Transition: Face aux menaces de la CEDEAO, le gouvernement tente de justifier le retard…
Lors du dernier sommet de la CEDEAO tenu récemment à Bissau, le nouveau Président de l’organisation sous-régionale a mis en garde les juntes militaires de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso.
Alors que les trois transitions perdurent, la situation dans ces pays reste fragile et les déclarations du président de la Cédéao, ainsi que les menaces de sanctions, mettent en évidence les enjeux importants auxquels la région est confrontée en matière de démocratie et de stabilité.
Le nouveau Président nigérian, qui assure maintenant la présidence tournante de l’organisation sous-régionale, a demandé aux juntes militaires de ces trois pays, de respecter l’agenda de sortie de crise qu’ils ont élaboré.
Quelques jours après ce sommet, le gouvernement guinéen semble prendre très au sérieux ces menaces de sanctions.
Réuni hier après-midi, avec des partenaires de la Guinée, du Comité de pilotage, mais sans les acteurs politiques et de la Société civile, Mory Condé parle déjà des avancées dans la mise en place du chronogramme de la transition.
« Aujourd’hui, nous avons présenté des avancées qui ont été réalisées dans le cadre de la mise en œuvre du chronogramme entre le 12 juin dernier et ce jour 12 juillet 2023. Au nombre des progrès réalisés dans le cadre du recensement général de la population et de l’habitat, il y a un certain nombre d’équipements qui ont été réceptionnés par l’institut national des statistiques au Ministère du Plan et de la Coopération Internationale. Mais il y a également des agences chargées de faire le processus de la cartographie qui ont été recrutées et qui vont être formées et plusieurs autres sous activités qui ont été réalisées.
Mory Condé ajoute : « au niveau du recensement administratif à vocation d’état civil, vous avez d’abord le préalable qu’il fallait lever. C’était la révision du cadre juridique et cela va s’en dire l’élaboration des lois. Donc pendant cette session du comité de pilotage, les deux avant-projets à savoir la loi portant régime d’état civil en Guinée et la loi portant l’identification des personnes physiques ont été validés et sont transmises au CNT afin de pouvoir légiférer là-dessous.
Il a aussi expliqué que : « il y a un certain nombre d’appels d’offres qui été préparé et lancé pour la réalisation des centres intégrés d’état civil et l’identification qui vont servir de structures de base pour le processus de recensement administratif à vocation d’état civil, mais également un certain nombre de dossiers d’appels d’offres pour l’acquisition du matériel pour le recensement administratif à vocation d’état civil. Mais également pour l’acquisition du matériel lié à l’établissement du fichier électoral, mais aussi d’autres matériels liés aux kits qui devaient permettre le processus d’actualisation des données qui doivent être transposées pour l’élaboration du fichier électoral. Ce sont entre autres actions qui ont été présentés à l’ensemble des partenaires ».
Plus loin, le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, revient sur le niveau de mobilisation des ressources par le gouvernement, avant de demander aux partenaires de faire autant :
« L’autre point qui a été discuté longuement, c’est la question liée à la mobilisation des ressources. Il vous souviendra que depuis le début de l’année, le gouvernement avait pris comme engagement pour le premier semestre de mettre à la disposition du processus de retour à l’ordre constitutionnel pour le financement des dix points du chronogramme un montant de 400 milliards de francs guinéens. Et récemment, le gouvernement a mis un montant de 150 milliards francs guinéens pour appuyer le programme de récemment général de la population et de l’habitat. A date, nous pouvons clairement affirmer que le gouvernement a dégagé 550 milliards de francs guinéens pour le financement de ce processus. Nous avons rappelé cet après-midi à l’ensemble des partenaires la nécessité pour eux de pouvoir concrétiser les promesses qu’ils ont tenues quant à l’apport de leurs financements. Lors de la dernière session, plusieurs partenaires avaient pris des engagements pour mettre un certain nombre de montant à disposition. Mais jusque-là, il n’y a pas de concret. », regrette-t-il.
Et comme le ridicule ne tue pas, Mory Condé, qui a fait comprendre que même les appels d’offres sont en phase préparatoire, demande aux partenaires d’aller vite pour concrétiser les promesses tenues :
« Nous avons rappelé à ces partenaires-là d’aller très vite pour concrétiser leurs engagements afin que les dossiers d’appels d’offres qui sont en train d’être lancés, que lorsque le processus arrive à terme, qu’on puisse passer rapidement à l’acquisition de ces matériels pour ne pas ajouter un jour de plus au chronogramme établi entre la Guinée et la CEDEAO… »
Le gouvernement guinéen a-t-il pris au sérieux les menaces de la CEDEAO ? Ou bien cette sortie de Mory Condé est une simple diversion pour faire gagner du temps ?
En tout cas de nombreux observateurs ont émis des doutes quant à la volonté de la junte de respecter le chronogramme de transition de 24 mois, conclu entre la Guinée et la CEDEAO.
Abdoul Wahab BARRY mis à jour par B. O. Mahmoud
In. http://www.kababachir.com/transition-en-guinee-les-menaces-de-la-cedeao-vont-ils-faire-bouger-les-lignes/