Ne laissez pas mourir Dr. Kassory Fofana
Le dernier premier ministre de l’ex président Alpha Condé, renversé le 5 septembre 2021 par les forces spéciales du Colonel Mamadi Doumbouya est dans un état très alarmant.
Emprisonné sans jugement depuis plus d’un an, dans des conditions exécrables, l’homme politique dont la santé nécessitait un suivi aussi bien en France qu’aux Etats-Unis, pays dont il est détenteur de la citoyenneté, a bénéficié de différents jugements pour être placé sous le régime du contrôle judiciaire en attendant son jugement. Des jugements auxquels s’est toujours opposé le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Derrière ces refus de libération conditionnelles, nombre d’observateurs ont vu la main du Ministre de la Justice Alphonse Charles Wright.
Un de ses avocats, Me Sidiki Bérété, s’en est pris au ministre de la justice Charles Wright en ces termes : « vous rendez visite à Damaro et vous dites qu’il va bien. Vous vous moquez de la dignité des citoyens ? Vous n’êtes pas fort, vous n’êtes rien. Vous n’êtes qu’un citoyen ordinaire, respectez les autres. Tant que nos clients ne sont pas libres, il n’y aura pas de procès devant la CRIEF. On a compris que le jeu du procureur Aly Touré, ce sont des hommes au service de Charles Wright. C’est à vous de décider de leur liberté ? On a besoin de votre service ?« .
Me Bérété estime que Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme a « traumatisé la justice et bâillonné les magistrats qui se laissent piétiner, la défense se retire. Allez les juger. Désormais, aucun ancien ministre, aucun homme politique poursuivi par la CRIEF ne va trouver un avocat. Parce que nous avons le souci de ce qu’on appelle procès équitable (…) dans un procès équitable, il y a l’égalité des chances. Mais vous venez plaider tout en sachant que vous serez condamnés, ce n’est pas pour rien que vous demandez de les libérer’’.
Poursuivant, Me Bérété souligne que « même si les magistrats décident d’accorder une liberté à nos clients, vous refusez, c’est l’homme à l’ombre. Vous êtes jeune, vous n’avez pas encore dix ans (dans la magistrature), la transition va passer et on restera tous en Guinée. C’est vous qui êtes en train de compromettre votre carrière de magistrat (…). Si vous cherchez à vous en prendre à toutes les dignités, on vous dira : ‘Non, arrêtez’ la justice ne va pas tomber aussi bas« .
« Vous êtes fruit d’un coup d’Etat, vous n’avez pas de légitimité… »
Il ajoute : « Mais n’oubliez pas que vous êtes fier d’être ministre, vous êtes fruit d’un coup d’Etat, vous n’avez pas de légitimité’ (…) Vous pouvez marcher sur la dignité, bâillonner les magistrats, mais laissez la défense tranquille. On vous interdit de les transformer en copains. Dr Mohamed Diané n’est pas votre camarade. Dr Kassory Fofana n’est pas votre camarade et Damaro non plus. C’est une occasion dans cette transition où tout est autorisé… ».
Oumou BARRY et B. O. MAHMOUD