Mohamed Bazoum peut-il être réinstallé dans ses fonctions de Président du Niger ?

Les putschistes nigériens sont en train de faire l’unanimité contre eux. Leur acte est condamné partout à travers le monde. Dans différents milieux influents de la planète, il est question de voir comment sanctionner le général Omar Tchiani et ses camarades. Mohamed Bazoum peut-il être réinstallé dans ses fonctions de Président du Niger ?
Indépendant depuis plus de 60 ans, ce pays avait connu sa première alternance démocratique lorsque, le 2 avril 2021, il y a à peine deux années, un président démocratiquement élu (Mohamed Bazoum) succédait à un autre, également démocratiquement élu (Mohamadou Issoufou). Du 15 avril 1974 au 2 avril 2021, l’armée nigérienne est régulièrement intervenu pour renverser le régime en place, comme ce fut cas le 27 janvier 1996 quand le colonel Ibrahim Baré Maïnassara a renversé l’économiste Mahamane Ousmane (Diplômé des HEC de Montréal -Canada).
Pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui « exige la libération immédiate du président Mohamed Bazoum », celui-ci « reste le président légitime et légal du Niger reconnu par la Cedeao » en précisant :« La Cédéao et la communauté internationale tiendront toutes les personnes qui sont impliquées dans cet acte pour responsables de la sécurité et de la sûreté du président, de sa famille, des membres du gouvernement et du public en général ».
Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain, a dit avoir pu parler avec M. Bazoum mercredi, pour lui assurer « clairement que les Etats-Unis le soutenaient résolument en tant que président démocratiquement élu du Niger ». Même discours à Paris où « la libération du président Bazoum et de sa famille, leur pleine sécurité et le retour à l’ordre constitutionnel, la restauration de l’intégrité démocratique, le rétablissement des autorités légales », sont exigées.

Pour le président de l’UFDG, récemment élu président de l’Alliance politique ANAD, le coup d’État contre le président Mohamed Bazoum « est un recul préoccupant de la démocratie et de l’Etat de droit dans ce pays, mais aussi dans l’espace CEDEAO où on a enregistré 6 coups d’Etat militaires en moins de 3 ans. Je souhaite vivement que les négociations envisagées par la CEDEAO aboutissent à la restauration de l’ordre républicain et la réinstallation dans ses fonctions du président démocratiquement élu ».
Sanctions sévères à respecter par tous
Pour un analyste politique, « une armée, y compris les paramilitaires, c’est pour défendre l’intégrité du pays. Que ce soit au Mali ou Burkina et aujourd’hui le Niger, c’est pour défendre l’intégrité du pays, faire la guerre contre ceux qui menacent les populations. En Guinée l’armée dit que c’est à cause du coup d’État constitutionnel d’Alpha Condé… si c’était le cas, au lieu de tuer, en octobre 2019, mars, octobre et novembre 2020 les opposants, regroupés au sein du FNDC, pour imposer les résultats voulus par Alpha Condé, pourquoi ils ne l’ont pas renversé en mars 2020 par exemple ? Là, ce coup d’État aurait eu un meilleur sens que celui du 05 septembre 2021« .
Poursuivant, cet analyste dit être « sûr et certain que si des sanctions sévères à respecter par tous qu’il sera possible de rétablir le président Bazoum dans ses fonctions. Prendre les putschistes et les envoyer en exil dans un autre pays africain de leur choix pour au moins 3 ans. Les exclure définitivement des rangs des forces armées et de la police. Appliquer cette mesure à tout autre groupe qui renverserait un régime ou falsifierait la constitution pour garder le pouvoir. Et faire comprendre aux juntes de Bamako, Conakry et Ouagadougou que c’est le même régime qui leur sera appliqué en cas de non respect des chronogrammes de leurs transitions respectives. Si les Etats-Unis, l’Union européenne et plus particulièrement la France appuient la Cedeao et l’Union africaine dans ce sens, il n’y aura plus de coups d’États dans nos pays. À Niamey, la Cedeao ne devrait pas soutenir la mise en place d’un régime de transition ; elle ne doit pas reconnaître ce que les putschistes appellent Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ».
Mamadou S. Fadi DIALLO
Image de la UNE : au Centre international de conférences de Niamey, le 2 avril 2021, le nouveau président Mohamed Bazoum (g.) succède à Mahamadou Issoufou. © BOUREIMA HAMA / AFP