Quand les magistrats guinéens vont-ils favoriser le respect des droits humains et l’avènement de la démocratie ?
Quand en août 2021, alors Procureur au tribunal de Première instance de Dixinn, Alphonse Charles Wright a pris la décision de libérer Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, son geste fut salué par les démocrates guinéens, qui espéraient que d’autres de ses collègues oseraient, comme lui, désormais, dire le droit. Moins d’un an après, suite au coup d’État qui a mis fin au régime corrompu et dictatorial d’Alpha Condé, ce jeune magistrat, qui a gravi les échelons et entrer au gouvernement, semble avoir décidé de mettre fin aux changements promis par la junte du Colonel Doumbouya lors de sa prise du pouvoir.
Aujourd’hui en Guinée, ce sont certains magistrats, acteurs politiques en manque de légitimité, de la société civile et des médias qui se mettent au service du pouvoir en place pour perpétuer le système en place depuis le premier régime. Ce qui a expliqué que du PDG, parti/Etat à celui du CMRN la Junte de Lansana Conté, c’est juste les têtes qui ont changé mais pas les méthodes. À la mort de ce dernier, Moussa Dadis Camara est venu commettre le coup d’État le plus stupide dans l’espoir de rester le plus longtemps possible au pouvoir, avec l’aide de Magistrats, de plusieurs médias et d’acteurs des forces vives. Tout ce monde a accompagné le général Konaté lorsque Aboubacar Sidiki Diakité, alias « Toumba », aide de camp du capitaine Moussa Dadis Camara, a été obligé de loger une balle dans la tête de ce dernier.
Les mêmes ont validé le hold-up de la présidentielle de 2010 et accompagné le règne d’Alpha Condé, fait d’importants crimes de sang et économiques durant près de onze (11) années et soutenu le coup d’État constitutionnel de mars 2020, qui a été suivi d’un autre hold-up électoral lors de la présidentielle de 2020. Est-ce de ce monde qu’a parlé Colonel Mamadi Doumbouya, lors du Conseil des ministres du 19 janvier dernier en déclarant ce jour que tous les changements « ne sont pas forcément du goût de certains qui ne souhaiteraient pas voir la Transition réussir. Malheureusement, ces personnes sont parmi nous, avec nous et parfois à côté de nous, elles peuvent être des collaborateurs, des amis, la famille ou de simples connaissances » ?
« les cas Cellou, Sidya ne sont pas comparables à celui de Dadis…«
Invité de l’émission « Mirador » de FIM FM, Cellou Dalein Diallo a expliqué qu’aucune garantie ne lui a été donnée par les autorités pour son retour au pays. Il a notamment déclaré : ‘’Je souhaite m’assurer que la justice que j’ai en face est indépendante et va dire le droit, mais si je m’en tiens à ce qu’elle fait aujourd’hui, j’ai raison d’avoir des réserves’’. Et s’adressant au Colonel Doumbouya, il a indiqué : ‘’Vous devez agir afin de faire respecter la parole donnée et les engagements pris, agir pour faire cesser les harcèlements judiciaires des leaders politiques et de la société civile dont certains sont en prison, d’autres en exil. Vous devez agir pour sauvegarder, renforcer l’indépendance de la justice’’.
Et comme pour répondre au leader du grand parti politique (UFDG) et de la plus importante coalition politique (ANAD), grands favoris des prochaines élections guinéennes, le Ministre de l Justice et des Droits de l’Homme, Charles Wright a estimé que « s’il y a quelqu’un aujourd’hui qui est content du département de la justice, c’est capitaine Moussa Dadis Camara. Puisque tous les jours je parle avec lui. La grandeur d’un homme c’est quand tu te soumets aux lois de la République (…) Si nous, nous faisons l’abus aujourd’hui, l’abus va nous rattraper un jour, on ne le fera jamais. Mais on donnera à chacun le pouvoir de venir se défendre et on demandera à la justice d’être neutre, indépendante et impartiale ».
De l’avis d’un commentateur, « Charles Wright sait que les cas Cellou, Sidya ne sont pas comparables à celui de Dadis ou ceux des dignitaires du régime d’Alpha Condé… Sidya et surtout Cellou sont harcelés. Ils embêtent Sidya pour ne pas que les gens disent que seul Cellou est harcelé. Ils ont reçu Sidya, mais jamais Cellou Dalein. Notre problème, c’est moins les forces militaires et paramilitaires qui tuent, blessent, violent rançonnent. Ce sont nos magistrats qui condamnent sans raison, sur commande de l’Exécutif ; ce sont des leaders de partis politiques accompagnateurs de tout régime en place… Quand les magistrats guinéens vont-ils favoriser le respect des droits humains et l’avènement de la démocratie ? « .
Poursuivant, ce commentateur rappelle que « Cellou et Sidya ont contesté devant les tribunaux les dossiers concernant leurs maisons. Lui Charles Wright, en tant que Procureur général ne s’en est pas préoccupé. Ne devrait-il pas, en tant que Ministre, s’impliquer pour que les lois soient appliquées. Regardez es cas de Kassory, Damaro, Diané ou encore de Foniké Manguè… Non notre espoir Charles Wright est en train de nous trahir comme jamais avant lui d’autres ministres de la Justice ou des Droits de l’homme. C’est malheureux… Dadis n’avait pas d’autres choix que de rentrer et affronter la Justice pour les crimes qu’il a commis. La CPI suit cette affaire« .
Hamidou BAH
collaboration B. O. MAHMOUD