Lettre ouverte à son Excellence, Général Mamadi Doumbouya : “Pour que l’histoire ne se répète pas, méfiez-vous des faux mouvements de soutien”

Excellence Monsieur le Président,
Ce n’est pas un opposant qui parle ,non plus un politicien, encore moins propagandistes, plutôt c’est un frère, jeune frère dirais-je et ami qui vous parle, c’est d’ailleurs un admirateur qui vous parle.
Mon Général,
Votre accession à la magistrature suprême de notre nation a suscité un immense espoir. Vous êtes perçu comme le symbole d’une rupture nécessaire avec les pratiques du passé : corruption, division, propagande, manipulation, népotisme et oppression. Pourtant, au fil du temps, nous voyons ressurgir un phénomène dangereux qui a causé la chute de vos prédécesseurs et de nombreux leaders à travers le monde : les mouvements de soutien artificiels et intéressés.
Ces groupes, qui se prétendent les porte-voix du peuple, ne sont souvent que des coquilles vides. Leur objectif est de créer une illusion d’unité et de popularité pour vous éloigner de la réalité. Pire, ils deviennent des instruments de manipulation et d’isolement, plaçant le dirigeant sur un piédestal instable qui finit toujours par s’effondrer.
Je vous écris cette lettre avec un profond respect et un sentiment d’urgence, dans l’espoir que vous ne tomberez pas dans ce piège historique.
Permettez-moi de vous donner des exemples édifiants, tant en Guinée qu’à l’étranger, pour illustrer les dangers que ces mouvements représentent.
Mon Général,
D’abord, sous le règne de Sékou Touré, des mouvements comme les Comités de défense de la révolution (CDR) et la Jeunesse révolutionnaire guinéenne (JRG) étaient omniprésents. Ces structures semblaient refléter l’adhésion populaire, mais elles étaient en réalité des outils de contrôle et de répression. Lors de sa disparition en 1984, le “peuple révolutionnaire” s’est immédiatement retourné contre lui. Les slogans “Vive la révolution !” furent remplacés par des cris de soulagement. Ces mouvements, si bruyants en apparence, se sont dissous aussi rapidement qu’ils avaient été créés, prouvant qu’ils ne reposaient sur rien de solide.
Ensuite, le Président Lansana Conté, malgré son pragmatisme, fut lui aussi entouré d’un cercle de “supporters professionnels”. Des mouvements comme “les Amis de Conté” se multiplièrent. Mais où étaient ces amis lorsque le régime vacillait ? Lorsque le peuple se soulevait en 2006 et 2007, ces prétendus défenseurs de l’ordre se sont évanouis. Conté, à la fin de sa vie, était un homme seul, trahi par ceux qui l’avaient entouré de fausses louanges.
Aussi, la trahison des opportunistes
Alpha Condé, le “professeur”, a également connu cette illusion. Pendant ses deux premiers mandats, des groupes tels que “les Femmes pour Alpha Condé” et “les Jeunes pour le RPG” proliféraient. Ces mouvements, tout comme leurs prédécesseurs, n’étaient pas motivés par une véritable conviction, mais par des intérêts personnels. Lorsque le troisième mandat controversé a engendré une crise nationale, où étaient ces mouvements pour défendre leur leader ? Ils ont fui, laissant le président face à l’histoire et à son peuple.
Plus loin mon Général, Mobutu, l’un des leaders les plus flamboyants d’Afrique, était entouré de partisans qui ne voyaient en lui qu’une source d’enrichissement. Des mouvements de soutien luxuriants, des festivals en son honneur et des éloges interminables masquaient une réalité sombre : le peuple souffrait. Lorsque son régime s’est effondré en 1997, ses “fidèles” se sont précipités à l’aéroport pour fuir avec lui ou, pire, rejoindre ses opposants.
Egalement, Mugabe, malgré ses débuts prometteurs, a été piégé par des mouvements de soutien exagérés qui lui faisaient croire qu’il était adulé par tous. En réalité, ces groupes étaient des instruments de propagande qui servaient à détourner son attention des souffrances du peuple zimbabwéen. À sa chute en 2017, ces mêmes “alliés” l’ont abandonné, prouvant leur hypocrisie.
Il y a aussi, Kadhafi qui est un autre exemple frappant. Sa “révolution verte” était soutenue par des mouvements prétendument populaires. Mais en 2011, ces mouvements, qui avaient prospéré grâce à ses largesses, se sont évaporés. Beaucoup de ses anciens partisans sont devenus ses plus farouches ennemis.
Mon Général, Mandela n’a jamais permis que des mouvements de soutien artificiels se forment autour de lui. Sa force résidait dans sa connexion directe avec le peuple sud-africain. Il privilégiait les dialogues francs, même avec ses opposants, et ne s’entourait que de ceux qui partageaient ses idéaux.
Mon Général,
Sankara, le leader révolutionnaire du Burkina Faso, a toujours mis en garde contre les flatteries et les adulateurs. Il privilégiait des structures institutionnelles solides à des groupes opportunistes. Bien que son régime ait été écourté, son héritage reste intact grâce à sa rigueur et à sa sincérité.
Kagame, malgré ses critiques, a construit un État où la priorité est donnée aux institutions, pas aux individus. Les mouvements autour de lui sont encadrés par des objectifs clairs et mesurables, empêchant ainsi la prolifération de flatteries inutiles.
Mes conseils pour éviter le piège mon Général sont les suivants :
1. Démanteler les mouvements artificiels : Ne tolérez pas que des structures non institutionnelles parlent en votre nom. Elles ne reflètent ni vos ambitions ni la réalité.
2. Construire des institutions fortes : La meilleure manière de garantir votre héritage est de renforcer les institutions républicaines, pas les cercles personnels.
3. Écouter directement le peuple : Allez à la rencontre des citoyens, loin des caméras et des flatteries. Visitez les zones reculées, les écoles dégradées, les marchés en difficulté. C’est là que se trouve la vérité.
4. Mettre en garde les opportunistes : Identifiez les individus et groupes dont les intentions ne servent pas la nation. Éloignez-les fermement, même s’ils prétendent être vos alliés.
5. S’inspirer des modèles vertueux : Faites de Mandela et Sankara vos références. Leur humilité et leur dévouement restent des leçons pour tous les leaders.
Pour finir mon valeureux Général, Excellence Monsieur le Président, l’histoire de la Guinée et du monde est remplie de dirigeants qui ont été égarés par les chants des sirènes. Ne laissez pas ces mouvements artificiels vous conduire sur un chemin de solitude et d’échec. Vous avez l’opportunité de briser ce cycle et de marquer l’histoire comme le leader qui a écouté son peuple et résisté aux flatteries.
La Guinée a besoin d’un président connecté, pas isolé. Les générations futures se souviendront de vos choix. Faites en sorte qu’ils soient les bons.
Vous venez de loin, très loin et la Guinée également. Le procès du 28 Septembre m’a permis de connaître le Guinéen et de comprendre que les gens le plus souvent qui tirent vos oreilles en vous disant que le peuple est content, sont les plus dangereux. Vous faites votre mieux, mais svp, faites attention aux sirènes propagandistes. J’allais oublier le mouvement Dadis ou la mort ou Dadis doit rester.
Un citoyen concerné par l’avenir de la Guinée.