Monsieur Bah Oury, votre propre Constitution parle. Alors, cessez de mentir aux Guinéens.
Vous avez osé affirmer qu’《en aucun article de la présente Constitution, il n’est dit que le gouvernement doit démissionner》. Soit vous ne connaissez même pas le texte que vous avez imposé au peuple, soit vous cherchez sciemment à tromper l’opinion. Dans les deux cas, c’est indigne d’un Premier ministre qui prétend incarner le droit.
L’article 198 est pourtant sans équivoque:《Au lendemain du référendum, quel que soit le résultat du processus, le Gouvernement présente sa démission qui ne peut être refusée par le Président de la République.》C’est clair comme de l’eau de roche. Pas d’interprétation possible, pas de pirouette : le gouvernement DOIT démissionner, point final.
Et ce n’est pas tout. Le même article interdit à tout membre de ce gouvernement d’être promu à une fonction équivalente ou supérieure jusqu’à la fin du mandat présidentiel. Une sanction prévue par vos propres mains, pour garantir un vrai renouvellement politique après un référendum. Voilà ce que dit votre texte.
Votre Constitution prévoit aussi la dissolution obligatoire de l’Assemblée nationale, suivie d’élections dans les 90 jours. C’est un dispositif complet, pensé pour rebattre les cartes après toute révision majeure.
Monsieur Bah Oury, il est désolant de vous voir renier vos principes d’hier pour servir aujourd’hui de haut-parleur au régime de Mamadi Doumbouya. Vous qui vous présentiez en juriste rigoureux, vous vous transformez en manipulateur de texte, prisonnier de vos propres compromissions.
La Constitution n’est pas un jouet qu’on tord selon ses intérêts du moment. Elle n’est pas à géométrie variable. Ironie du sort car ce texte que vous avez taillé sur mesure pour asseoir un pouvoir, c’est lui qui vous étrangle désormais.
Les Guinéens ne méritent pas vos mensonges. Ils méritent des responsables qui respectent la vérité des lois, même quand elles se retournent contre eux. En refusant d’assumer l’évidence, vous insultez l’intelligence du peuple et abîmez un peu plus la culture démocratique de notre pays.
Monsieur Bah Oury, il n’est pas trop tard pour retrouver un reste d’honnêteté intellectuelle. Mais sachez-le car l’histoire retiendra que vous avez choisi de fermer les yeux devant vos propres textes. Et quand l’histoire tranche, elle ne pardonne pas.
Votre Constitution parle. Elle vous condamne. Écoutez-la.
Aduna No Yourmi !

