Contre La sansure

Pour Jakob Stausholm « (…) Simandou est un projet essentiel pour Rio Tinto… »

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En attendant le ring relatif à la ligne de crédit de 20 milliards de dollars avec le Président Xi Jinping, le Président de Rio Tinto a fait le poireau chez le colonel Mamadi Doumbouya, qui, selon des sources, ne l’a pas reçu lors de son récent séjour à Conakry. Voici l’enquête de lepetitdepute.com.

Arrivé à Conakry le 25 octobre 2023, M. Jakob Stausholm, Président Directeur Général (PDG) de Rio Tinto a, selon des sources, quitté la capitale guinéenne le 27 octobre vers 3h du matin, sans pour autant rencontrer le Président de la Transition guinéenne. Pourtant, la représentation locale de la société avait formulé, depuis le 12 octobre, une demande d’audience auprès du colonel Mamadi Doumbouya. Sur ce sujet, la représentation résidente de Rio Tinto n’a pas répondu au questionnaire de l’enquête.

Cette mésaventure, après un long pied-de-grue nocturne dans le tohubohu du palais Mohamed V, est inédite pour un dirigeant de Rio Tinto alors que la Guinée cherche à attirer les investissements directs étrangers. Mais on peut se rappeler que, Sam Walsh, ancien Chief Executive de Rio Tinto, avait décliné, le 4 novembre 2015 l’invitation du Président Alpha Condé qui tenait à le compter parmi les participants à sa seconde investiture, qui était programmée pour le 21 décembre 2015.

Des sources rappellent le fait que Jakob fasse le pied-de-grue nocturne à la Présidence de la République » était prévisible ; parce que, le 22 septembre 2023, le colonel Doumbouya, en marge des travaux de l’Assemblée Générale des Nations Unies, « avait accordé une audience au pied levé à Stausholm. Et que celle-ci n’avait pas retenu l’attention de la Direction de la Communication et de l’Information (DCI). Comme cela avait était le cas pour la session de travail entre Doumbouya et Han Zeng, le Vice-Président chinois. Car cette rencontre avec Zeng avait été objet de grande propagande médiatique par la DCI »

(lire également https://www.lepetitdepute.com/details-article/mamadi-doumbouya-a-new-york-un-business-de-truands).

Pourtant, de son côté, Rio Tinto égrainent les efforts consentis par la société afin d’accéder aux faveurs de la junte : « Depuis cette rencontre (NDLR : du 22 septembre 2023 à New-York), nos équipes respectives ont travaillé sans relâche en vue de la finalisation des accords en suspens qui a permis la signature de l’accord d’investissement entre Simfer [filiale de Rio Tinto] et WCS [Winning Consortium Simandou], ainsi que le décaissement de la première tranche de financement intérimaire à hauteur de 100 millions de dollars américains », a laissé entendre une source interne.

Si l’objectif de Jakob était de constater les travaux de construction de la mine de Simandou à Beyla (une ville de Guinée Forestière située à 913km de Conakry) et d’y rendre une visite de courtoisie aux communautés impactées par ce projet d’exploitation de minerai de fer, il a été atteint dans son égo le 26 octobre. La rencontre avec le Colonel Doumbouya aurait pu permettre à Jakob de réitérer les engagements de Rio Tinto vis-à-vis du colonel Doumbouya. Si celle-ci n’a pas eu lieu, c’est surtout, selon des sources, à cause de la timidité avérée de M. Djiba Diakité, ministre directeur de cabinet de la Présidence de la République, par ailleurs Président du Comité stratégique du Simandou.

Jakob Stausholm en compagnie d’un sage de Beyla.

 

Mais à travers deux collations offertes à Conakry, des partenaires stratégiques, sous-traitants et salariés du projet « gardent une bonne image de Stausholm » même si certains parmi eux avouent que « le projet a pris une allure presque irréversible, malheureusement pour le pays, avec les mêmes erreurs que sur la bauxite ».

Selon un communiqué de presse du 27 octobre de la représentation de Rio Tinto adressé aux médias, parlant de la visite de Jakob Stausholm en Guinée, le concerné y a déclaré que « (…) Simandou est un projet essentiel pour Rio Tinto : il viendra compléter notre portefeuille existant de minerai de fer, permettant la production d’acier vert à faible émission de carbone, un élément clé de la transition énergétique… ». Si ceci est vrai, il faudra ainsi noter l’étendue du camouflet administré à l’une des plus grandes fortunes du monde, bien qu’il ait réussi à rouler dans la farine les quatre anciens Présidents de la Guinée depuis 1996.

D’ailleurs, lors du Conseil des Ministres du 27 octobre, dans le cadre du suivi des instructions, Mamadi Doumbouya a rappelé avoir instruit au ministre des Mines, Moussa Magassouba, à prendre toutes les dispositions afin que les compagnies minières construisent leurs sièges dans le pays, conformément à leurs engagements contenus dans les différentes conventions qui les lient à la Guinée. Dans la même lancée, Doumbouya a mentionné que le « projet Simandou » doit être pionnier dans la matérialisation effective de ladite instruction. Aussitôt, Doumbouya a instruit Djiba Diakité, Président du Comité Stratégique de Simandou, ainsi que d’autres Ministres sectoriels, de prendre les dispositions pour, dans un premier temps, accentuer les efforts afin de rendre effectif la construction du siège de la Compagnie du TransGuinéen (CTG).

