Morissanda fait des révélations inquiétantes lors de son passage devant les membres du CNT

Après avoir indiqué que «la diplomatie guinéenne est inscrite dans le cadre de la refondation de l’Etat. Nous alignons notre politique étrangère sur celle définie par son Excellence monsieur le Président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya« , Morissanda Kouyaté a estimé que « notre pays a la chance d’avoir tous les Ambassadeurs sur son sol« , sans préciser que nombre d’entre eux résident ailleurs qu’en Guinée.

Pour le Ministre des affaires étrangères et de Guinéens de l’Étranger, «la Guinée est membre de toutes les instances internationales (200 institutions). On doit cotiser dans toutes ces instances. On est suspendu par deux institutions, c’est la CEDEAO et UA. Et aujourd’hui grâce à la justesse de nos choix, il n’y a pas de conséquences contraignantes pour la Guinée même si nous acceptons d’être sanctionnés  (…) Vous ne pouvez pas avoir le plus grand gisement de fer et venir ramper devant la communauté internationale.  Notre diplomatie est vivante, … depuis le 5 septembre 2021, nous avons eu 30 ambassadeurs accrédités ».

Oubliant que les forces militaires et paramilitaires, au premier rang desquelles le Groupement des forces spéciales du Colonel Doumbouya, ont favorisé le succès du double scrutin (législatif et referendum) du 22 mars 2020 et du hold up de la présidentielle, quelques mois plus tard, le 18 octobre 2020, Morissanda Kouyaté, s’adressant probablement à la Cedea0 et à l’Union africaine lance une pique :  » si vous n’avez rien fait pour empêcher ce qui est arrivé avant, vous n’avez pas beaucoup de leçons à donner. Ce n’est pas une insulte à la communauté internationale. S’il y avait eu sanctions pour empêcher ce qui s’est passé, on pouvait accepter les sanctions après ».

Le Chef de la diplomatie guinéenne a informé que quand il est « allé à Bamako, j’ai vu que la résidence de l’ambassadeur est inhabitée, abandonnée. L’ambassade est totalement abandonnée. Même les poulets ne viennent plus là-bas. Il n’y a rien. C’est la Guinée. Qu’est-ce qu’on fait ? L’ambassade se réduisait à quoi ? C’est la jonction entre le personnel et l’hébergement. Parce que l’ambassade se résumait à un ambassadeur et un financier. Et, le financier prend le titre de consul tout est réglé. Vous avez donc un ambassadeur, financier-consul. La Guinée envoie de l’argent et ils se partagent entre eux. Ces ambassades ont été achetées par le régime du président Ahmed Sékou Touré par fierté nationale Ces maisons nous appartiennent. Il y en a qui ont revendu une partie de nos ambassades ». 

À propos de l’Ambassade de Guinée à Pris (France), il précise : « Il n’y a pas trois semaines, nous avons travaillé ensemble avec le président de la transition pour récupérer notre parcelle à Paris, France. C’est une partie de notre ambassade qui a été bradée. On a signé un contrat ici pour recruter des gens qui devraient protéger la résidence. Ils ont fait une facture de 60 millions d’euros. Ces 60 millions n’ont pas été payés, ils ont dit alors on va saisir les biens de la Guinée ailleurs. On prend un avocat pour défendre ça. Cet avocat travaille (c’est avant le 05 septembre) pour éviter qu’on reprenne la parcelle à la Guinée, il finit son travail, il demande à ce qu’on paie son argent, on lui dit qu’on n’a pas d’argent. Donc, on a eu une double dette. Ces gens-là portent plainte et la parcelle est mise aux enchères ».

Anguille sous roche 

Nous étions en conseil des ministres, quand le président nous a dit : sortez ! Parce que pour stopper cette procédure de vente aux enchères, il fallait payer 2. 500 000 euros. Le président nous a instruit de payer. On est sorti avec le gouverneur de la banque centrale, le ministre des finances (…). On paie, mais il y a anguille sous roche.

L’argent arrive à destination au compte indiqué, on nous dit que l’argent est arrivé au compte mais avec 7 minutes de retard et que quelqu’un a acheté la parcelle à 2. 800 000 euros. Le président dit qu’il ne veut pas qu’on vende une parcelle de la Guinée après cela. Il a demandé à celui qui a racheté la parcelle à combien il l’a acquise ? Actuellement nous sommes en négociation pour racheter la parcelle (…) L’ambassade de la Russie en Guinée, on appelle petit Moscou. En Russie aussi c’est la réciprocité. Mais sauf que le maire de Moscou nous dit maintenant que l’ambassade est en ruine. Qu’elle va la reprendre et qu’on ne peut pas la rénover« .

Pour un ancien fonctionnaire des Affaires étrangères et de la Coopération, « les magouilles c’est partout. Si vous voyez que les étudiants guinéens pleurent au Maroc, en Russie, etc. c’est toujours ces magouilles de hauts fonctionnaires des Affaires étrangères, des Finances, du Budget, de l’Éducation, de la Banque centrale, etc. Un système de détournements est mis en place depuis longtemps, qui a commencé au début du pouvoir de Conté. Au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes, discuter avec ceux qui ont géré, le CNRD et ses alliés mènent une guerre contre les politiciens qui ont les chances de remporter les élections. Les Cellou Dalein, Sidya Touré… Et des gens comme Lansana Kouyaté, Ousmane Kaba, Mamadou Sylla, qui peuvent devoir à l’État guinéen sont chouchoutés« .

Pour un commentateur, « le ministre Morissanda devrait identifier les personnes qui ont, selon lui, perçu l’argent et l’ont distribué entre elles. Ceux qui ont géré cette affaire de Paris etc. C’est l’argent de la Guinée, qui a été dépensé, en partie ou en totalité, sous le CNRD. Il faut que les choses changent« .

Mamadou Alpha BAH

avec B.O. MAHMOUD