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SITUATION DES MEDIAS AU BURKINA : Quand la liberté de presse se meurt à petit feu

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Le monde entier célèbre aujourd’hui, 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse. Cette 31e édition est placée sous le thème : «La presse au service de la planète: le journalisme face à la crise environnementale». Un thème d’une pertinence incontestable ; tant la planète tout entière est menacée par une grave crise climatique. Mais dans quelles conditions les journalistes peuvent-ils efficacement apporter leurs contributions au combat pour la préservation de la planète ?

En effet, le 3-Mai de cette année intervient dans un contexte globalement difficile pour la presse. Des journalistes sont tués en Ukraine, en Palestine, au Soudan, à cause de la guerre qui sévit dans ces pays. Sans oublier les nombreuses restrictions imposées aux médias dans certains pays dont les dirigeants sont allergiques à la contradiction et à la critique. Cette race de dirigeants, on en trouve malheureusement partout dans le monde. Ils verrouillent le  système et contrôlent allègrement l’information au point qu’il est difficile d’entendre un autre son contraire à leur volonté. Dans ces pays-là, il ne fait pas bon être journaliste, puisque l’homme de média peut être privé de tous ses droits, jusqu’aux plus fondamentaux.

Le pays va sûrement perdre à nouveau des points en matière de liberté de la presse

Au Burkina Faso, la situation des médias n’est pas non plus reluisante. La liberté de la presse qui y était jadis appréciée et enviée, a perdu de son lustre d’antan. En témoigne la dégringolade observée depuis 2022, dans le classement de Reporter Sans Frontières (RSF) qui établit, chaque année, le classement des pays sur la liberté de la presse. En effet, le pays de Norbert Zongo, du nom de ce célèbre journaliste d’investigation à la renommée internationale, avait déjà perdu quatre places dans ce classement en 2022, chutant du 37e au 41e rang.

En 2023, la chute a été encore plus vertigineuse, puisqu’il a perdu 15 places par rapport à l’année précédente, et s’est retrouvé 58e sur les 180 pays concernés par l’étude de RSF. Même si le rapport 2024 n’est pas encore disponible, on peut tout de même facilement deviner ce qu’il en sera. Le pays va sûrement perdre à nouveau des points dans ce tableau qui dresse les bons et les mauvais élèves en matière de liberté de la presse à travers le monde. Ce sont quelques éléments de lecture qui dénotent d’un recul grave du Burkina Faso dans ce secteur qui, à une époque encore récente, faisait pourtant sa fierté sur les plans africain et mondial. Mais cette époque semble si lointaine ; tant la liberté de la presse est mise à rude épreuve dans notre pays. Et ce sont notamment les médias étrangers qui en font le plus les frais. En effet, ils sont suspendus, les uns après les autres, par les autorités de la Transition.

Une situation qui a pour conséquence fâcheuse, la privation des populations d’une information plurielle et diversifiée ainsi que leur droit de s’informer sur ce qui se passe ailleurs. Cela dit, les médias locaux ne sont pas non plus épargnés. La preuve, certains ont été frappés d’interdiction de diffusion sur décision du Conseil supérieur de la communication (CSC), l’instance de régulation des médias au Burkina (cette suspension a, par la suite, été levée), au moment où d’autres ont été contraints de fermer sous la pression du fisc.

Aujourd’hui, le journaliste, au Burkina Faso, écrit, la peur au ventre

C’est un vrai sale temps pour la presse qui vit l’un des moments les plus difficiles de son histoire, faisant même craindre des lendemains incertains pour le 4e pouvoir au Burkina Faso. En fait, le contexte actuel du pays n’est pas du tout favorable aux médias si fait que la liberté de  la presse est en train de mourir à petit feu dans le pays. Pendant que l’accès aux sources d’information devient plus difficile et la situation économique des médias de plus en plus catastrophique, les journalistes, eux, vivent une véritable misère sur le terrain. Ils sont le plus souvent présentés comme des ennemis plutôt que de simples médiateurs dont le rôle consiste à donner l’information juste au public. Mais comment peut-il en être autrement quand des individus se réclamant des soutiens du pouvoir se sont même arrogé le droit de catégoriser les journalistes, qualifiant certains de «journalistes patriotes» dont ils épousent leur façon de faire, et d’autres de «journalistes apatrides» dont les écrits dérangent.

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