Quand le décès de l’ex première dame, réveille des querelles latentes (édito-Mognouma)
La Guinée s’inscrit à jamais dans les polémiques, ma foi, stériles et futiles. La moindre étincelle suffit pour rallumer le brasier.
Les attentions sont ainsi détournées, et les instants précieux occupés à se lancer des invectives.
Le décès de l’ex première dame, Mme Condé Hadja Djènè Kaba, est l’occasion de trop, pour réveiller les querelles latentes. Raviver à nouveau les antagonismes sur fond de haine et de mépris dont le pays est coutumier.
Pour rappel, Hadja Djènè Kaba, plutôt Djènè Kaba Condé, c’est mieux ainsi pour ne pas remuer le couteau dans la plaie, est décédée, ce samedi 08 avril 2023, à Paris, des suites de maladie, a-t-on appris.
Pour l’annonce du décès, on assiste à la guerre des communiqués, qui contrastent, de par leur teneur.
C’est d’abord la DCI (Direction de la communication et de l’information), au nom du chef de la junte au pouvoir, qui se fend d’un communiqué pour annoncer le décès. Magnifier les œuvres de la défunte de son vivant, puis présenter ses condoléances au peuple de Guinée ainsi qu’aux familles Kaba et Condé. Oui Condé, certes, mais pas un seul mot de compassion singulièrement à l’endroit de l’époux de la défunte, qui se trouve être, jusqu’à preuve du contraire, du moins officiellement, Alpha Condé, l’ancien Président de la République. La maladresse est trop grande pour que ça passe inaperçue.
Puis, c’est le RPG, le parti fondé et dirigé depuis l’étranger par l’époux ignoré, qui réplique en ignorant lui-aussi à son tour, dans sa réplique, les autorités du pays et s’approprie, par la même occasion, le décès et éventuellement les funérailles qui seront organisées.
Pour rappel, le ton avait été donné par Alpha Condé. Celui-ci certainement offusqué d’être volontairement oublié dans le communiqué présidentiel, mais évidemment toujours colérique contre ceux qui lui ont infligé la plus grande avanie de sa vie, en lui chipant le pouvoir dans le sang, met en garde contre toute éventuelle appropriation desdites funérailles, par ces derniers.
Sans doute, ce décès qui devait être un moment de communion pour la nation, devient un théâtre d’affrontement et d’expression des antagonismes politiques.
La polémique risque de prendre le dessus. Car les politiques ne se priveront pas de cette occasion pour faire la politique.
Déjà, Mosaiqueguinee.com, nous apprend que le corps de Hadja Djènè Kaba Condé, devrait transiter par la Turquie.
Le mari qui s’y trouve, qui n’a pas vu sa femme depuis le coup d’Etat qui l’a évincé du pouvoir, et même bien avant d’ailleurs, devrait s’incliner, sûrement, pas en sobriété, devant la mémoire de sa défunte épouse avec laquelle l’amour et la complicité n’étaient pourtant pas si manifestes pendant son règne. Peu importe !
Mosaiqueguinee, nous apprend également que la dépouille devrait éviter Conakry, pour passer par Bamako, faire le trajet qui devrait traverser Siguiri, un fief du parti déchu, avant d’arriver à Kankan, un autre fief embastillé ces derniers jours, parce que soupçonné d’être manipulé.
Une mobilisation en perspective, le défi du RPG et de son fondateur qui en a ainsi décidé du trajet. Réussir ce défi, dans ces circonstances, pourrait paraître comme un désaveu pour les nouveaux maîtres du pays.
En dépit de toute la polémique qui va, hélas, caractériser ces funérailles, la fondatrice de la fondation PROSMI est à jamais rentrée dans l’histoire. Son nom gravé dans les marbres.
Son sourire, ses actions en faveur de la couche féminine et ses réactions mesurées quand elle faisait une incursion sur le terrain politique, devraient rester longtemps dans les mémoires.
Ces faits et gestes, espérons-le, réussiront à effacer dans les annales de l’histoire, les agissements malheureux qui auront une empreinte particulière et indélébile sur sa mort qui plonge tout le pays dans le deuil.