Contre La sansure

Les manifestations contre le carburant seront-elles suivies par celles sociopolitiques ?

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La décision du CNRD de confirmer l’interdiction des manifestations a été vigoureusement contestée par les forces vives guinéennes. Après le FNDC, des partis politiques du G58 ont indiqué qu’ils ne se soumettront pas à cette décision. Ousmane Gaoual Diallo a apporté des précisions et Me Mohamed Traoré, membre du CNT, ancien Bâtonnier a fait son commentaire.

Francis Haba de l’UGDD a indiqué qu’il se demande qui « est en train de conseiller le CNRD dans son entêtement à bâillonner la démocratie, dont le droit de manifester est fondamental. Nos pères fondateurs ont choisi la République et tous les gouvernements ont ratifié la déclaration universelle des droits de l’homme. Donc ce n’est pas par un communiqué que le CNRD peut interdire le droit de manifester du peuple de Guinée. Dans la hiérarchie des normes, un communiqué n’est pas au dessus d’une loi. Hier vous avez vu que lorsque le CNRD l’a fait, c’est toute la communauté internationale qui a haussé le ton. Les citoyens guinéens n’ont que ce droit de manifester comme contre pouvoir et pour se faire entendre. L’ANAD ne va pas se soumettre à un tel communiqué illégal ».

Dr Diao Baldé, président de l’Union pour une nouvelle Guinée (UGN), membre du G58, « le CNRD n’a aucune légitimité. Les populations les ont acceptés parce que nous étions dans une situation extrêmement difficile avec le régime défunt du président Alpha Condé, maintenant que les gens ont salué cette libération il impose maintenant une autre dictature. Il faut qu’on évite l’affrontement avec le système des nations et les autres organisations internationales. Tant qu’on est dans un régime de transition, difficilement nous pouvons avoir de financements donc il faut que les gens comprennent que le pays-là a besoin de financement et d’accompagnement. Une junte au pouvoir n’a pas la légitimité, c’est avec les instructions s’il y a un accord interne qu’on peut bénéficier d’appui »
Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement, a rappelé que le gouvernement n’a pas interdit les manifestations. Pour lui, « Il ne faut pas dire que c’est une interdiction des manifestations comme certains ont envie de le faire croire. Les manifestations ont été circonscrites à l’intérieur des espaces bien délimités (…) parce qu’on ne veut pas que cela ait un impact sur le fragile équilibre social, sur la conduite de la transition. Se réunir, discuter et échanger et critiquer à l’intérieur des espaces délimités c’est une manifestation qui n’est pas interdite. C’est sur les voies publiques que les manifestations ont été circonscrites pour des choses que nous connaissons. C’est les manifestations de rue qui sont circonscrites, pas les manifestations politiques« .

Me Mohamed Traoré.

Pour sa part, Me Mohamed Traoré a rappelé que « le 28 septembre 2009, il ne s’agissait pas d’une manifestation sur la voie publique. C’était un rassemblement dans un stade et non une marche. Donc l’exercice de la liberté de réunion. Il n’y avait ni troubles à l’ordre public ni risque troubles à l’ordre public« .
Ajoutant que par la suite « des individus habillés en uniforme, pour des motifs qu’ils sont les seuls à connaître, y ont fait irruption pour accomplir leur sale besogne« , Me Traoré a estimé qu’on « ne peut donc invoquer ce douloureux exemple pour justifier l’interdiction de l’exercice du doit de manifester« , en soulignant que « même dans les pays où il existe un parlement pluraliste élu où siègent ceux qu’on appelle les « représentants de toutes les forces vives de la Nation « , la liberté de manifester est effectivement exercée. Parfois, des parlementaires prennent part à ces manifestations. L’existence d’une institution au sein de laquelle sont représentées les » forces vives de la Nation » ne devrait donc pas être un obstacle à l’exercice de la liberté de manifester« .

A moins d’une semaine du sommet de la CEDEAO à Accra, où des sanctions pourraient être prises contre la Guinée, dont les autorités refusent d’adopter un chronogramme raisonnable et d’ouvrir un dialogue avec les véritables forces vives, la tension commence à monter. Et tout semble indiquer que des étincelles pourraient jaillir pour embraser la poudrière. Le CNRD va-t-il écarter les va-t-en guerre qui le conseillent et accepter la collaboration avec la communauté internationale ?

 

Brehim Ould MAHMOUD

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