Quand la grandeur parle, les imposteurs tremblent
Il y a des phrases qui révèlent un homme bien plus que mille discours. Celle que Cellou Dalein Diallo a prononcée récemment —
« Non, c’est ton départ que j’ai applaudi, parce que tu créais trop de problèmes à la démocratie »
— appartient à cette catégorie rare où la lucidité se confond avec la dignité. Elle ne vise pas à blesser, ni à flatter ; elle dit simplement la vérité, nue, droite, assumée. Et c’est cette parole, calme mais implacable, qui distingue les hommes d’État des gestionnaires de circonstance, les patriotes des opportunistes en treillis.
Ce n’est pas un mea culpa, c’est une mise au point. En répondant ainsi à Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo rappelle qu’il n’a jamais applaudi les armes, mais applaudi la fin d’un cycle d’arrogance, d’usure et d’humiliation nationale. Le coup d’État du 5 septembre 2021 n’était pas un triomphe de la démocratie ; il en fut le symptôme d’épuisement. Ce que le leader de l’UFDG avait salué, c’était la chute d’un pouvoir devenu sourd, pas la prise du pouvoir par la force. Il faut l’entendre ainsi : applaudir la délivrance d’un peuple n’est pas approuver la dictature de ses libérateurs autoproclamés.
Cette nuance, le CNRD ne la comprendra jamais. Parce qu’il vit dans la confusion volontaire : celle qui consiste à se prendre pour les sauveurs d’une nation qu’on continue de martyriser. Quatre ans après, les masques sont tombés : la transition s’est muée en occupation, la promesse en parodie, et la République, en otage d’une élite militaire qui s’invente des ennemis pour justifier ses dérives. Ceux qui criaient « justice et refondation » ont fini par gouverner dans le silence des prisons et la peur des mots libres.
Face à cette dérive, Cellou Dalein Diallo ne répond pas par la rancune mais par la constance. Il parle d’Alpha Condé sans haine, de la Guinée sans vengeance, du pouvoir sans convoitise. C’est là que réside la vraie force : dans la maîtrise de soi, dans l’élégance du ton, dans cette capacité à rester digne au milieu du chaos. L’homme qu’ils ont chassé du pays reste, paradoxalement, celui qui incarne le mieux la continuité de l’État et l’espérance de la démocratie.
Le CNRD croyait effacer les repères politiques de la Guinée ; il n’a fait que les renforcer. Car dans le vide moral qu’ils ont créé, les Guinéens se souviennent de ce qu’est un vrai leader : un homme capable d’assumer ses paroles, de tendre la main à son adversaire, de préférer la vérité à la vengeance. CDD ne cherche pas à plaire ; il cherche à être juste. Et c’est précisément ce que redoutent les imposteurs du moment.
La grandeur ne se proclame pas, elle se prouve. Elle ne se mesure pas à la taille d’un cortège militaire, mais à la hauteur d’une parole tenue. Quand Cellou Dalein dit « je l’assume », ce n’est pas de la provocation ; c’est une leçon. Une leçon pour ceux qui ont trahi la transition. Une leçon pour ceux qui confondent le courage avec la brutalité. Une leçon, enfin, pour ce régime qui a transformé la promesse du renouveau en cauchemar bureaucratique.
La vérité, c’est que l’histoire finira toujours par réhabiliter les justes. Ceux qui ont résisté à la tentation de la haine, qui ont gardé foi dans les institutions, même lorsqu’elles ont été piétinées. Et dans cette histoire en marche, le nom de Cellou Dalein Diallo restera comme celui d’un homme qui a su parler clair quand tant d’autres ont choisi le brouillard.
Les imposteurs tremblent, non pas parce qu’il les menace, mais parce qu’il les éclaire.
Et rien n’est plus dangereux, pour ceux qui vivent de l’ombre, qu’une lumière qui ne s’éteint pas.
Alpha Issagha Diallo
Militant, témoin du réel
