Contre La sansure

Comment les enfants d’immigrés guinéens s’intègrent ils au Sénégal?

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Ils seraient entre deux et plus de trois millions de Guinéens installés au Sénégal. Si certains sont arrivés aux lendemains des indépendances pour fuir le régime de l’ancien président Sékou Touré, d’autres ont migré plus tard pour des raisons économiques. Mais comment s’est intégrée la deuxième génération, c’est-à-dire ces Guinéens nés au Sénégal à la suite de la migration de leurs parents ? 

Dans une de leur chanson, les membres du groupe NG 224 – tous Guinéens installés au Sénégal – rendent hommage à leur pays d’origine. Le leader, Abdourahmane Diallo est arrivé à l’âge de deux ans à Dakar. Si l’amour est un thème récurrent de leur musique, il explique que les paroles – souvent écrites en peul – traitent aussi de sujets engagés.

« C’est juste pour dire aux Guinéens, partout dans le monde, de ne pas oublier d’où tu viens et de dire que la Guinée nous manque. On lance également des messages politiques, mais aussi socio-culturels. Si on doit dénoncer des choses provenant du gouvernement ou du président, on le fait aussi. »

Lui qui se considère de la deuxième génération d’immigration, se sent pourtant bien intégré au Sénégal malgré quelques difficultés. « On s’intègre bien, car nous sommes des travailleurs. Mais certains Sénégalais qui te voient avec le teint clair, te rappellent d’où tu viens… », se confie le leader de NG 224.

Autre membre du groupe, Ibrahima Diallo est né au Sénégal de deux parents guinéens. Le pays de la Teranga compte alors beaucoup pour lui : « C’est un pays qui m’a beaucoup donné. Mes amis ici sont comme des frères. Mes parents sont au pays, ils me manquent, mais ce qui me retient ici, c’est le travail. On est en train de voir comment on peut rentrer chez nous. »

Solidarité et intégration 

En 2014, Mamadou Diao Ba a créé une association pour affirmer l’identité guinéenne et créer de la solidarité au sein de la communauté à Dakar. Les Guinéens représentent 47% des étrangers installés dans le pays, selon l’agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD, 2013).

Coiffeur de 31 ans né au Sénégal, il n’a voyagé qu’une seule fois dans son pays d’origine : « Quand on rentre pays, on nous traite de Sénégalais et quand tu es au Sénégal, on te traite de Guinéen. Alors je me dis « on vient d’où alors ? ». Il ne faut pas oublier d’où tu viens ».

Pape Demba Fall, enseignant-chercheur spécialiste des migrations africaines, concède qu’il existe des discriminations « même si ce n’est pas le trait dominant des relations » précise-t-il.

« Au Sénégal, le Guinéen peut faire carrière. Les enfants des chauffeurs de taxi sont aujourd’hui des ingénieurs, des banquiers et s’intègrent dans la société. Ils sont aujourd’hui plus Sénégalais que Guinéens. Mais on n’oublie pas ses origines, on a toujours besoin d’affirmer son appartenance à un terroir. »

Selon le spécialiste, l’intégration des Guinéens s’explique par une proximité culturelle et religieuse.

In. https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-afrique/20220706-comment-les-enfants-d-immigres-guineens-s-integrent-ils-au-senegal

Image à la UNE : Des guinéens de Dakar (Sénégal) manifestant contre le 3ème mandat d’Alpha Condé

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