La Procuration de Mamadi Doumbouya: Le régime des bottes a trouvé son griot de service.
Sous la pression des dénonciations et de l’opinion internationale, Mamadi Doumbouya n’a pas osé assumer la vérité. Il a préféré l’externaliser. Voilà comment Taliby Dabo, chasseur invétéré de strapontin, s’est retrouvé promu porte-parole par procuration.
Ce n’est pas un témoin, c’est un récitant. Il n’a pas parlé, il a lu. Il n’a pas rassuré, il a répété. Foniké Menguè et Billo Bah seraient « vivants » — telle est la grande trouvaille que le CNRD a fait porter par un homme dont le destin politique s’est toujours résumé à tendre la main aux régimes pour grappiller une chaise bancale.
Car il faut le dire sans détour : Taliby n’est pas un témoin, c’est un haut-parleur. Pas une voix, mais un écho. Un écho docile qui s’est prêté à l’exercice de la procuration, croyant se grandir alors qu’il ne faisait que se réduire au rôle d’outil.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : si Taliby est mis en avant, c’est que Mamadi a peur. Peur d’apparaître, peur de reconnaître, peur d’assumer. Alors il délègue. Il délègue la parole comme il délègue la répression, croyant ainsi désamorcer la colère. Mais il oublie une chose : un mensonge livré par procuration reste un mensonge.
Pendant ce temps, Foniké Menguè, Billo Bah et Habib Marouane Camara ne sont pas libres. Ils sont séquestrés. Et chaque jour de silence ajoute une couche de responsabilité au sommet de la pyramide.
Que ceux qui crient à la saisine du procureur se ressaisissent eux-mêmes :
Le procureur n’est pas saisi, il est saisi… d’impuissance. Le seul véritable détenteur du dossier, c’est Mamadi. Et le seul juge, c’est le peuple.
Car au bout du compte, une seule conclusion s’impose :
Doumbouya détient les corps, mais il a déjà perdu les âmes.
Le peuple sait. Le monde sait. Et la vérité, elle, n’a pas besoin ni de chasseur de strapontin, ni de procuration.
Alpha Issagha Diallo
Écrivain, témoin du réel
Scalpel de la parole libre