Vouloir une chose et son contraire (Par Mamy Keita)
Les valeurs sociales que nous épousons de nos parents et de notre milieu d’expansion socio-économique, tracent la ligne de conduite sociale à la quelle nous nous conformons et/ou nous accommodons lors de nos prises de décisions par rapport à un événement ou à un fait qui nous interpelle en tant qu’individu ou représentant d’un groupe d’individus telle que la famille, la communauté, les associations, la nation et autres organisations humaines.
D’une manière générale, la nature et le poids de ces valeurs varient en fonction des milieux sociaux, religieux, et politiques qui les établissent et les adoptent sous la forme de lois, de règles ou de tabous pour régir leur fonctionnement. D’autres valeurs, par contre, ont un caractère universel, c’est-à-dire qu’elles jouissent du même poids dans toutes les sociétés et dans toutes les circonstances. C’est le cas de l’intégrité, de l’équité, de la loyauté, de l’honnêteté, de la droiture, et de la sincérité qui sont des éléments fondamentaux de jugement de nos actes et de nos paroles par autrui où que nous soyons et quelques soient l‘activité que nous exerçons et le rang que nous occupons dans notre milieu social, professionnel et autre.
Plus nos actes et nos paroles s’éloignent de ces valeurs, plus la confiance dont nous jouissons au près des autres s’effrite et s’estompe, plus notre crédibilité s’altère en raison du doute qui s’installe chez nos collaborateurs en ce qui concerne la concordance entre nos déclarations et les actes que nous posons. Ce fait, à son tour, suscite un climat de suspicion et de méfiance qui s’installe entre les individus, les organisations, et les nations. Plus ce phénomène se perpétue et s’amplifie, plus la collaboration entre ces éléments devient exécrable. Il est à noter en passant que le leadership est une relation de confiance sans la quelle il n’y a pas de coopération franche.
C’est ce climat de suspicion et de méfiance qui caractérise la tumultueuse relation que l’on observe malheureusement entre les nouvelles autorités du pays déterminées à tourner pour toujours la page de la mal gouvernance et une frange d’acteurs politiques et de représentants de la société civile dont l’attitude peu réceptive du vaste programme de refondation de l’Etat mis en œuvre par le CNRD sous le leadership du Colonel Mamadi Doumbouya, constitue le principal point d’achoppement entre ces protagonistes.
Le moins que l’on puisse dire à ce propos, est que ces acteurs politiques, en récusant cette démarche, qui est par ailleurs salutaire, mettent en cause la sincérité de leur engagement à lutter contre les maux qui avaient asphyxié l’administration, sapé les fondements de l’Etat et provoqué la paupérisation générale des populations sous le régime précédent. En requérant des nouvelles autorités qu’elles engagent la lutte sans merci contre la corruption, le détournement, l’absentéisme, l’enrichissement illicite, le faux et l’usage de faux, pendant qu’ils discréditent et rebutent farouchement la traque des présumés coupables de ces honteux actes destructeurs du bien-être des populations, en réclamant le dialogue tout en prêchant les mouvements de rue, en exigeant la justice pour tous, alors qu’ils gratifient certains, et en se cabrant dans cette position diffuse, les acteurs politiques concernés mettent au grand jour leur attitude ambivalente de vouloir une chose et son contraire.
Cette fuite en avant dont ils se rendent tristement coupables, les place dans une posture qui les discrédite au sein de l’opinion publique et souille leur image d’acteurs politiques. En effet, ne dit-on pas que ‘’si l’on n’a pas confiance au messager, l’on ne fera pas confiance à son message’’.
Mamy Kéita
Agroéconomiste, M.S, à la retraite