Contre La sansure

Restrictions des médias, chômages technique, arrestations arbitraires,… le ciel s’assombrit sur la presse guinéenne

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Depuis l’avènement du CRND au pouvoir, le 5 septembre 2021, la presse guinéenne traverse une crise sans précédente.

Au-delà des menaces proférées contre des journalistes dans l’exercice de leur profession, suivie de la restriction d’accès aux médias en ligne et de l’audiovisuel, le brouillage systématique des ondes de certaines radios privées comme Djoma FM, Fim FM et Espace FM et le retrait des chaînes de Djoma (Fm et TV), puis Espace (Fm et TV), d’Evasion (Fm et TV), du bouquet Canal +, la presse guinéenne travers la période la plus sombre de son histoire depuis la libéralisation des ondes, dans les années 90.

Cette situation trouve son origine à la volonté de la junte militaire de faire taire toutes les voix dissonante pour continuer à faire ‘’le sale boulot’’ que le Président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya avait annoncé au lendemain de sa prise de pouvoir.

En violation de la loi L02  sur la liberté de presse, les putschistes, après avoir contraint certains acteurs politiques et de la Société civile à l’exil, ont changé le fusil d’épaule et s’en prennent désormais aux médias privés qui dénoncent les dérives autoritaires. Une manière d’exprimer sa volonté de se maintenir au pouvoir au-delà de la durée de la transition conclut avec la CEDEAO et les forces vives de la nation.

Les menaces proférées contre les journalistes, suivie la récente arrestation du journaliste Sékou Jamal Pendessa,  Secrétaire général du Syndicat professionnel de la presse, incarcéré et condamné à une peine de prison, explique éloquemment l’intention du CNRD (Comité National du Rassemblement et de Développement) d’entraver les libertés publiques et les droits de l’homme Guinée e, dans la perspective de la confiscation du pouvoir.

Cette mesure de censure des médias a entrainé le chômage technique dans le milieu de la presse. Après le Groupe ‘’Fréquence Infos Média’’ (FIM) qui a demandé début janvier, à l’ensemble de son personnel de rester à la maison jusqu’à nouvel ordre, c’est au tour du Groupe HADAFO Média d’envoyer 70% de son personnel au chômage technique pendant 3 mois.

Dans son communiqué rendu public ce mercredi 6 mars 2024, la Direction du Groupe Hadafo Média se trouve dans l’impossibilité de faire face aux charges courantes, en raison des mesures de  restriction qui font fuir les annonceurs.

Selon la direction du groupe, ces restrictions ont eu et continuent d’avoir un impact financier inestimable sur le groupe, rendant impossible le maintien de l’ensemble de ses effectifs dans leur intégralité.

Le groupe Hadafo Médias a plus de 17 ans d’existence dans le paysage médiatique guinéen. C’est la première fois depuis la création de l’entreprise que la direction  envoie en chômage 70% de ses employés.  Mais cela est sans doute la conséquence directe des restrictions imposées aux médias par les autorités de la transition depuis plusieurs mois.

Toutefois, précise la direction du Groupe Hadafo Média, qui exprime son désagrément face à cette situation, « un nombre limité de travailleurs continuera à exercer ses fonctions pendant la période de chômage technique »,

Une situation qui va davantage fragiliser la corporation, qui pourtant joue un rôle important  dans la construction d’un Etat de droit et de la démocratie en Guinée.

Abdoul Wahab Barry

 

 

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