Contre La sansure

Manipulation à ciel ouvert : Ces mouvements de soutien au CNRD qui trahissent la Guinée

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À l’heure où la Guinée traverse l’une des périodes les plus troubles de son histoire, un spectacle ignoble se déroule sous nos yeux. Des « mouvements de soutien » à la junte militaire fleurissent à travers le pays, célébrant bruyamment une transition qui, pourtant, emprunte un chemin sombre et dangereux. Derrière ces démonstrations festives se cache une amère réalité : ces rassemblements ne sont que de vulgaires artifices, financés par l’État, pour simuler une adhésion populaire qui n’existe pas.

Comment peut-on rester silencieux face à cette mascarade ? Ces cortèges de jeunes exaltés, agitant drapeaux et slogans, ne sont pas les voix authentiques d’une nation en quête de liberté et de justice. Ils sont, en vérité, le produit d’une manipulation éhontée, orchestrée par une junte déterminée à conserver le pouvoir, quel qu’en soit le prix. Ce n’est plus un secret : ces mouvements, en apparence spontanés, sont soigneusement mis en scène par des hommes tapis dans l’ombre du régime, puisés dans les caisses de l’État, au détriment d’un peuple qui s’enfonce chaque jour davantage dans la misère.

Mais le cynisme ne s’arrête pas là. Ces foules que l’on draine dans les rues proviennent majoritairement de la Haute-Guinée, et plus précisément de la ville de Kankan, d’où est originaire le putschiste Mamadi Doumbouya. Ce fait n’a rien d’anodin : il révèle un jeu politique macabre que nous connaissons trop bien. Comme sous Alpha Condé, le recours à l’ethnicité comme instrument de division est aujourd’hui à l’œuvre. Le chef de la junte, tel un alchimiste pernicieux, forge une adhésion factice en jouant sur les clivages régionaux, plongeant le pays dans les méandres d’une manipulation ethnique qui ne fait qu’envenimer les plaies ouvertes de notre histoire.

L’écho des rassemblements de soutien résonne comme une trahison des idéaux démocratiques. La jeunesse, à qui l’on fait croire qu’elle porte l’espoir d’une Guinée nouvelle, est en réalité utilisée comme un pion. Ces jeunes ne sont pas des militants convaincus, mais des victimes d’une misère savamment entretenue. Leur inconscience politique est exploitée par un pouvoir qui les réduit à des outils de propagande. Qu’il s’agisse d’un carnaval à Faranah, d’un tournoi de football ou d’une récitation de Coran à Kankan, ces événements festifs ne sont que le voile qui cache la vérité : le régime utilise la pauvreté comme levier pour maintenir son emprise sur la nation.

Il est urgent que les Guinéens ouvrent les yeux sur cette supercherie. Ce n’est pas seulement une question de politique ; c’est une question de survie nationale. Chaque fois que nous fermons les yeux face à ces manœuvres, nous cautionnons la lente descente de notre pays vers le chaos. La prolifération de ces mouvements de soutien n’est pas un signe de force, mais une marque de faiblesse. C’est la preuve que ceux qui tiennent les rênes du pouvoir n’ont d’autre légitimité que celle qu’ils se fabriquent à coups de défilés orchestrés et de discours vides.

La stratégie du « diviser pour mieux régner », que Doumbouya a cyniquement embrassée, n’est qu’une continuation de l’héritage sombre de nos dirigeants passés. À chaque manipulation ethnique, à chaque division attisée, c’est le rêve d’une Guinée unie et prospère qui s’éloigne un peu plus. Le peuple guinéen ne doit pas se laisser duper par ces manœuvres sordides. La véritable bataille est celle de l’unité nationale, celle de la justice sociale, et non celle de la soumission à un pouvoir qui nous méprise.

Nous devons rejeter avec force ces mouvements hypocrites qui, sous couvert de patriotisme, ne font que servir les intérêts d’une élite corrompue et avide de pouvoir. Il est temps de prouver que la Guinée n’est pas un terrain de jeu pour les ambitions personnelles des despotes en tout genre. Nous ne sommes pas, comme certains aimeraient nous le faire croire, un « ramassis de chenilles » dociles et sans conscience. Nous sommes un peuple fier, digne, et nous avons le devoir de nous opposer à cette farce macabre.

La Guinée mérite mieux. Elle mérite une jeunesse éveillée, des élites courageuses, et un avenir qui ne soit plus dicté par les démons du passé. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons nous lever contre ces manœuvres pernicieuses, dénoncer ces faux mouvements de soutien, et redonner à notre pays l’espoir d’une véritable renaissance.

Aboubacar FOFANA

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