Contre La sansure

Toutes les formations politiques ont les mêmes droits et les mêmes devoirs devant la république.

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Tous les guinéens sont d’accord pour dire que cette transition doit être inclusive. Les partis politiques d’abord, les organisations de la société civile, les syndicats, les leaders d’opinion, le gouvernement, le CNRD etc.

S’il y a un mot qu’on entend tout le temps sur toutes les lèvres c’est bien le terme inclusion. Nous disons que nous voulons une transition inclusive, un dialogue politique inclusif, des prises de décisions inclusives et enfin des élections communales, législatives et présidentielle inclusives.

Mais qu’entendons-nous en réalité par inclusion ? Il est très bien de le chanter partout et à toutes les occasions mais il faut l’incarner. C’est comme si certains ignoraient le sens du mot ‘’inclusion’’ ou alors veulent sciemment l’utiliser dans un sens qui dénature sa signification, l’éloigne de son sens ethnologique et le contexte dans lequel il doit être utilisé dans notre situation actuelle.

La catégorie de politiques qui est plus prompte à chanter le mot semble être celle qui veut trahir le sens de l’expression. C’est l’inclusion lorsque j’y suis ou alors lorsque cela m’arrange. Lorsque ce sont les autres qui sont exclus, on trouve cela normal.

Dans le cadre du dialogue dont il est question ici, il n’est pas rare d’entendre des leaders politiques évoquer la représentativité des uns par rapport à d’autres. Personne ne peut valablement nier que des partis politiques ont récolté plus de voix que d’autres lors des élections organisées pendant les dix dernières années. C’est naturel et c’est comme cela que cela se passe partout.

Les poids des différents partis sont à peu près connus à l’issue de ces élections-là. Néanmoins, rien ne prouve aujourd’hui que les mêmes partis politiques maintiennent toujours le même score sur l’échiquier politique national. Il n’y a pas que des leaders qui font la transhumance, des électeurs aussi changent de camps au gré de ce qu’ils considèrent être leurs intérêts. Autres époques, autres réalités, dit-on. Certaines qui se targuent être des ‘’grandes‘’ formations ne l’ont jamais été en vérité. Il y’en a qui n’ont jamais totalisé 20% des suffrages exprimés parmi plusieurs dizaines de partis en compétition.
S’il s’agit de représentativité dans l’expression des suffrages des électeurs alors seules les urnes aujourd’hui peuvent déterminer qui représente quoi sur le terrain politique. Il ne faut pas confondre bruit et vitesse. Ce ne sont pas toutes les formations politiques qui se disent représentatives qui le sont, en réalité. De quoi a-t-on peur ? Que veut-on cacher ou faire valoir ?

Alors, l’inclusion voudrait que tous les partis politiques légalement établis puissent prendre part aux discussions qui concernent la vie de la nation et qu’ils aient la possibilité d’apporter leurs contributions dans le dialogue afin de trouver ensemble les meilleurs voies et moyens de sortir le pays de cette transition et revenir à l’ordre constitutionnel de façon inclusive et consensuelle.

S’acharner à dire que c’est seulement les partis que certains qualifient de représentatifs qui doivent y prendre part selon des critères et des bases souvent subjectifs est contre le sens réel de l’inclusion qu’on chante à tout va et sur tous les toits et contre l’esprit démocratique.

Toutes les formations politiques ont les mêmes droits et les mêmes devoirs devant la république. Seuls les suffrages exprimés à date peuvent déterminer le poids de telle ou telle autre formation politique.
Les négociations qui se sont déroulées ces dernières décennies dans notre pays n’ont pas que des côtés positifs. Tout le monde sait que les principes démocratiques ont été souvent foulés au sol et les lois de la République bafouées pour satisfaire certaines formations et des leaders qui ont toujours mis leurs intérêts personnels au-dessus de ceux du peuple et de la nation.
Enfin, ce qui est paradoxal c’est que les mêmes élections qui ont servi de base pour évaluer le poids des uns et des autres ont été toujours contestées par les mêmes leaders, sans compter le vote des mineurs, le bourrage des urnes et toute la fraude qui ont toujours caractérisé les élections.

Boubacar DIENG

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