Sénégal: on tue, on casse tout, on brûle tout…Et demain on fait comment?
16 morts, selon les chiffres du gouvernement. 19 morts à en croire le parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Au moins 400 blessés, de source proche de la Croix-Rouge sénégalaise, dont une femme enceinte et près de 40 agents des Forces de défense et de sécurité.
A Dakar comme à Ziguinchor, de nombreuses infrastructures publiques et privées détruites. Des établissements scolaires détruits, notamment le célèbre Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar réduit en cendres.
A Ziguinchor, la ville casamançaise dont le maire n’est autre qu’Ousmane Sonko, l’Alliance française, cible d’actes de vandalisme a été incendiée. Certes, ce week-end, la tension a chuté d’un degré. Mais la situation demeure volatile au pays de la Teranga. Et il en sera certainement ainsi encore, car le citoyen Ousmane Sonko, condamné à deux ans de prison ferme par contumace pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire de «viols répétés et menaces de morts» qui l’oppose à l’ex employée d’un salon de massage, peut être arrêté à tout moment comme l’a signifié le ministre sénégalais de la sécurité.
Les lendemains restent également incertains pour un Sénégal dont des opposants et leaders de la société civile demandent à Macky Sall de renoncer à une «3e candidature» pour la succession au fauteuil présidentiel. Sauf que le président sortant n’a pas encore dit officiellement qu’il compte se lancer dans la course à sa propre succession pour la troisième fois. Pourquoi donc lui demander de se prononcer sur ce mandat de plus, qui n’est pour l’instant que supputation et que lui- même sait qu’il pourrait lui être fatal?
Mais, si Macky Sall peut sauver son pays de ces violences meurtrières en disant ouvertement qu’il n’est pas intéressé par ce saut dans l’inconnu, pourquoi ne pas franchir le pas? N’est-ce pas aussi une preuve de patriotisme? Les actes de grandeur ne sont pas toujours ceux qui servent l’intérêt personnel. Il serait donc temps pour le chef de l’Etat de sortir du silence suicidaire dans lequel il s’est emmuré sur le sujet alibi de ses détracteurs pour donner de l’adrénaline à des manifestants qui ne comprennent pas souvent pourquoi ils incendient, saccagent et détruisent tout sur leur passage, poussés aveuglément par des meneurs, qui, eux, maîtrisent bien les enjeux.
Mais, la sortie de l’impasse du Sénégal n’incombe pas qu’à Macky Sall. Car Ousmane Sonko qui défie la justice et l’autorité publique en transformant en affaire d’Etat une affaire personnelle, doit raison garder, au lieu de chauffer à blanc une «rue» qui, sans état d’âme, procède à la destruction méthodique du pays. Si le retour de la paix pour le Sénégal passe par la case prison pour Ousmane Sonko, pourquoi le maire de Ziguinchor ne se soumet-t’il pas à ce verdict? S’il aspire à la plus haute fonction, le leader de la plus grande coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi, ne doit pas craindre le sacrifice suprême. Ousmane Sonko doit donc accepter de lutter sur le terrain de la justice et jouer la carte de l’apaisement. Question au leader du Pastef: est-ce seulement en tant que président de la république qu’il peut servir son pays? Certainement pas! Sans oublier que des opposants, et pas des moindres ont quitté la prison pour atterrir à la présidence! Nelson Mandela en est l’exemple le plus patent!
En tout cas, ni la France que certains accusent d’être derrière Macky Sall, ni la Russie que d’autres affirment être la main invisible qui pousse Ousmane Sonko dans sa fronde contre la justice, un pilier de la gouvernance, ne viendront, avec leur propre argent, reconstruire un Sénégal en ruine. Ce ne sont pas Macky Sall et Ousmane Sonko, encore moins Vladimir Poutine ou Emmanuel Macron, qui pourront ramener à la vie, tous ces Sénégalais morts en trois jours de manifestation, à cause de la bêtise humaine. Les Sénégalais épris de paix et de justice doivent à tout prix, éviter que le piège de politiciens assoiffés de pouvoir se referme sur eux!
Macky Sall et Ousmane Sonko sont face à l’histoire, chacun ayant la lourde et noble responsabilité de sauver le Sénégal du chaos!
Par Wakat Séra
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Image de la UNE : La situation reste volatile au Sénégal (Ph. L’Obs)