«Nous nous maintiendrons au pouvoir»! Rien qu’un bout de phrase! Mais sortis de la bouche de Macky Sall, surtout en ces moments où son opposition et des organisations de la société civile lui prêtent, avec insistance, la volonté de vouloir briguer un «3e mandat», ses cinq petits mots prononcés par le président sénégalais qui s’adressait, ce mercredi à ses militants, lors de son séjour en France, constituent un combustible dangereux à même de raviver la tension que vit le Sénégal pré-électoral.
Macky Sall, pyromane ou provocateur? En tout cas, à Dakar, l’explosion a déjà eu lieu et les déflagrations n’en finissent pas de rendre l’atmosphère inflammable à souhait. Cette déclaration, en temps normal aurait certainement fait peu de vague. Mais actuellement, le Sénégal ressemble à tout sauf à un pays normal! Secoué par des violences meurtrières provoquées par des manifestations pro-Sonko, le leader du Parti africain du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), condamné par la justice dans deux affaires de «diffamation » et de «corruption de la jeunesse» risquant de perdre ses droits civiques et donc son éligibilité pour la présidentielle de février 2024, le pays de la Teranga, vit une accalmie bien précaire.
Du coup, tous cherchent la paix par tous les moyens. Au «dialogue national» initié par Macky Sall et qui pourrait ramener dans le jeu politique, des opposants comme l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall et l’ex ministre Karim Wade, le F24 oppose un «dialogue du peuple» dont les convives mangerons à toutes les sauces la «justice» et le «3e mandat».
S’il faut reconnaître l’imprudence de Macky Sall d’attiser le feu avec sa petite déclaration, on peut tout de même se demander si son «nous» est singulier et le concerne personnellement ou pluriel car désignant son parti, l’Alliance pour la république (APR) dont il rencontrait les militants. A moins que ce soit un moyen sibyllin pour faire passer le message de la «3e candidature» ou un ballon de sonde, Macky Sall continue bien d’entretenir le flou sur sa participation à sa propre succession. La nature ayant horreur du vide, les détracteurs du président sortant ne se privent d’aucune occasion pour lui prêter cette intention de chercher le mandat de plus. Et sans doute de trop!
Ils font même plus, les adversaires de Macky Sall, pour alimenter davantage ses nuits blanches, car ils viennent d’engager une démarche auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour que la juridiction de La Haye, entame une enquête pour «crimes contre l’humanité» contre le chef d’Etat sénégalais, qui fait aussi l’objet d’une plainte à Paris, de la part d’un avocat français d’Ousmane Sonko. La prise de parole de Macky Sall ressemble bien à une mise en bouche de son adresse annoncée pour les prochains jours, après la remise à lui, en principe ce samedi, des conclusions de son «dialogue national».
Avec l’entêtement d’Ousmane Sonko de continuer à défier l’autorité de l’Etat et la justice de son pays, car se disant victime d’une cabale politico-judiciaire pour l’empêcher de s’aligner pour la course au fauteuil de Macky Sall et les déclarations hautement explosives de ce dernier, ce n’est pas demain la veille pour les Sénégalais de manger en toute quiétude le «thiéboudiène», cet onctueux et délicieux plat de riz au poisson, qui constitue une spécialité culinaire sur les bords du fleuve Sénégal.
Par Wakat Séra
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