De son côté, l’ONG guinéenne ACTION MINES, à travers un communiqué du 25 octobre, a appris avec étonnement par voie de presse l ‘annonce faite par Rio Tinto sur la fin des travaux préparatoires de la ligne de chemin de fer de 75 km entre Beyla et Kérouané à travers le futur embranchement de la Compagnie du TransGuinéen, alors même que les études d’impact environnementales qui ont été validées ne sont pas rendues publiques, en violation du cadre légal en vigueur, notamment le Code de l’Environnement et les normes internationales dont certains promoteurs de projets affirment vouloir respecter.

En observatrice avisée, l’ONG dirigée par le journaliste Amadou Bah estime qu’« en dépit de l’enthousiasme affiché par les uns et les autres, nous restons vivement préoccupés par le peu d’application effective des normes internationales en matière sociale, environnementale notamment les normes de performances de la SFI invoquées par Rio Tinto et WCS ». Dans le même sillage, elle avertit : « le démarrage effectif des travaux au niveau des bases vie et de la voie de raccordement du chemin de fer sans rendre publique des EIES validées permettant à la communauté et à la société civile de comprendre et de suivre les impacts directs, indirects et cumulatifs de ces travaux sur l’environnement, les moyens de subsistance des communautés et la biodiversité constitue une préoccupation majeure pour nous quand on sait les engagements déjà pris par Rio Tinto sur ces aspects ».

Par ailleurs, une rude bataille s’annonce entre Doumbouya et le Président chinois Xi Jinping, notamment en ce qui concerne la pression de ce dernier sur des entreprises chinoises ainsi que la gestion de la suite de l’accord de Xiamen signé avec l’ancien Président de la République en septembre 2017, portant sur une ligne de crédit de 20 milliards de dollars.  Comme le constate un analyste bien averti : « le secteur minier guinéen est fortement ébranlé par le manque de leadership des dirigeants du Ministère des Mines et de la Géologie, mais également à cause d’un dysfonctionnement intolérable du cabinet de la Présidence de la République » d’où pullulent « des nombreux incompétents notoires, et sans aucun respect des textes normatifs qui régissent l’organigramme du Palais présidentiel ».

Sinon, comment expliquer qu’une société comme Chalco Guinea Company, filiale de Chinalco  -dont une partie des revenus garantit l’accord de prêt de 20 Milliards dollars, consenti par la Chine à la Guinée-, soit obligée de notifier aux délégués syndicaux, depuis le 18 octobre, la mise au chômage technique de 806 employés, pendant trois mois renouvelables ? Une mesure qui serait entrée d’ailleurs en vigueur, précise-t-on, depuis le 23 octobre

(lire https://www.lepetitdepute.com/details-article/accord-cadre-sino-guineen).

La raison ? Pour Chai Wei, Directeur Général de Chalco Guinea Company « (…) Depuis le début de l’année, nous avons connu des blocages intempestifs de nos activités pour des raisons infondées et injustifiées », a-t-il laissé entendre.  Cette mesure de mise en chômage technique restera en vigueur pendant 92 jours dont 30 jours durant le dernier trimestre. Les pertes se chiffrent à 185 000 dollars par jour aux titres des taxes d’extraction, taxes à l’exportation, droits de rachat des ventes, fonds de développement communautaires, etc. Pourtant, ces deux taxes déclarées sont principalement dédiées au remboursement des 20 milliards de dollars

(lire Partenariat stratégique Chine-Guinée : Dans les entrailles des accords de Xiamen).

Partenariat stratégique Chine-Guinée : Dans les entrailles des accords d…
Le duel entre le Président de la Transition Mamadi Doumbouya et Xi Jinping Président de la République Populaire …

Mais la réaction des populations locales ne s’est pas fait attendre : « Au moment où nous écrivons cette [notification de chômage technique], nos activités sont bloquées par les jeunes de Boffa qui manifestent contre notre entreprise parce que nous avons décidé de ne pas renouveler le contrat de travail à durée déterminée d’un employé. A ses difficultés, s’ajoutent les charges qui sont très élevées pendant que la production reste très faible par rapport à nos objectifs », a révélé Chai Wei.

Désormais la dichotomique gouvernance du secteur minier impulsée par le Ministres Moussa Magassouba fera de ces 806 agents « des mendiants » qui se contenteront de percevoir 30% du salaire de base, d’une dotation mensuelle d’un sac de riz ainsi que d’une prise en charge médicale pour les employés uniquement. Les membres de leur famille sont appelés à se débrouiller autrement. En attendant que les co-actionnaires de Rio Tinto représentés par Xi Jinping et Jakob Stausholm ne s’allient avec la communauté économique et financière contre la junte de Mamadi Doumbouya…pour toute fin utile.

In. https://www.lepetitdepute.com/details-article/mines-et-jeu-de-dupes-le-president-de-rio-tinto-snobe-par-le-colonel-mamadi-doumbouya

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