Burkina: Les derniers soubresauts et soupirs de la junte : Game is over pour IB !

Lentement, mais, sûrement, le régime du capitaine Ibrahim Traorè , mourant, tire à sa fin. Nous avions prévenu nos fidèles lecteurs de l’imminence de la chute inéluctable de la junte Burkinabé. L’étau continue de se resserrer autour du putchiste IB qui essaie avec l’énergie du désespoir de survivre à la mutinerie dans les casernes et de conjurer la grogne dans les rues. L’épilogue n’est plus loin. On le sent à certains signes qui ne trompent pas : le moro naba, figure mossi traditionnelle ,disposant d’une autorité morale et d’un pouvoir coutumier, s’efforce à faire le médiateur pour rapprocher des positions, de toute évidence, irréconciliable. Les consultations concernent toutes les parties prenantes, mais il est très peu probable que la notabilité obtienne une trêve, à moins d’un alignement de planètes, à la limite du miracle.
La dernière fois que le Moro Naba avait été sollicité, c’était lors de la guerre fratricide qui opposait le colonel Damiba au pouvoir, à l’époque, à un certain capitaine Ibrahim Traorè, engagé à le renverser, vaille que vaille. Le capitaine Ibrahim Traorè avait coiffé Damiba au poteau, après qu’une solution négociée n’a pas été trouvée. Ce n’est donc pas maintenant que la crise est plus profonde et affecte tout le pays, en particulier, les forces armées burkinabé qui vivent les pires années de leur histoire, qu’il y a le moindre espoir d’un répit ou d’une seconde chance pour l’ennemi public no1 des Burkinabé. La purge au sein de la grande muette et le climat de suspicion qui la mine, ont entamé la cohésion dans les rangs et ébranlé le moral des troupes. La dernière vague de harcèlement et d’arrestations après qu’un coup d’Etat manqué aurait été déjoué, a sonné la révolte. Aujourd’hui c’est à une dissidence ouverte de l’armée, décidée à remédier au chaos, qu’il nous ait donné d’assister.
Le capitaine Ibrahim Traorè, pour une fois, semble prendre la mesure de la fronde qui a longtemps couvé, même s’il essaie d’en occulter les vraies raisons : le ras-le-bol général et la ruine du pays dans tous les domaines. Il continue de s’accrocher à la bouée des complots imaginaires, de l’impérialisme et du neo-colonialisme comme dernier rempart.
Les forces armées qu’il a l’intention de soumettre à ses sautes d’humeur et de vider de ses meilleurs cerveaux, s’emancipent de lui et peut-être, sont sur le point de libérer le pays de sa tyrannie. Le Burkina est désormais suspendu au spectre de bruits de bottes, les garnisons militaires échappant à tout contrôle, les officiers, complètement déchaînés. Le capitaine Ibrahim Traorè avait convoqué les commandants d’unité afin de rétablir l’ordre et la discipline. La rencontre avait été prévue, initialement, le mardi 22 avril 2025, avant d’être reportée pour le lendemain mercredi 23 avril 2025. Elle a été finalement annulée, tous les officiers conviés, craignant pour leur sécurité et leur vie. Pour forcer les hiérarques militaires à respecter son autorité en répondant à sa convocation, Ibrahim Traorè a poussé le cynisme jusqu’à prendre en otage leurs épouses. Une pression psychologique et un harcèlement moral qui ne semblent pas produire les effets escomptés. Personne ne s’est encore présenté devant le chef de la junte, connu et reconnu pour sa duplicité.
Les officiers et soldats qui savent jouer leur survie dans l’acte de défiance posée par eux, réalisent qu’on en est à un stade où il faudrait neutraliser Ib ou alors s’attendre à de violentes représailles. Comme chaque fois qu’il est acculé ou voit sa perte venir, le capitaine Ibrahim Traorè, a recours à la rue. Il projette une manifestation de soutien à son régime le 30 avril prochain, en espérant se constituer un bouclier humain face à l’armée qui compte marcher sur son palais et le mettre hors d’état de nuire. Il n’est préoccupé, le capitaine depuis toujours en sursis, que par sa sécurité, une obsession quotidienne. Le général américain, Michael Langley, le commandant du commandement américain pour l’Afrique, vient de révéler que les réserves d’or burkinabé sont détournées par ib pour sa protection et sa survie personnelles. Une révélation qui braque davantage l’opinion et irrite plus encore l’armée.
Le palais présidentiel a été fortifié, du reste. Le capitaine Ibrahim Traorè, emploie tous les moyens à sa disposition, chars, blindés, hélicoptères, gardes prétoriens, chiens renifleurs, mercenaires, absolument tout, pour sauver un fauteuil éjectable, maintenir à flot un pouvoir décadent, honni à l’intérieur, rejeté à l’extérieur. Les prochaines heures seront décisives à Ouagadougou où c’est la veillée d’armes pour tous, il n’y a qu’IB, atteint par le syndrome d’hubris qui ne sait pas qu’il est fini, qu’il peut tomber, à tout moment.
Le pays des hommes intègres attend avec espoir et impatience d’être débarrassé de son rejeton qui, ayant voulu jouer au Neron tropical s’est destiné à être le Louis xvl burkinabé, voué à la guillotine ou à passer devant un peloton d’exécution. Le sort des dictatures et des dictateurs a toujours été tragique.
Samir Moussa