RD Congo : intensification des combats à l’est, le M23 se rapproche de Goma

Les combats se poursuivent toujours autour de Goma, la capitale de la province du Nord Kivu. Les rebelles du M23, soutenu par le Rwanda, ont gagné du terrain ces dernières semaines. Les combats ont provoqué de nouveaux déplacements de population et 13 soldats étrangers, dont 3 casques bleus, ont été tués dans les combats, ce que la Monusco n’a pour le moment pas confirmé.
Le Conseil de Sécurité de l’ONU va se réunir ce dimanche en urgence au sujet de l’intensification des combats dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) entre l’armée et le M23, groupe armé antigouvernemental soutenu par le Rwanda, qui font craindre un embrasement régional.
Après l’échec d’une médiation RDC-Rwanda sous l’égide de l’Angola, le M23 et 3 000 à 4 000 soldats rwandais, selon l’ONU, ont rapidement gagné du terrain ces dernières semaines. Ils encerclent désormais presque complètement la capitale de la province du Nord-Kivu, Goma, qui compte un million d’habitants et au moins autant de déplacés.
Selon la correspondante de France 24 à Kinshasa, « des habitants nous ont rapporté que des combats intenses sont signalés à Kibati, à une dizaine de kilomètres au nord de Goma. Des détonations d’armes lourdes se font entendre depuis le petit matin. Sur cet axe, il y a de nombreux camps de déplacés dont celui de Kanyaruchinya qui compte des milliers de déplacés. »
Après plusieurs jours d’intenses combats dans lesquels 13 soldats étrangers dont trois Casques bleus ont été tués, le porte-parole de l’armée congolaise a accusé samedi le Rwanda d’être « déterminé à s’emparer de la ville de Goma », tout en assurant que les forces armées de la RDC sont elles aussi déterminées à « repousser l’ennemi ». Kinshasa a annoncé rappeler ses diplomates à Kigali « avec effet immédiat », dans un courrier daté de vendredi et rendu public samedi soir.
Des soldats étrangers tués dans les combats
Lors de ces derniers jours, deux soldats sud-africains et un Uruguayen de la mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco) sont morts, selon les armées des deux pays. La Monusco, qui compte quelque 15 000 soldats en RDC, a annoncé vendredi être « activement engagés dans des combats intenses » contre le M23 avec une de ses unités d’élite. « Le gouvernement rwandais affirme lui que les casques bleus de la Monusco favorisent l’armée congolaise et des milices congolaises dont certaines sont sanctionnées par l’ONU » a rapporté le correspondant de France 24 à Kigali.
Sept autres Sud-Africains et trois Malawites engagés dans la SAMIRDC, la force régionale de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ont également été tués, toujours selon les armées nationales. La SAMIRDC est déployée dans l’est de la RDC depuis 2023 et compte notamment 2 900 soldats sud-africains.
De nombreux civils ont dû fuir leur foyer. Le conflit, qui dure depuis plus de trois ans, aggrave encore une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l’ONU, 400 000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier. Les Nations unies ont commencé à évacuer certains de leurs personnels de Goma. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, tout comme l’Allemagne, ont appelé leurs ressortissants à quitter la ville tant que l’aéroport et les frontières sont ouverts.
Condamnations internationales
Les combats samedi se sont concentrés autour de Sake, cité du territoire de Masisi, située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma, selon des sources sécuritaires. Sur la route reliant les deux localités, des journalistes de l’AFP ont vu la carcasse d’un blindé des Nations unies en fumée. À Goma, les commerces sont restés ouverts toute la journée malgré les détonations des tirs. La ville avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23 (« Mouvement du 23 mars »), né cette année-là et vaincu militairement l’année suivante.
Lors d’entretiens téléphoniques avec les dirigeants congolais et rwandais, le président français Emmanuel Macron a appelé samedi à la « fin immédiate de l’offensive du M23 et des forces rwandaises ainsi qu’au retrait de ces dernières du territoire congolais ». L’Union européenne a appelé le M23 à « arrêter son avancée » et le Rwanda à « se retirer immédiatement » dans une déclaration signée par les 27 pays membres. L’Union africaine (UA) a réclamé « la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties ».
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