Contre La sansure

Niger: Les loups sortent du bois (Dr Mohamed Camara)

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L’ impossible coup d’Etat du Niger, une arrête restée au travers de la gorge de ses auteurs déclarés, en attendant d’en connaître les commanditaires encagoulés qui, peu à peu, sortent du bois, n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Loin , s’en faut !

Mahamadou Issoufou, le nouveau Brutus nigérien qui, à distance, tient la télécommande du général Tiani dont il est le pygmalion de malheurs, veut faire bonne figure, en distrayant les personnes de bonne foi, avec une médiation de façade. Cependant, plus personne n’est dupe désormais . Au fur et à mesure que les langues se délient, l’ancien Président qui est parti du pouvoir sans se retirer, sagement, des affaires de son pays, est sur la sellette: le roi Issoufou est nu, dépouillé de tous ses oripeaux !

Les prises de positions malencontreuses de ses proches, lieutenants et partisans, jettent une lumière plus crue encore sur ses liens incestueux avec une junte déjantée, sujette à toutes les manipulations, portée sur les pires dérives. Et, dire que cet homme qui se renie littéralement, a été célébré, comme un héraut de la démocratie, bien entendu, avant que les événements en cours dans son pays ne le rattrapent et fassent de lui, un démocrate postiche. Lui qui veut ménager à la fois, la chèvre et le chou en portant au dos les officiers marginaux, en même temps qu’il condamne du bout des lèvres leur acte de parjure et de déshonneur, est sorti de l’histoire et de l’estime de tous. Il est maintenant dans le collimateur des démocrates et des patriotes nigériens pour avoir porté un coup de poignard à son fidèle ami et compagnon de lutte, pour sa tentative malheureuse et répréhensible de mettre fin à l’espérance démocratique de ses compatriotes pour des vétilles.

En se tournant vers lui, le Président-otage, pourrait prononcer ces mots d’un profond dépit : ´ Toi aussi, mon frère de cœur et partenaire de tous les temps’.

Mohamed Bazoum qui n’est pas un nouveau venu en politique et est loin d’être un utopiste invétéré, sait que l’exercice du pouvoir, particulièrement, en Afrique, n’est pas une sinécure, ni un long fleuve tranquille. Homme cultivé et pétrie d’expérience, il est conscient, aujourd’hui plus qu’hier, concerné directement par le drame qui se déroule, sous ses yeux, qu’on est jamais trahi que par les siens.

Pourtant, le Président Mohamed Bazoum, n’a jamais voulu renier les liens étroits avec son indélicat prédécesseur, même s’il a fait comprendre très tôt que c’était aussi longtemps que ce choix personnel n’irait pas à l’encontre de son serment de Président de la République, de son engagement patriotique, de sa loyauté envers la République et le peuple nigérien. En clair, Il a préféré, sans équivoque, la patrie au parti, son devoir à ses amitiés, le Niger à toutes ses alliances.

Le Président Mohamed Bazoum (à gauche), n’a jamais voulu renier les liens étroits avec son indélicat prédécesseur, Mahamadou Issoufou (à droite).

Dans une société où la pratique du pouvoir est une collusion d’intérêts et les mœurs politiques sont tournées vers des compromissions de toute nature, les hommes d’honneur et de principes, sont indésirables. Le tort de Mohamed Bazoum est d’avoir voulu mener loin le Niger en conduisant une révolution silencieuse qui profiterait à la grande majorité des Nigériens depuis toujours relégués au second plan, abandonnés à eux-mêmes. Dès lors, la Présidence normale sous d’autres cieux se mue au Sahel en un sacerdoce à la portée d’une minorité vertueuse dont ne pourraient faire partie les rapaces et les clientélistes comme Tiani, Issoufou, père et fils et leurs acolytes chevillés au corps de l’Etat, de l’administration et de l’Armée nationale.

Le mensonge éhonté n’a pas résisté au temps, le montage grotesque qui a servi à expliquer un mouvement d’humeur appelé coup d’Etat, a été éventé. La « mauvaise gouvernance » brandie n’est pas la raison du rapt, c’est la prétention à la bonne gouvernance du Président légitime du Niger, Mohamed Bazoum, qui est à l’origine de sa persécution. Il a voulu donner un coup de pied dans la fourmilière, on tente de lui en faire payer le prix comme si l’allégeance à la pègre locale et à l’oligarchie bien implantée, est la voie royale pour une Présidence confortable et stable.
Karidjo Mahamadou , dans le premier cercle du Président Issoufou, qui traîne de bruyantes casseroles, impliqué dans un scandale financier, jamais égalé au Niger, au Ministère de La Défense qu’il dirigeait, s’est rappelé au bon souvenir de ses concitoyens, par une sortie ratée et défiante, à tous les égards.

Il se fait l’avocat du diable en entérinant le coup d’Etat insalubre tout en s’en prenant aux bonnes consciences qui s’y opposent , opportunément. Il pense ainsi conjurer le mauvais sort , parce que les Nigériens qui ont battu le pavé au point d’ébranler Mahamadou Issoufou , languissent que l’ancien ministre que rien ni personne ne pourra absoudre de son crime économique, rende des comptes, dans l’affaire scabreuse qui le suit comme son ombre : Des centaines de milliards de francs cfa évaporés dans des surfacturations, des fausses commandes, des détournements de fonds publics, des pratiques de corruption autour d’achat de matériel et d’équipements militaires jamais livrés. Il a fait fort en commandant des missiles toujours attendus pour prémunir l’avion présidentiel contre de présumées attaques.

Le prédateur est appelé à faire face à un chapelet d’infractions imprescriptibles et impardonnables, le moment venu, comme d’autres étant entendu que le Président Bazoum a choisi de nettoyer les écuries d’Augias que de protéger les prévaricateurs, contrairement, à son prédécesseur, mouillé jusqu’au cou avec eux.

Mahamadou Issoufou qui a voulu éteindre l’incendie allumé par son complice de ministre, face à la pression, l’a remplacé pour le faire oublier, mais n’a jamais osé engager contre lui des poursuites pénales, de peur, qu’il ne soit lui-même éclaboussé et emporté par la vague. A ce propos, une anecdote est racontée pour établir clairement que les sorts des deux hommes sont intimement liés. L’un ne peut tomber sans l’autre. Karidjo Mahamadou, confiait, à ses visiteurs : « si Issoufou vole 2000, j’en prendrai 1000. Il n’a pas les mains propres. Pourquoi, moi, serais-je, le dindon de la farce ?« .

Le ministre déchu, a toujours marché dans les pas de son mentor dont il se plaît à exécuter les sales besognes pour lui éviter, comme avec les putschistes, d’être, lui-même, en première ligne, dans l’œil du cyclone. Mahamadou Issoufou agit toujours, par procuration et n’apparaît jamais au grand jour, incapable de sincérité, et de transparence, dépourvu de courage et de tout sens de la responsabilité. Cette fois, il a misé sur le mauvais cheval qui au lieu de jouer le rôle de bouc-émissaire qui lui est dévolu devient un épouvantail pour lui et la patrie commune. ‘´ un adversaire intelligent est préférable à un ami sulfureux, est plus utile qu’un partenaire loufoque ‘’. Bonnes leçons, apprises du Niger, moralité très instructive d’un coup d’Etat qui est l’expression achevée de la bêtise humaine.

Dr Mohamed CAMARA

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