L’incertitude : Les promesses brisées de la transition en Guinée
La Guinée traverse une période sombre de son histoire contemporaine. En septembre 2021, le coup d’État mené par les militaires avait suscité des espoirs de changement et de réformes. Les autorités de la Transition avaient promis une refondation de l’État, un retour rapide à l’ordre constitutionnel et des élections libres et transparentes.
Ces engagements, formellement inscrits dans un accord avec la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), devaient conduire à la fin de la Transition en décembre 2024. Mais aujourd’hui, à seulement quelques mois de cette échéance, ces promesses semblent plus éloignées que jamais.
Une Transition en Trompe-l’œil
La réalité sur le terrain est alarmante. Loin de préparer un retour à un régime civil, les autorités militaires semblent s’enliser dans une logique de confiscation du pouvoir. Les réformes promises n’ont pas été mises en œuvre, et les institutions démocratiques restent en suspens. Le calendrier électoral est toujours flou, et les perspectives d’organiser des élections crédibles avant la fin de l’année sont de plus en plus incertaines. Car le fichier électoral est conditionné par le recensement administratif à vocation d’état-civil (PN RAVEC) qui est l’un des points du chronogramme de la transition.
Depuis plus de 3 mois après la nomination des responsables du Programme national de recensement, on ignore où se situe ce projet. Pas de visibilité.
En Mars dernier, la constitution devait être présentée comme l’avait promis le président du conseil national de la transition. A ce niveau également, les promesses ne sont pas ténues. Le nouveau premier ministre Bah Oury issu de la classe politique ne cesse de multiplier ses sorties en affirmant que l’accord signé avec la CEDEAO ne peut pas être respecté. Le président de la transition lui garde le silence et profite de la faiblesse de l’organisation ouest africaine pour dérouler son plan Rwandais, lancer des projets d’infrastructures pour gagner du temps tout cela sous la protection de certains Etats occidentaux et Asiatiques tapis dans l’ombre.
La Liberté de la Presse en Péril
Dans ce contexte de régression démocratique, la liberté de la presse est devenue une cible privilégiée. Seuls les journalistes, après avoir muselé les acteurs politiques continuent à critiquer les dérives du pouvoir militaire. Cependant depuis plusieurs mois, de nombreux médias sont brouillés et récemment des groupes de presse sont fermés par décision du ministère de l’information et de la communication. Le prétexte avancé par le ministre est la violation du cahier de charge. Cet est tout simplement une suite logique d’une longue et dure persécution des médias.
En effet, les journalistes font face à des menaces croissantes. Les voix critiques sont réduites au silence, et la censure devient une arme de choix pour contrôler l’information et maintenir une chape de plomb sur la société civile. Cette répression médiatique est non seulement une violation flagrante des droits de l’homme, mais aussi une tentative de museler toute opposition et de prévenir toute contestation du pouvoir militaire. Le pluralisme d’opinion, pilier essentiel de toute démocratie, est aujourd’hui en péril en Guinée trahissant l’esprit de la charte de la transition, élaborée par les militaires eux-mêmes, qui consacre pleinement la liberté d’expression.
Les appels à la Communauté Internationale Face à cette situation, il est impératif que la communauté internationale, et particulièrement la CEDEAO, prenne des mesures fermes. Les engagements pris par les autorités de la Transition doivent être respectés, et des sanctions devraient être envisagées en cas de non-respect des accords. La communauté internationale doit aussi exercer une pression continue pour garantir la sécurité des journalistes et la réouverture des médias fermés. L’espoir d’un Changement malgré ces sombres réalités, l’espoir d’un changement reste vivant.
La société civile guinéenne, résiliente et déterminée, continue de lutter pour ses droits et pour l’avenir démocratique du pays. Les journalistes, malgré les menaces, poursuivent leur mission d’informer, de dénoncer et de défendre la vérité. Il est crucial que nous, en tant que membres de la presse, continuions à exposer les injustices et à tenir les autorités responsables de leurs promesses. La liberté de la presse est une condition sine qua non pour la démocratie, et nous devons tout mettre en œuvre pour la préserver.
La Guinée est à un tournant de son histoire. Les mois à venir seront décisifs pour l’avenir du pays. Les autorités de la Transition doivent comprendre que la confiscation du pouvoir n’est pas une option et que la voie de la démocratie et de l’État de droit est la seule qui garantira la paix et la prospérité durables. En tant que journalistes, notre rôle est de continuer à éclairer le chemin, de dénoncer les abus et de défendre la liberté d’expression. C’est notre devoir envers la Guinée, envers la vérité, et envers les générations futures.
Cet article est dédié à tous les journalistes guinéens qui, malgré les menaces et la répression, continuent de se battre pour la liberté de la presse et la démocratie.