Contre La sansure

Viols du 28 septembre 2009 : « Des dizaines de femmes ne se sont pas manifestées pour témoigner ». (F, L. Fall)

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Le 4ème et éphémère (23 février 2004 au 30 avril 2004) premier ministre du Général Lansana Conté, François Loucény Fall, victime de la répression des hordes du capitaine Moussa Dadis Camara, au cours de son témoignage a déclaré : « Je peux vous affirmer que le nombre de femmes victimes de viols, indiqué dans le rapport de l’ONU, est bien supérieur au nombre réel. Beaucoup de femmes ont violées, violentées, humiliées le 28 septembre 2009, mais certaines n’ont pas voulu se faire connaitre. Vous comprendrez les raisons, je respecte leur silence ».

Poursuivant, il a soutenu : « des dizaines de femmes ne se sont pas manifestées pour témoigner. Elles continuent à endurer ce traumatisme. J’ai vu pendant ces derniers jours des victimes parler, vous les avez écoutées à huis-clos, ça c’est un nombre infime, beaucoup vivent encore avec ce traumatisme de cette journée funeste. J’ai vu une qui a eu le courage de venir devant vous ici avouer qu’elle a été violée. J’admire son courage ».

Dame Fatoumata Binta Barry, victime de viols le 28 septembre 2009, a préféré témoigner à visage découvert.

Il a souligné : « les militaires s’acharnaient sur les femmes particulièrement, tuaient les jeunes garçons. Si vous voyez le nombre de morts, c’est surtout les hommes. Mais les femmes étaient leur proie préférée, soit pour les humilier, soit pour abuser d’elles. Quelle était la technique ? Il fallait les frapper, les battre, les gifler pour réduire leur capacité de résistance. Ensuite assouvir leur soif spécial ».

« Le nombre de victimes est bien supérieur… »

François Loucény Fall a également souligné que : « plusieurs femmes sont sorties nues du stade, vous pouvez faire une investigation auprès des familles riveraines du stade du 28 septembre. C’est des femmes de ces familles qui sortaient avec des pagnes pour accueillir les dames qui sortaient du stade nues afin de les protéger. C’est ce traitement qu’on a réservé à ces mères de familles. Cela s’est passé à Conakry en plein jour. Le nombre de victimes est bien supérieur à ce que vous pensez monsieur le président… Beaucoup de femmes continuent à vivre avec ce traumatisme. On a traité certaines victimes ici de folles. Ce n’est pas le cas. Elles portent le deuil de leur traumatisme ».

Me David Beavogui, avocat de Marcel Guilavogui

Pour un commentateur, « quand on écoute certains avocats de la défense, comme Me David Beavogui, qui défend le criminel Marcel Guilavogui, parler de l’existence d’une entente secrète entre politiciens, pour accabler son client, c’est pathétique. Dadis Camara et ses co-accusés sont responsables de ces crimes. Normalement tous leurs conseillers civils et les membres de son CNDD devraient être à la barre, car chacun d’entre eux a une part de responsabilité. Ils auraient dû faire comme le ministre Abdourahamane Sano qui a démissionné et dénoncé les crimes le même jour« .

Khady THIAM

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