Niger : La danse du ventre
« L’oiseau ne peut se fâcher contre l’arbre, il finit toujours par s’y poser”, aimait à rappeler le père de l’indépendance de la côte d’Ivoire, feu Félix Houphouët Bobigny, surtout, lorsque ses farouches adversaires politiques comme Laurent Gbagbo, courbait l’échine devant lui. Le Général Aboudrahmane Tiani, rattrapé par les difficultés de l’exercice du pouvoir, au-dessus de ses moyens, confronté aux épreuves de la réalité, désormais, lutte pour assurer, vaille que Vaille, sa survie, peu lui en importe le prix à payer.
“La fin, ne justifie-t-elle pas les moyens”?
A l’intérieur de ses frontières, il remue terre et ciel, pour obtenir une trêve dans la guerre qui l’oppose aux groupes armés, bien implantés, et dotés d’une puissance de feu, jusqu’ici, insoupçonnée de lui. Si lui, œuvre pour un accord, ses ennemis jurent de le faire tomber, très bientôt. Ébranlé dans sa foi de putschiste, voyant l’étau se resserrer autour de lui, pressentant une fin proche, cerné et acculé, de toutes parts, l’officier félon et dirigeant de pacotille, cherche une bouée de sauvetage partout dans le monde.
Après la Russie, loin de combler toutes les attentes, Il jette, maintenant son dévolu sur l’Algérie, le grand voisin et acteur majeur de la région, tant de fois snobé et stigmatisé, dans un passé, très récent. L’on se rappelle que Niamey a récusé, sans porter de gants, Alger dans son rôle de médiateur, lui avait prêté les pires intentions dans ses différentes initiatives diplomatiques de conciliation et de paix, en faveur du Niger.
Depuis, les deux pays, étaient en froid. Le Niger s’est replié sur lui-même, l’Algérie a pris ses distances de lui. Et puis, patatras, on apprend, stupéfaits, qu’une délégation nigérienne, de haut niveau, conduite par l’androgyne Premier ministre, Lamine Zein, comprenant aussi un des ténors de la junte, le très ambivalent ministre de la Défense, a été expédiée comme un colis à Alger pour implorer, à genoux, mains liées et pieds joints, la charité.
La liste des besoins exprimés est aussi longue que les frontières qui séparent les deux pays, au propre comme au figuré: de l’argent pour renflouer des caisses, désespérément vides, des armes, des munitions dont le pays de toutes les pénuries, aujourd’hui, a un grand besoin, des renseignements, plus largement, une coopération militaire et sécuritaire pour suppléer l’absence qui se fait durement ressentir de partenaires renvoyés, bêtement, bref la junte demande à être biberonnée par le géant algérien, lui-même, face à de nombreux et complexes défis.
Pendant ce temps, on invoque, l’autosuffisance, dans tous les domaines afin de nourrir un souverainisme illusoire, d’exalter une fierté, de pure façade. Ce rapprochement inattendu et opportuniste avec l’Algérie arrive au moment où le frère siamois de l’AES, le Mali, est en rupture de banc avec elle. Où est passé le pacte de solidarité et de loyauté, à toute épreuve, voire de communauté de destin, scellé entre alliés putschistes et militaires séditieux? Le même qui a poussé le Niger à rompre ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, à la suite du Mali? Ce qui est valable pour l’Ukraine, ne le serait pas pour l’Algérie?
On ne le dira jamais assez, les officiers qui ont déserté les casernes, abandonné le front pour faire main basse sur leurs pays, baignent dans l’incohérence et les incongruités, n’ont pas de vergogne à se dédire, se renier, se défausser.
Tous, se trompent et trompent. Voilà, pourquoi, ils sont confrontés à la désaffection de leurs peuples et deviennent la risée du monde, avant leur déchéance aussi certaine que l’est leur mort programmée et actée d’avance.