FNDC et ses alliés politiques démontreront qu’ils sont disponibles pour le dialogue. Reste à savoir si le CNRD, son gouvernement et leur CNT sauront comprendre qu’ils ont également intérêt à accepter la présence autour de la table du dialogue de ces forces vives incontournables« , estime un analyste politique.

 

Mamadou S. Fadi DIALLO

 

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