Cher Monsieur Kalil Camara,
Votre avis juridique pourrait aisément être rebaptisé “Résumé descriptif des dispositions légales” tant il manque d’une véritable analyse juridique, ce que l’on attendrait pourtant d’un juriste qui se prétend éclairer un débat. Vous vous limitez à réciter les articles de la loi organique comme si vos lecteurs n’avaient pas eux-mêmes accès à ces textes. Cette redondance ne sert qu’à illustrer votre manque d’originalité dans le traitement du sujet. Où sont vos réflexions, vos hypothèses et vos interprétations critiques sur les implications de ces dispositions ?
D’autant plus que vous passez à côté d’un questionnement fondamental : la légitimité même de ce CNT, issu d’un coup d’État sanglant. Il serait intéressant, pour ne pas dire indispensable, que vous vous prononciez sur la conformité de cet organe avec les principes juridiques fondamentaux auxquels vous faites souvent référence. Par exemple, comment peut-on concilier les notions de souveraineté populaire et de légitimité institutionnelle dans le cadre d’un régime imposé par la force ? Ou encore, le CNT peut-il être considéré comme un organe législatif de droit alors que son existence repose sur un acte illégal au regard des normes constitutionnelles précédemment en vigueur ?
Votre texte, dénué d’une quelconque profondeur critique, laisse le lecteur sur sa faim. Vous semblez vous contenter de rester en surface, répétant ce que tout étudiant en droit pourrait trouver dans un manuel ou dans les archives du CNT. La fonction d’un juriste ne se limite pas à rappeler des lois, mais à les questionner, les interpréter et en révéler les zones d’ombre.
Un dernier conseil, si vous me le permettez : prenez position ! Osez poser des questions inconfortables. Le contexte d’un régime issu d’un coup d’État appelle une réflexion audacieuse, pas un simple exercice de paraphrase législative. Vous êtes juriste, pas greffier.
Respectueusement critique,
AF, Un lecteur lassé des évidences.