Contre La sansure

Le passé décomposé du légionnaire Doumbouya

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Les Guinéens ont beau avoir la tête dans les nuages ou manquer d’amour-propre, il faut tout de même reconnaître que, depuis le 5 septembre 2021, le pays est tombé dans le pire scénario imaginable.

Car, l’ex-légionnaire Mamadi Doumbouya, qui s’est installé au palais Mohammed V, s’avère comme le moins instruit des présidents guinéens et le plus brutal d’entre eux.

Tellement cet homme est animé d’une soif de revanche à prendre sur la vie, au point d’aimer humilier systématiquement les individus qu’il enviait : les gens nobles, les personnes instruites, riches ou issus de grandes familles.

Et au contraire, comme tous les parvenus, adore les courtisans et autres « laveurs de chat », comme disent les Guinéens.

Or, en ce moment, le marché des laudateurs affiche complet à Conakry.

Et pour cause, le militaire au pouvoir est marqué par un itinéraire très alambiqué, en écoutant ceux qui l’ont connu dans sa ville natale de Kankan, en Haute-Guinée. Ce fils de Hadja Mandjoula Sylla et d’un ancien syndicaliste, loueur de places de voiture à la gare routière de la ville, descend d’une famille modeste de Banankoroda, à Kankan.

Très jeune, Laye Mady perd son père et verse dans la délinquance juvénile à Kankan, à travers le groupe Cosmos, une association de jeunes désœuvrés, laveurs de voiture, très réputés à Kankan. Le jeune homme vit de rapines et fait les 400 coups avant d’arriver en Europe, dans les années 2000. D’abord aux Pays-Bas, où il croise un ami du nom de Bakala, très connu dans le trafic de drogue dans ce pays. Il y traîne un moment avant de se faire expulser pour activités illégales.

C’est ainsi que Mamadi Doumbouya arrive ensuite en France, précisément à Lille, où il est hébergé par un jeune du nom de Kader, par le biais duquel il rencontre son actuelle épouse, ainsi qu’un certain Djiba Diakité, qui deviendra le premier civil nommé, dès le coup d’Etat du 5 septembre 2021 réalisé, comme directeur de cabinet à la présidence de la République.

De Lille, Mamadi Doumbouya se rend fréquemment à Paris, chez deux de ses amis d’enfance avec lesquels il passait ses journées à Banankoroda.

L’un du nom de Bamba et l’autre, plus âgé que lui, communément appelé Laye Yero. C’est avec lui qu’il passe la majorité de son temps, dans le magasin de commerce appelé Kankancoura, rue Doudeauville, dans le quartier parisien de Château Rouge. La boutique appartient à l’une des amies de sa maman. La première fille de Mamadi Doumbouya, Diaba, porte du reste le prénom de cette dernière. Le futur président guinéen y croise d’autres amis de Kankan en compagnie desquels il « brûlait la vie » avec des filles de petite vertu. Avant de rentrer dans la Légion étrangère, une unité qui correspond parfaitement à son caractère violent, et qui lui permet d’arrondir ses fins de mois.

Aujourd’hui, comme on dit dans le milieu des bandits, il n’a plus de « problèmes de blé ».

Rien qu’avec les millions d’euros et de dollars « empruntés » au palais présidentiel, le jour du coup d’Etat, il peut couler des jours heureux…Si les Guinéens lui en laissent le temps.

Jean-Michel Clément

In. https://laguineelibre.com/le-passe-decompose-du-legionnaire-doumbouya/

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