Contre La sansure

Prof. Salifou Sylla : « Quand les règles sont écrites, elles doivent être respectées et par tout le monde ».

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Au symposium sur le constitutionnalisme en Guinée, organisé par le Conseil national de la transition (CNT), Professeur Salifou Sylla, constitutionnaliste, ancien ministre de la Justice et ancien membre du CNT de 2010, a expliqué que l’une des principales tares dans nos pays est la « velléité d’accorder le maximum de pouvoir à celui qui est à la tête de ce pays…« .

Cet ancien Recteur de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry a indiqué que « dans la Constitution de mai 2010, nous avions mis des garanties qui devraient la faire respecter. Il faut que nous apprenions à respecter les lois. Mais si celui qui est là, veut changer et mettre quelque chose d’autre, est-ce que notre garantie va servir à quelque chose ? Non. La meilleure garantie des Constitutions, c’est dans l’esprit de loi. Si nous ne respectons pas les Constitutions, il est évident que quelle que soit la Constitution, même si elle est écrite en lettre d’or, si vous ne la respectez pas, ça ne sert à rien. C’est le problème fondamental dans notre pays. Quand les règles sont écrites, elles doivent être respectées et par tout le monde« .

Il a souligné que « quand vous analysez les choses, ce n’est pas, en réalité, l’échec de la Constitution qui a conduit à ces choses. La réalité est aussi que les Constitutions n’ont jamais été respectées dans notre pays. Ce n’est pas l’échec de l’institution constitutionnelle. Il y a des paramètres dans ce pays, non seulement les partis politiques à un moment donné mais aussi notre conception même de l’Etat. Cette velléité d’accorder le maximum de pouvoir à celui qui est à la tête de ce pays ; une sorte d’allégeance. Et quand vous avez de telles réalités, il n’y a pas de raison que les structures ne suivent pas. Donc je n’impute pas l’échec des régimes en la constitutionnalité, parce que les Constitutions n’ont jamais été véritablement respectées ».

Il a ensuite fait constater qu’il est possible de faire une Constitution, mais s’interroge sur  « une Constitution qui va s’inscrire dans la longévité« , car dit-il, « toutes les règles juridiques s’établissent en fonction de certaines situations. Et comme les situations sont nécessairement évolutives, nous ne pouvons pas, le temps qu’on fait une loi, dire qu’elle va s’imposer indéfiniment ; tout s’adapte au niveau de la Constitution« .

S’adressant aux participants, Dr Dansa Kourouma, président du CNT, a déclaré : «Je peux vous dire sans abuser que le Conseil national de la transition que j’ai l’honneur et le privilège de diriger est satisfait quant à la qualité de vos contributions, mais un mérite d’être cité en exemple, c’est celle du président de la transition qui nous a fait une visite surprise, mais dont le discours nous a donné à la fois l’engagement et a renouvelé nos responsabilités républicaines à travailler dans le sens de l’intérêt supérieur et inaliénable du peuple de Guinée. Cette présence du chef de l’État nous a permis également de nous rappeler la ligne qui a été tracée par le CNRD à sa prise du pouvoir le 05 septembre 2021. Et nous allons écrire ensemble cette fois-ci avec toutes les composantes de la Guinée une constitution« .

Pour sa part, l’expert de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Babacar Kanté, a estimé que « tout ce que nous sommes en train de faire c’est d’accompagner techniquement la Guinée, pour enfin mettre en place une méthodologie qui nous permettra d’adopter la solution la moins modeste pour sortir de cette situation. Donc, notre accompagnement est un accompagnement purement technique. Il ne s’agit pas de se substituer aux Guinéens, il n’a s’agit pas de rédiger une Constitution à leur place parce que j’ai voyagé dans d’autres pays où j’ai entendu dire qu’il y a des experts qui sont chargés de rédiger la Constitution à leur place ».

De l’avis d’un responsable des forces vives absentes au Cadre de dialogue tenu du 24 novembre au 20 décembre 2022, « comme le gouvernement est maintenant prêt à s’asseoir avec nous pour dialoguer sincèrement, il faut que l’on se mette à table pour parler des choses à mettre en place pour la réalisation du chronogramme proposé par la Guinée à la Cedeao. Ces séminaires et autres rencontres ne sont pas tant nécessaires. Le recensement est plus important et cela est possible de le faire rapidement, pour extraire un fichier électoral en moins de six (6) mois« .

Brehim Ould MAHMOUD  

 

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