Nouvelle Constitution : Reconduction ou non des dispositions liées à leur inéligibilité, aucun dirigeant actuel n’est candidat à quoi que ce soit
À la question de savoir : à quand des élections libres et transparentes en Guinée ? Est-ce que vous avez un délai ? Serez-vous candidat ?
Le Général par effraction Mamadi Doumbouya répond au journaliste en ces termes : « Je pense que j’ai été clair, et je vais l’être aujourd’hui encore avec vous : ni moi ni aucun membre de cette transition ne sera candidat à quoi que ce soit. Nous allons mener la transition à bon port avec tous les Guinéens. Nous allons partir de la base au sommet par les communales, après les législatives, la présidentielle pour permettre au président qui viendra après ne soit pas là à vouloir s’éterniser, car le peuple n’acceptera plus jamais qu’on personnalise la chose publique. Donc, pour moi, la durée de la transition doit être définie. Le chronogramme de la transition doit l’être aussi par l’organe législatif… »
Ces propos trompe-l’œil de Mamadi Doumbouya lorsqu’il cherchait à justifier son coup d’Etat sanglant du 5 septembre, suffisent largement pour le contraindre à rendre le pouvoir aux civils, au plus tard le 31 décembre 2024.
En effet, que les dispositions de la Charte de la Transition relatives à l’inéligibilité du Président de la Transition, des membres du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), du Gouvernement et ceux du Conseil National de la Transition (CNT), prévues respectivement aux articles 46, 55 et 65 de la Charte de la Transition, soient reconduites ou non dans les dispositions transitoires de la nouvelle Constitution, ni lui Mamadi Doumbouya ni aucun membre du Gouvernement, du CNT ne sera candidat.
Ce débat est derrière nous ; il est clos. C’est pourquoi, nous n’allons pas perdre notre temps à discuter d’une question qui est déjà réglée.
En tout cas, au moment où l’ancien légionnaire français à la main tâchée du sang de ses propres amis tenait la promesse selon laquelle ni lui ni aucun membre de cette transition ne sera candidat à quoi que ce soit, il n’a été ni ligoté ni contraint. Il l’a tenue librement et en pleine jouissance de ses facultés mentales, sans pression aucune. D’ailleurs, tellement sûr de ce qu’il disait à l’époque, Mamadi Doumbouya a mis en relief cet engagement dans la Charte de la Transition que lui et ses hommes ont concoctée et rédigée sans associer aucun acteur majeur de la vie nationale. Plus évocateur encore, il a été clairement énoncé dans cette Charte que la disposition liée à l’inéligibilité des dirigeants guinéens actuels n’était susceptible d’aucune révision.
Même si l’adoption de la nouvelle Constitution rendra inéluctablement caduque la Charte de la Transition, mais cet engagement du Général par effraction Mamadi Doumbouya, devant Dieu et les hommes, reste en vigueur et est un véritable verrou qui empêchera les membres du CNRD, du Gouvernement et ceux du CNT, d’être candidats aux échéances électorales à venir. Le peuple de Guinée y veille et se tient prêt pour le respect de cet engagement solennel et non négociable des autorités de la transition.
Si Mamadi s’entête, s’il s’agrippe au pouvoir, il se retrouvera dans « si je savais » comme c’est le cas aujourd’hui de l’ancien Président de la junte Capitaine Moussa Dadis Camara qui, en 2009, se croyait invincible. Ni les armes ni rien n’arrête un peuple déterminé. Que le procès sur les tristes évènements du 28 septembre 2009 serve de leçon aux putschistes actuels pour éviter les égarements du passé.
Paul Zoumanigui