Retrait des agréments des médias privés vu par les internautes : ‘’Le CNRD a ruiné les entreprises et détruit les emplois’’
Contre toute attente, la junte militaire qui avait renversé le régime d’Alpha Condé, le 5 septembre 2021, a décidé de retirer les agréments quatre médias privés les plus suivis en Guinée, suivi du démantèlement de leurs installations.
Il s’agit du groupe Hadafo média (Espace TV, Espace fm, Sweet fm), le groupe Djoma média (Djoma TV, Djoma fm) et FIM FM. Une décision qui a irrité les guinéens dont la plupart estiment que le CNRD (la junte militaire) est en train de montrer son vrai visage, après le brouillage des ondes, la restriction de l’internet et des réseaux sociaux, le musèlement de la presse.
Après cette décision inattendue, c’est l’indignation au niveau de la toile. De nombreux internautes jugent inacceptable cette décision des autorités guinéennes et s’interrogent sur les motifs réels qui ont amené le CNRD à mettre fin à plus d’un millier d’emplois.
Pour Ahmed Sékou Nabbé, journaliste à Hadafo Média Kankan, « Lamine Guirassy nous a donné un boulot. Étant encore à l’université, j’étais déjà employé à Espace. Je n’avais jamais connu une seule journée de chômage depuis l’obtention de mon diplôme de Licence.
Cet homme m’a porté confiance en me mettant à un poste de responsabilité dans un groupe que j’ai rejoint il y’a à peine 4 ans. Aujourd’hui je suis chômeur.
Boss Allah Kabon», a-t-il écrit sur son compte méta.
De son côté, Thierno Diallo se pose la question de savoir : « Quelles sont les infractions qui peuvent motiver le retrait de la licence d’un média dans une république ? ».
Très en colère contre le CNRD, Amara Condé estime pour sa par que : « La refondation guinéenne est synonyme de ruiner les entreprises privées et détruire les emplois. Le chômeur sous les décombres de la refondation et du système anti presse. », déplore notre confrère
Même son de cloche pour Mohamed Mansaraz Mansaré qui tient à rappeler aux putschistes que :
« La capacité de détruire n’est pas une preuve de force. Chez nous en terre mandingue, la sagesse enseigne ceci : « C’est quand on se sent le plus fort qu’on doit craindre sa chute puisque le jour où on est le plus à l’aise, c’est ce même jour qu’on peut être mal à l’aise ». Il est vrai que rien ne résiste au temps, que tout cède devant lui. Le bon sens voudrait que nous craignons la course inexorable du temps qui peut également s’accompagner d’horreurs et de souffrances. HUMILITÉ », rappelle cet internaute
Lamine La Pipita Kabbah ajoute :· « Il vous souviendra un jour qu´un média nommé Espace TV Guinée a existé et qu’il a été fermé parce qu’il n’a jamais cédé à la dictature , à l’intimidation et à la haine de l’autre. Les Grands hommes ont toujours un rendez-vous avec l’histoire. Nos voix porteront à jamais. »
S’adressant à Lamine Guirassy, l’une des victimes de cette décision des autorités guinéennes, Dédé Morikè Kaba loue le sens de responsabilité et du leadership du Fondateur du Groupe Hadafo média qu’il encourage : « De par tes propres moyens sans aide de l’Etat, tu as réussi à employer un nombre incapables de jeunes avec espoir.
De par ton courage et celui de tes collaborateurs tu as fini par transformer ton local en un empire médiatique.
Grâce à ton média, plusieurs jeunes de ma génération de ta génération et celle du future savent ce qu’il s’agit en vrai une radio et télé de par tes découvertes. Ces découvertes qui enseignent même, ceux qui essayent de t’éteindre aujourd’hui.S’ils le font, ils le feront pas à toi, plutôt à la Guinée tout entière. » déplore-t-il
Sur sa page faceook, Daouda Mohamed Camara, l’un des chroniqueurs de l’émission « Les Grandes Gueules », une émission de grande écoute, s’en remet à Dieu après cette décision qui détruit des emplois et des milliards d’investissements .depuis près de deux décennies.
« Les investissements continus sur plusieurs années et estimés à plusieurs milliards, des jeunes désormais sans espoir, des pères et mères de familles déboussolés, indignés et contraints à la mendicité. Je pense ici à ceux qui, récemment avec espoir de toucher le minimum par mois, se sont mariés, à celle qui ont accouché il y a quelques jours ainsi que celles et ceux qui attendent des enfants. Nos cameramen, monteurs et autres techniciens qui n’avaient d’espoir que ça.
Allah, donne-nous la force de surmonter ces moments et de continuer à avoir le contrôle de petites familles. « Un père qui n’a plus la force de supporter sa famille, Dieu seul l’éduque ». »
Pour , l’un des présentateurs du Journal le 22 h d’Espace TV, « Ils étaient bien conscients des répercussions d’une telle décision, mais ils ont délibérément choisi d’ignorer la misère et les tourments qui en découleraient. De la même façon, l’indifférence collective règnera lorsque leur forteresse s’écroulera. On sait maintenant vers où la boussole nous oriente. On sait tout ce qui se trame. Alors attendons… », écrit notre confrère sur son compte linkedin
Alors que les principaux acteurs politiques et de la Société civile, sont contraints à l’exil, la junte militaire, qui ne semble pas vouloir respecter son engagement pris le 5 septembre 2021, de rendre le pouvoir aux civils, au plus tard le 31 décembre 2024, tente de faire taire toutes les voix dissonante afin de confisquer le pouvoir.
Une situation qui indigne plus d’un guinéen.
En attendant la suite de ce bras de fer entre la junte et la presse privée, le Syndicat Professionnel de la Presse de Guinée (SPPG), qui tiendra une conférence de presse ce lundi 27 mai, entend mener des actions d’envergures dans les prochains jours.