Le Conseil National de la Transition (CNT) a décidé à nouveau d’organiser des consultations dites populaires après les fumeuses consultations et débats d’orientations stériles.
La question que se l’on se pose est de savoir pourquoi faire ? Pour recueillir les opinions des citoyens sur la transition et sur la future Constitution que le CNT doit rédiger, nous dit-on. Certes. Mais les revendications et aspirations des populations sont-elles si mal connues qu’il faille organiser une telle consultation ? Non, nous ne le pensons pas.
Quand le colonel Doumbouya a pris le pouvoir le 5 septembre dernier, il avait pourtant l’air de bien connaître les préoccupations de ses concitoyens. On peut citer un extrait de son premier discours : « L’instrumentalisation des institutions républicaines, de la justice, le piétinement des droits des citoyens, l’irrespect des principes démocratiques, la politisation à outrance de l’administration publique, la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique ont amené l’armée guinéenne, à travers le Comité national du rassemblement et du développement (CNRD), à prendre ses responsabilités. » a-t-il dit lors de sa prise de pouvoir.
Ce constat était partagé par la totalité de la population de notre pays. Il avait dès le premier jour dessiné un programme consensuel. La Guinée a-t-elle tant changé en 22 mois qu’il soit devenu indispensable de faire une telle consultation? Non.
Après avoir pris le pouvoir, le CNRD a vite organisé des « consultations » avec les forces vives de la nation, le CNT à son tour organisé en février 2022 des consultations et un soi-disant débat d’orientation, il y a quelques semaines. Ils ont donc déjà recueilli les opinions. Pourquoi est-il nécessaire de refaire le même travail ? Et puis quelles seront les garanties que les opinions recueillies lors de ces missions seront respectées ? Quelles garanties pouvons-nous avoir que, cette fois, les citoyens seront entendus ? Non, car la nouvelle constitution est déjà rédigée et se trouve actuellement dans les tiroirs de la présidence.
Depuis le début de la Transition, des voix s’élèvent pour évoquer et dénoncer l’existence d’un agenda que la nébuleuse CNRD cacherait au peuple de Guinée. En tout cas les partisans du putschiste en chef y compris certains de ses ministres, déclarent à qui veut l’entendre qu’on n’a jamais vu en Afrique un président âgé d’à peine 40 ans et de surcroît militaire ayant toute l’armée à sa disposition, rendre le pouvoir à des civils.
Par ailleurs, c’est un tournant de tous les enjeux et défis qui s’annonce.
Messieurs et mesdames les conseillers, l’Afrique nous enseigne : « vous n’avez pas besoin d’un siècle pour effectuer un changement. Vous avez seulement besoin d’une préparation efficace pour provoquer des transformations inhabituelles. On a trop trahi ce peuple, on lui a trop menti. Il faut agir dans le sens d’honorer les promesses. Je jure de respecter et faire respecter la loi. » C’est le seul serment sur lequel il faut avancer en quête du sentiment nouveau du progrès.
Le peuple souverain de Guinée se refusera toujours de tout système d’aliénation, toute pratique et tentative en s’opposant comme seul garant légitime de ses propres affaires.
Mesdames et messieurs les conseillers, le peuple de Guinée est au pied du mur, un mur à franchir ou un mur à monter.
Cette transition ne sera pas un rendez-vous manqué et ce n’est pas un conte à plaisir à inventer.
La volonté du peuple l’emporte. Vous avez déjà vu des vieux et vieilles, des enfants abandonnés sur les trottoirs…
Mesdames et messieurs les conseillers, les exigences de l’histoire sont sans cesse et de plus en plus contraignantes, nous apprend un homme politique Africain. Les aspirations des Guinéens sont bien connues.
« Dans cet ordre, la limitation du mandat à deux est l’expression d’une nécessité fondée sur des bases solides… » R.S.
La majorité des Guinéens se pose aujourd’hui des questions et se demande, légitimement, de l’opportunité et de la pertinence derrière toutes ces consultations.
Mais toutes ces situations posent encore une fois la nécessité pour les Guinéens de s’interroger sur ce qu’ils veulent pour eux-mêmes et souhaitent léguer à leurs enfants et petits-enfants. Un pays où n’importe qui peut s’octroyer le titre d’homme d’État s’éloigne totalement et dangereusement d’une société fondée sur des valeurs et compromet les générations futures.
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