Contre La sansure

Pour céder le pouvoir aux civils, la junte guinéenne veut plus d’un demi milliard de dollars.

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Hier vendredi 28 avril, les autorités de la transition ont exprimé un besoin de 5812 milliards GNF (plus d’un demi milliard de dollars US ou d’euros) pour financer les 10 points du chronogramme de la transition. L’avaient-t-elles indiqué dans l’accord signé avec la Cedeao ? Ce financement n’est-il pas exagéré pour réaliser toutes les opérations nécessaires pour le retour à l’ordre constitutionnel en janvier 2025 ?

Si pour certains « ce montant est pour cacher des détournements de fonds ces derniers temps« , pour d’autres, il n’en n’est rien car, « s’il faut un travail sérieux, il faut mettre les moyens. Quand vous regardez très bien le montant, il n’est pas exagéré pour réaliser les 10 points. Ce qu’il faudrait, c’est vérifier l’affectation des fonds pour voir si c’est justifié ou non… les financements des retraites à Kindia ou ailleurs ne sont pas nécessaires, surtout que les véritables forces politiques et sociales ne sont pas associées », analyse un commentateur.

« Plus de cinq cent milliards et près de six cent milliards c’est beaucoup… »

Pour le leader du PEDN, Lansana Kouyaté, ancien premier ministre du gouvernement de consensus, « le problème le plus important qui a été édicté c’est le problème de levée de fonds. Plus de cinq cent milliards et près de six cent milliards c’est beaucoup il faut sortir des sentiers battus à mon avis. Hier, j’ai fait des propositions au nom de ma coalition au Premier ministre et à l’ensemble de ceux qui étaient là. Il y a des voies qui ne sont plus des voies classiques pour lever des fonds. Si on compte trop sur l’accord CEDEAO et la Guinée où chacun s’est engagé à lever des fonds« .

Même s’il trouve que le montant réclamé par les autorités de transition est élevé, le leader du PEDN, formation politique comme de centaines d’autres qui ne pèsent pas autant que celles de l’UFDG-ANAD, RPG a-e-c et alliés ou UFR et alliés, préfère suggérer des pistes permettant de trouver le financement nécessaire. Il estime que : « le classique qu’on fait aujourd’hui c’est de demander la conférence des bailleurs de fonds sur la Guinée, ils vont venir, ils vont promettre. Mais il ne faut pas penser que les cent pour cent (100%) seront mobilisés. Quand on promet, il y a beaucoup d’artifices là dans. Je ne vais pas revenir à ça. Je l’ai dit crûment devant le Premier ministre mais je n’oserai le dire crûment devant la presse… »

Pour un analyste politique, « les forces vives guinéennes devraient analyser cette affaire et faire une contre proposition plutôt que de se mettre à préparer des marches et autres manifestations. Actuellement, il y a des pans de la population guinéenne qui sont en train de faire ça, pour réclamer leurs droits. Regardez les enseignants contractuels, regarder le mouvement syndical guinéen… Comme en décembre 2006, janvier et février 2007, ce sont ces forces qui ont fait reculer le pouvoir du Général Conté. Mais ces efforts et sacrifices ont été détruit par Lansana Kouyaté qui, au lieu de conduire le pays correctement, s’est mis à préparer sa prise du pouvoir…« .

Le PM Goumou, ses facilitatrices et des représentants de formations politiques appelés « les partis poisons de la scène politique guinéenne ».

De l’avis d’un autre commentateur, « souhaitons que les bailleurs de fonds accèdent à cette demande, mais en fixant des conditions claires dont la première serait l’achèvement de la transition en décembre 2024 et la transmission du pouvoir aux civils le 1er janvier 2025. Que les décaissements des fonds ne soient faits qu’au terme de chaque étape. Que le financement ne soit pas seulement des dons, mais également des prêts sans intérêts payables par le gouvernement élu démocratiquement, mettant en compétition tout le monde, à commencer par Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo en lesquels se reconnaissent la quasi totalité des guinéens« .

Après avoir dribblé les forces vives guinéennes (FVG), le premier ministre Bernard Goumou est revenu vers ceux que des commentateurs appellent « les partis poisons de la scène politique guinéenne » pour continuer la marche en vue de la confiscation du pouvoir. Jusqu’à quand va durer cette situation, surtout que la France, que l’on dit être le principal soutien du CNRD soutient qu’elle ne va pas tolérer un glissement du chronogramme et que les Etats-Unis, de leur côté, ont donné rendez-vous à janvier 2025 pour le retour à l’ordre constitutionnel ?

Brehim Ould MAHMOUD

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