Les forces vives ne gagneront rien dans les manifestations… elles doivent faire des propositions pour l’après 31 décembre 2024

Dans des propos recueillis par nos confrères de siaminfos.com (*), Fodé Mohamed Soumah, président du parti Génération Citoyenne (Ge-Ci) rappelle et interroge: « nous sommes à un trimestre du terme et que faire ? ». Puis, il ajoute: « au lieu de se réveiller, les Politiques placent le curseur sur le 31 décembre pour faire quoi ? Des troubles et la répression, alors que la pression aurait été plus forte ? »
Poursuivant, il indique: « C’est pourquoi, j’invite les autorités et la CEDEAO à s’asseoir autour de la table pour égrener un chronogramme consensuel immédiatement. En dehors de cette option qui me semble réaliste et réalisable, seul le bon Dieu sait ce qui va se passer et non pas les thuriféraires, les butés, les trublions, les sans-voix, etc. Le temps de la reddition des comptes entre la méritocratie et le patriotisme est arrivé« . Est-ce en raison du fait que la Gé-Ci est une des nombreuses formations politiques poids plume, qui ne veulent pas fâcher le CNRD et ses alliés, que son président n’a pas suggéré qu’autour de cette table d’élaboration d’un chronogramme consensuel, il n’a pas recommandé les forces vives?
En février dernier, nous suggérions dans un éditorial (2) une piste de solutions pour l’après 31 décembre 2024. Nous écrivions notamment :
« Ignorer le rendez-vous, mais le lendemain en faire un sujet principal des assemblées générales et soutenir que c’est une stratégie du gouvernement de transition pour confisquer le pouvoir le plus longtemps possible ne ressemble-t-il pas aux discours d’avant le coup d’État constitutionnel du 22 mars 2020 ? N’aurait-il pas été plus stratégique de prendre part aux rencontres et expliquer aux militants et autres partisans ce qui y a été dit ? N’aurait-il pas été plus bénéfique d’y assister et ainsi prouver à l’ambassadeur de France et aux représentants de la Cedeao, de l’Union européenne et des Nations unies que les blocages sont le fait des autorités de la transition, dont la légalité expire le 31 décembre prochain?
Equilibrer le CNT et former un gouvernement de mission
De nombreuses fois des commentateurs de guinafnews.org ont suggéré la désignation par les forces vives de 74 personnalités comme additionnels du CNT, qui compterait alors 165 membres, la formation d’un gouvernement de mission représentatif de la scène sociopolitique guinéenne. C’est une piste à envisager si un glissement de cette transition devait être inévitable. Et celle-ci devrait être terminée par les élections présidentielles en avril ou mai 2025« .
Comme nous croyions à la tenue d’un référendum constitutionnel dans le courant du premier trimestre, comme annoncé par le président la transition, Général Mamadi Doumbouya, lors de son adresse à la nation en décembre, nous avions ajouté, dans cet éditorial qu’il « faudrait que les élections communales inclusives et transparentes (et il faudrait souhaiter régionales) soient organisées au plus tard en décembre 2024 pour que des conseils communaux et régionaux soient installés. C’est mieux que de désigner, illégalement, des conseillers locaux illégitimes ».
Nous avions souligné qu’il « est grand temps que les forces vives, notamment l’Ufdg et son alliance ANAD, le RPG a-e-c et ses alliés, l’Ufr et les siens cessent, à moins que certains d’entre eux ne le souhaitent, pour des raisons égoïstes, voire même ethnostratégiques, de parler d’une candidature du désormais Général Mamadi Doumbouya. Et si cela devait être le cas, pourquoi on ne devrait pas exiger sa démission et celles de tous les administrateurs (MATD, dont les préfets et sous-préfets) nommés par le CNRD, qui serait dissout pour laisser la place à une formation politique et ses alliés ? La Guinée pourrait ainsi se retrouver avec quatre (4) principaux groupes sociopolitiques l’UFDG/ANAD, le RPG a-e-c et alliés, l’UFR et alliés et le parti du CNRD et les siens. »
Aujourd’hui, cette candidature de Mamadi Doumbouya, avec la bénédictions des autorités françaises, comme elles l’ont fait au Tchad, est pratiquement le secret le moins gardé. C’est aux forces vives de savoir y faire face, non par des manifestations, mais par l’interpellation de la communauté internationale, par le biais de la Cedeao, à travers un mémorandum, dans lequel elles vont proposer la mise en place d’un gouvernement dont la mission consistera uniquement à organiser des élections locales et nationales. En précisant que toutes les autorités de cette nouvelle transition (Président, ministres, membres du CNT) ne seront pas éligibles. Que le gouvernement de mission organisera les élections inclusives et transparentes (y compris Cellou Dalein Diallo, Mamadi Doumbouya s’il démissionne et le CNRD dissout, Sidya Touré, Bah Oury, etc.).
Les forces vives ne gagneront rien dans les manifestations, qui seront, comme toutes les fois qu’il y en a eu, des moments de tueries, de répressions. Elles doivent faire des propositions pour l’après 31 décembre 2024, en rappelant à la Cedeao et au G5 Guinée, que l’échec du chronogramme qu’ils ont élaboré a un seul responsable : les autorités (CNRD, CNT et gouvernement) en place.
Ibrahima Sory BALDÉ
(2) https://guinafnews.org/les-forces-vives-doivent-cesser-dignorer-les-invitations-du-matd/