Monsieur le président, « Le souhait de tout le peuple de Guinée est, de respecter votre parole, pour une fois. »
Monsieur le président,
J’ai analysé, avec attention et parcimonie, votre discours prononcé à la veille de la fête de l’indépendance, phrase par phrase, paragraphe par paragraphe.
Et je réalise que ceux qui l’ont écrit pour vous ne vous ont jamais été sincères. Ces personnes font partie de ceux qui continuent de vous tromper, car ce discours et vos actions sont diamétralement opposés.
Monsieur le Président, je suis un journaliste mal formé, je l’avoue, mais avec des valeurs que je défends fermement.
Je ne suis pas le genre de journaliste qui écrit ce que vous aimez lire ou qui dit ce que vous voulez entendre, même lorsque c’est nuisible pour vous.
Je suis celui qui écrit et dit ce que vous ne voulez ni lire ni entendre, mais qui est pourtant bénéfique pour vous et pour le peuple que vous gouvernez.
Car nous voulons tous votre réussite, ainsi que celle de cette transition. Et pour que celle-ci aboutisse, il vous faut des journalistes qui dénoncent les cadres et les citoyens toxiques, obstacles à sa réussite.
Des journalistes qui peuvent vous montrer le chemin de la gloire et de l’honneur.
Des journalistes capables d’éclairer votre route, afin d’éviter les épines sous vos pieds, qui pourraient ralentir votre parcours glorieux vers l’honneur et la gloire
Combattre l’injustice, la corruption, et l’ethnocentrisme est inscrit dans mon ADN.
Parce que je suis né dans une période d’injustice.
Je suis né en juillet 1985 à Beyla, une semaine après le coup d’État manqué de Diarra, une semaine après que certains innocents ont tout perdu injustement, et que d’autres Guinéens arrêtés ont été tués sans jugement. Je suis né dans un mois d’injustice, comme si Dieu m’avait envoyé pour la combattre. Il m’est donc difficile de me taire face à elle.
Monsieur le Président, cette phrase que vous avez prononcée dans votre discours,
« Je l’ai toujours dit, dans la lutte contre la corruption, ma main ne tremblera jamais », est une simple farce.
En deux ans, vous n’avez jamais véritablement lutté contre la corruption. Vous avez créé la CRIEF comme un moyen de faire taire ceux qui pourraient devenir des obstacles pour vous.
Pendant ce temps, vos propres ministres s’enlisent dans la corruption et détournent des fonds publics sans jamais être inquiétés.
Certains ont été cités et rapidement blanchis par cette CRIEF en un temps record, alors qu’il aurait fallu établir tous les éléments avant d’inculper un cadre pour corruption.
Par contre, cela fait plus de deux ans que les anciens cadres du régime Condé sont toujours en procès, sans que rien n’en ressorte.
Pendant ce temps, les procès de vos cadres sont rapidement organisés, avec un verdict de blanchiment contre des milliards versés discrètement.
L’organe CRIEF que vous avez créé pour lutter contre la corruption est plus corrompu que le mot ‘corruption
La corruption et le détournement des fonds publics par vos cadres se déroulent à ciel ouvert, sans qu’ils soient interpellés ou inquiétés.
Par exemple : L’ancien ministre de l’Économie et des Finances, ancien DG de la SONAP, Moussa Cissé, et l’actuel gouverneur de la banque centrale, Karamo Kaba, ont détourné des millions de dollars. Le premier a fui le pays, et le second est toujours en poste sans aucune poursuite judiciaire.
Ousmane Gaoual a été cité dans une affaire de corruption de plusieurs milliards, mais au lieu d’être limogé et poursuivi, il a été reconduit dans ses fonctions, et tant d’autres.
Vous devriez limoger et mettre sous les verrous tous ces cadres véreux, corrompus et toxiques pour cette transition, qui ont détourné les deniers publics si vous voulez qu’on vous prenne au sérieux .
Vous devriez commencer à assainir l’administration publique et nous débarrasser de ceux qui agenouillent l’économie du pays.
Monsieur le Président, dans la lutte contre la corruption, votre main a tremblé, car cette lutte n’a été qu’une simple mascarade.
Les procureurs et juges d’instruction sont toujours convoqués à la présidence par vos proches pour les intimider, une fois que certains protégés de votre cercle sont concernés par une convocation.
Depuis le 5 septembre 2021, sous votre pouvoir, l’injustice a battu des records, et la justice est presque inexistante. Ce que nous avons vu et subit en 1985 se répète en 2024 sans honte ni remords : des enlèvements, des accusations de faux complots contre l’État, des assassinats sans procès.
Les manifestants sont abattus de manière fantaisiste, le tout couvert par le procureur de la République, qui tente de justifier l’injustifiable.
Monsieur le Président, le vivre-ensemble ne peut se réaliser que dans un cadre de justice, de transparence, d’équité et de respect des droits fondamentaux.
Pourtant, aujourd’hui, nous n’avons aucune de ces conditions. Comment pouvez-vous espérer que nous vivions ensemble en harmonie si l’injustice est votre boussole ?
Aucun État sérieux ne peut se développer dans la délinquance économique à laquelle nous assistons aujourd’hui en Guinée.
Monsieur le Président, n’avez-vous pas échoué dans votre lutte contre l’injustice ?. La justice devrait être notre seule boussole.
N’avez-vous pas échoué dans votre lutte contre la corruption en protégeant vos proches tout en enfermant vos opposants ?.
N’avez-vous pas échoué dans la promotion du vivre-ensemble et de la cohésion sociale? , car sous votre régime, plusieurs manifestants ont été tués, et leurs assassins circulent en toute impunité, encourageant d’autres à réprimer violemment les manifestations.
N’avez-vous pas échoué dans la lutte contre l’instrumentalisation de l’État ? . Vos cadres mènent campagne pour votre candidature, chacun dans son disctrict , en utilisant les fonds de l’État.
N’avez-vous pas échoué de garantir la liberté d’expression dans ce pays ? ; plusieurs médias ont été fermés et plus de 500 journalistes ont été réduits au silence.
Vous n’avez pas créé suffisamment d’emplois, et le peu d’opportunités existantes a été anéanti. Vous n’avez pas assuré les droits fondamentaux et la liberté d’expression des citoyens ; même les quelques libertés que vous aviez trouvées en arrivant au pouvoir ont été éteintes.
Vous n’avez pas renforcé notre démocratie ; au contraire, la démocratie que nous avions a été enterrée pour laisser place à une dictature.
Vous vous êtes inspiré du passé, mais de la pire manière.
Maintenant, le dernier échec viendra de la volonté de se maintenir au pouvoir.
Le souhait du peuple de Guinée est, la réussite de cette transition, qui doit aboutir à une élection libre et transparente sans la participation d’aucun membre du CNRD.
Le souhait du peuple de Guinée est, d’être en harmonie avec vos différents discours prononcés.
Le souhait de tout le peuple de Guinée est, de respecter votre parole, pour une fois.
Alors, le 5 septembre 2021, c’était pour quoi exactement ?