MINISTRE EN CHINE, PEUPLE DANS LES FOSSES : QUE COMPRENDRE ?

La semaine dernière, pendant que les Guinéens se préparaient à célébrer la Tabaski, Ousmane Gaoual, ministre des Transports, s’affichait tout sourire à Shenzhen. Nœud papillon bien noué, photos protocolaires, promesses clinquantes : « modernisation des routes », « innovations », « gouvernance ». Huawei par-ci, infrastructure par-là. Toute une stratégie de communication bien huilée.
Mais aujourd’hui, en ce jeudi 5 juin 2025, qu’a-t-on vu ?
Des cadavres de voitures entre deux camions.
Des familles endeuillées entre Mamou et Dabola.
Des corps extirpés des ravins à Gomboyah.
Des passagers hagards à la rentrée de Mamou.
Une population choquée, en deuil, en colère.
Et vous, Guinéens, quelle lecture en faites-vous ?
Quand le ministre dit « routes plus fluides », est-ce de ces couloirs mortels sans signalisation ni contrôle dont il parle ?
Quand il évoque « modernisation », pense-t-il à ces routes où les carcasses humaines remplacent les garde-fous ?
Quand il vante la « gouvernance », voit-il ces cadavres qui s’empilent sans réponse de l’État ?
Quand il célèbre les « partenariats stratégiques », sait-il que les chauffeurs roulent sans contrôle technique, sans formation, sur des routes abandonnées ?
La communication officielle et la réalité guinéenne ne se croisent jamais. Le virtuel brille. Le réel saigne.
Pendant qu’on signe des protocoles à 12 000 km, on enterre nos proches à quelques kilomètres de Conakry.
Pendant qu’on parle d’intelligence artificielle, les forces de l’ordre ne régulent même pas la circulation.
Pendant que l’élite parle d’innovation, la Guinée vit la tragédie d’une insécurité routière structurelle.
Alors on pose la question, calmement mais fermement :
À quoi sert un ministre des Transports si ses routes tuent plus que les maladies ?
À quoi sert un partenariat si les usagers ne voient aucun changement concret ?
À quoi sert la diplomatie si elle ne se traduit jamais en protection pour le peuple ?
Il faut dire les choses : Ousmane Gaoual a choisi la propagande, pas la prévention. Il gouverne par annonce, jamais par action.
Mais cette fois-ci, les photos de la route parlent plus fort que ses posts Facebook.

Que les Guinéens en tirent leurs propres conclusions.
Alpha Issagha Diallo
Écrivain, témoin du réel