Gestion de la transition : A quoi joue le CNRD ?
Arrivé au pouvoir le 5 septembre 2021 à la suite d’un coup d’Etat, le Colonel Mamadi Doumbouya peine à rassurer les guinéens quant à sa volonté d’organiser des élections démocratiques et crédibles dans les délais requis.
Malgré les grands défis auxquels le pays devrait faire face , il a fallu attendre 15 mois pour que le CNRD et la CEDEAO s’accordent sur une durée de transition de 24 mois, à compter du 1er janvier 2023.
Six après cet accord, qui devrait permettre au CNRD de mettre en œuvre les dix points clés du chronogramme de la transition, devant permettre le retour à l’ordre constitutionnel, aucune étape n’a été encore franchie.
La junte déroule tranquillement son agenda et vante les mérites de sa gouvernance sans se soucier du retour à l’ordre constitutionnel.
Une situation qui préoccupe à la fois la communauté internationale, mais aussi les différents acteurs sociopolitiques du pays, qui y voient un manque de volonté des autorités de la transition de s’atteler aux vrais problèmes de la transition.
Une mission conjointe CEDEAO-Union Africaine censée évaluer le processus de transition en cours a été récemment rejetée par les autorités guinéennes.
Un rejet qui ne laisse pas indifférent les acteurs politiques. C’est en tout cas l’avis de Lansana Komara, du RPG-Arc-en-Ciel, l’ancien parti au pouvoir, qui parle de mauvaise volonté des autorités de transition.
« Vous avez constaté, les 24 mois qui ont été signés par les autorités actuelles et la CEDEAO ne sont plus en train d’être respectés. On n’a même pas besoin de demander de gauche à droite, mais on voit que ce n’est plus à l’ordre du jour. Ça, au moins, c’est clair. Il faut être aveugle pour ne pas comprendre ça. La CEDEAO avec laquelle ils ont signé cet accord de 24 mois, cette CEDEAO dit : nous venons évaluer ce que vous avez fait. Ils (les autorités actuelles) disent non, attendez d’abord. Nous sommes à cette phase-là. La CEDEAO dit : il paraît que vous avez travaillé. On vient évaluer, on arrive. À quelques jours, ils (les autorités actuelles) disent non, attendez d’abord. Qu’est-ce que cela veut dire ? Ça veut dire que nous ne sommes pas prêts ou bien il y a une mauvaise volonté quelque part. Voilà, nous sommes dans cette situation-là. Mais, restons tranquille, le peuple de Guinée observe très bien et le peuple de Guinée appréciera au moment venu », a prévenu le Secrétaire administratif du RPG-Arc-en-ciel.
De son côté Aliou Bah, dénonce des manœuvres de la junte, qui selon le leader du MoDeL, veut prendre les guinéens comme des idiots : « Notre pays étant spécialiste des manœuvres de diversion et d’amalgame, si la stratégie du CNRD consiste à noyer les revendications légitimes des acteurs politiques en faisant passer l’annonce des “assises nationales” pour l’ouverture du dialogue politique, c’est peine perdue.
À entendre déjà certains discours des autorités de transition et leurs soutiens déguisés, tout porte à croire que l’argumentation consiste à dire qu’au nom de l’inclusivité, il faut discuter avec tous les Guinéens. Même si cela a du sens dans une certaine mesure, il ne faut juste pas prendre les gens pour des idiots.
« Ce que la classe politique réclame et exige, c’est la création d’un cadre permanent de dialogue afin de définir consensuellement le chronogramme du processus électoral, la mise en place de l’organe de gestion des élections et la durée de la transition.
Alors ce sont des questions spécifiques dont le traitement ne peut se faire dans un fourre-tout sur fond de manipulation et de brouhaha. Aussi longtemps que nous ne sortirons pas des petits jeux mesquins et faire du sérieux dans la gestion des problèmes essentiels de notre pays, nous ne ferons que reporter et amplifier nos crises. », a fait remarquer le jeune leader.
Alors que le dialogue politique est toujours au point mort et la mission avortée de la CEDEAO suscite toujours des interrogations, l’on se demande jusqu’où ira le CNRD ?
Abdoul Wahab BARRY
In. http://www.kababachir.com/gestion-de-la-transition-a-quoi-joue-le-cnrd/