Contre La sansure

Transition militaire : Capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso donne l’exemple à suivre

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Alors que les putschistes de Bamako et de Conakry cherchent à s’accrocher au pouvoir par tous les moyens, le tombeur du Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba vient d’indiquer dans une interview (*) que : « ce sont les assises qui vont désigner un président de la transition. Donc, pour l’instant, nous expédions les affaires courantes… On souhaite que le retour à l’ordre constitutionnel normal soit même avant cette date, si la situation le présage. Donc, notre souhait, c’est que ça puisse se faire avant 2024« .

Même s’il a souligné que c’est « si la situation le présage » que ce retour à l’ordre constitutionnel normal que cela se ferait, le plus important est que ce jeune officier de trente quatre (34) ans ait informé que « ce sont les assises qui vont désigner un président de la transition ». C’est dire que lui et ses camarades préfèrent mener la transition et les réformes nécessaires avec les forces vives burkinabè. Ce que n’avaient fait son prédécesseur et certains de ses conseillers civils et militaires. Ce que Assimi Goïta du Mali et Mamadi Doumbouya de Guinée, qui veulent confisquer le pouvoir aussi longtemps que possible, ne sont pas disposés à faire.

Jamais des putschistes n’avaient renversé un régime et décidé du même coup que le président de la transition serait désigné par les assises. Sans doute que c’est ce même forum qui va former un Conseil de la transition et un gouvernement. Ce même forum pourrait remettre à jour la Charte de la transition et convenir d’un nouveau chronogramme.

Au Mali, la junte et son gouvernement ont proposé à la CEDEAO un chronogramme de 24 mois, qui leur a été concédé par la Conférence des chefs d’États de l’organisation. Délai qui a été recommandé aux régimes putschistes de Conakry et celui qui vient d’être renversé à Ouagadougou par le Capitaine Ibrahim Traoré.

En Guinée, Mamadi Doumbouya et ses camarades du CNRD ne vont certainement pas changer leur mode de gouvernance, déterminés qu’ils sont d’empêcher la tenue d’élections inclusives et transparentes. Il reste à savoir comment ils vont faire face aux sanctions de la CEDEAO qui pourraient être renforcées si au plus tard ils ne conviennent pas avec les forces vives d’un chronogramme d’au plus 20 mois, comme celles-ci le voudraient.

Quand à la CEDEAO, elle devrait s’inspirer du cas de la nouvelle transition burkinabè : à chaque renversement d’un régime, exiger minimalement que se tienne un forum des forces vives pour la désignation des autorités de la transition. C’est-à-dire, ne jamais reconnaître les autorités d’un pays dirigé par un chef d’État putschiste. Elle l’avait fait en août 2020, en obligeant Assimi Goïta et ses camarades à nommer un Président et un Premier ministre civils.

Umaru Cissoko Embalo, Président en exercice la CEDEAO, qui souhaiterait la mise en place d’une unité armée contre les coups d’États, ne devrait-il pas inviter ses homologues à adopter une mesure empêchant tout putschiste et son groupe de contrôler le pouvoir, en l’obligeant à passer par les forces vives représentatives du pays pour désigner le Chef de l’État, le gouvernement et le Conseil national de la transition, pour un délai maximal de 18 mois ?

 

Ibrahima Sory BALDÉ

(*) https://www.rfi.fr/fr/podcasts/invite-afrique/20221003-capitaine-ibrahim-traore-les-assises-vont-de-signer-un-president-de-la-transition-au-burkina-faso

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