Manifestation à Conakry : un mort déjà, ça commence trop tôt (Mognouma)
Le scénario tant redouté n’a pas été, hélas, évité. La répression sanglante des manifestations reste encore le mode opératoire prisé par l’État guinéen, en vue de mettre sous cloche les voix dissonances.
Le CNRD, à son tour, vient de mordre à l’hameçon. Lui qui s’était pourtant élevé avec véhémence contre cette pratique autocratique à sa prise du pouvoir. Au point d’enclencher une procédure judiciaire contre l’ancien Président Alpha Condé ainsi que certains des proches de celui-ci pour présumé crime de sang.
L’histoire se répète donc avec les militaires qui trônent sans partage sur le pays. C’est la rançon d’une forte dose d’orgueil, de dédain et d’arrogance vis-à-vis de la classe politique. Pas seulement d’ailleurs.
Ce mercredi 1erjuin, la manifestation contre l’augmentation du prix du litre du carburant à la pompe a viré à l’intifada entre manifestants et forces de maintien d’ordre.
Dans les échauffourées qu’il y a eu à cette occasion, a-t-on appris auprès des sources, un jeune âgé de moins d’une vingtaine d’années a pris une balle dans la tête.
Le décompte macabre commence déjà. Cela arrive moins d’un an seulement après l’accession au pouvoir des militaires. Trop tôt !
La méthode rappelle celle qu’on espérait révolue et qui était devenue dans un passé récent dans le pays, un mode de gestion par excellence des manifestations de toutes natures.
En effet, traquer les coupables et leurs commanditaires devrait être désormais la priorité du CNRD, en vue d’éviter des ennuis que subissent les dignitaires de l’ancien régime auxquels ils ont succédé.
L’alerte est précoce au regard des tâches à accomplir par la junte pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Cependant, elle est à prendre très au sérieux à cause de la situation qui reste un cocktail, dont l’issue ne rassure pas assez.
Mognouma Cissé