Contre La sansure

« Si Sékou Touré est le « Père de l’indépendance », il est aussi le principal artisan de l’ethnocentrisme en Guinée. »

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Pr Lansiné Kaba, je vous connais à travers vos écrits. Vous écrivez bien. Vous êtes pertinent dans vos analyses. J’aime les intellectuels. Je viens de terminer la lecture de « Passion de liberté» du Pr Abdoulaye Bahtily ; et là je tombe sur votre article : « Le bourbier guinéen ».

Je vous recommande vivement ce magnum opus de 644 pages hormis les pages d’annexes du Pr Abdoulaye Bathily, publié chez Présence africaine.

J’ai lu avec un grand intérêt « Le bourbier guinéen », et je relève qu’entre les lignes vous interpolez des assertions tout à fait discutables. En fait, vous emberlificotez rondement.

Nous sommes d’accord que la première ressource naturelle de tout pays c’est avant tout l’homme. Et très vite Léopold Sédar Senghor avait compris qu’il fallait miser sur l’homme sénégalais, le considérer comme un plant à planter, à arroser, à entretenir jusqu’à ce qu’il pousse et devienne un arbre touffu et ombreux. Et très vite, le poète président avait perçu toute la pertinence des propos de Ernest Renan : « L’homme, messieurs, ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. »

Et aujourd’hui, l’intelligentsia sénégalaise est appréciée sur les quatre coins du monde. L’intellectuel sénégalais est, aujourd’hui, apprécié pour ses compétences partout où il va.

Quid de Sékou Touré ?

Très vite Sékou Touré, misanthrope et ne supportant pas qu’on lui porte la contradiction, a plongé dans une furie meurtrière contre les Guinéens. Il s’est mis à tuer aveuglément et éperdument. C’est vrai que dans sa furie meurtrière, aucune ethnie n’a été épargnée.

Et bien avant le “wo n’fatara” (Vous avez raison) de Lansana Conté contre les Malinkés que vous soulignez trois fois dans vos critiques contre le régime de celui-ci, Sékou Touré avait dit pire. Et vous le savez mais avec doigté vous passez la serpillère sur ce discours raciste de Sékou Touré sur les Peuls. Et il vous souvient aussi de cet éditorial nauséabond de Oumar Diabaté de la Voix de la Révolution qui s’autorisait à inviter tous les intellectuels Peuls in situ à se retrouver au Foutah Djallon pour danser le « Soli », la danse des circoncis, et prouver subséquemment leur allégeance à Sékou Touré et à la Révolution.

Vous dites : « Le PDG s’opposait à tout ce qui avait une connotation ethnique ou régionaliste. » Ce n’est pas vrai. C’est archifaux. Sékou Touré détestait les Peuls. En témoigne Henri Lopes dans son livre,  « Il est déjà demain » :

« Diallo Telli était un Peul, une communauté très dynamique, à laquelle Sékou Touré vouait une haine viscérale. Il dénoncera des « complots peuls », comme Hitler dénonçait les complots juifs… »

 

Professeur Lanciné Kaba, vous êtes historien mais nous avons tous été témoins oculaires du hold up électoral des élections présidentielles de 2010.

 

Voyez-vous ! Si Sékou Touré est le « Père de l’indépendance », il est aussi le principal artisan de l’ethnocentrisme en Guinée.  Sékou Touré, qui souffrait d’un trouble de la personnalité histrionique, a développé des stéréotypes entre les Peuls et les Malinkés, et il est arrivé à monter les Malinkés contre les Peuls. Et l’on entend aujourd’hui encore des intellectaillons faire sien de ces poncifs révolutionnaires.

Le 18 juin 2014, le journaliste Yamoussa Sidibé descend dans les bas fond de l’imbécillité pour dire que son ami du nom de : « Soundiata Keïta répète tous les jours que le pouvoir a une ethnie, il est manding. Et moi aussi j’ai choisi, je suis avec Alpha Condé. Et je me convaincs chaque jour que lui seul peut et doit tenir les brides du pays. »

Ce Yamoussa se targue pourtant d’être un agrégé de Lettres Modernes de l’école normale supérieure de Manéah, une bourgade située à l’orée de Cona-cris. Un lettré jusqu’aux chromosomes mais pénétré de l’esprit de Raspoutine. Il serait un bon conseiller pour Brutus Doumbouya qui cherche à écarter vaille que vaille l’opposant Cellou Dalein Diallo, accusé insidieusement d’avoir mangé la grenouille, toujours dans la course au trône.

Et le 06 juin 2016 à Kankan, des visiteurs chez Ousmane Kaba dit Ouzin Zinzin Kaba, bardé de diplômes universitaires et leader du Parti des démocrates pour l’espoir (PADES), sont interloqués de l’entendre causer bruyamment. Il est en rogne. Il bavote et s’en prend à Goby Condé. La ganache du PADES fait brusquement une embardée dans ses attaques verbales, plonge fichtrement dans l’anamnèse et fait sourdement sien du préjugé racial qui constitue l’attelle de la doxa de la révolution sékoutouréenne. Il dégoise des mots désobligeants, passe la ligne stupidement et essentialise les Peuls à une caractéristique viciée ; et sa diatribe et son argumentation étriquée et primaire, au mépris du bon sens, vont à la dérive et échouent sur les rivages des réseaux sociaux par ricochet : « Ce qui m’a fait mal, c’est que les valeurs qui caractérisent le mandingue, il les a attaquées. Donc il veut aller derrière notre identité. Ce qui caractérise le Mandingue, c’est le courage, c’est l’honnêteté, c’est la fidélité. Il a attaqué toutes ces valeurs. C’est la différence entre le Mandingue et le Foutah. La première valeur au Foutah, c’est la ruse. Le plus rusé est le plus valeureux dans la société. Et nous, nous appelons ça trahison ! »

Putain ! c’est du sophisme, de l’aberration pure et dure. Ça frise du reste le pittoresque disons la divagation d’un simple d’esprit qui, par atavisme, se cramponne de toutes ses forces physiques et mentales à des conceptions erronées et anachroniques.

Ces médisances vexatoires de Ouzin Zinzin Kaba ne peuvent que choquer les ressortissants du Foutah Djallon. Et dans l’anamnèse collective, ressurgissent tous les discours racistes de Sékou Touré qui avait lancé une ratonnade contre les Peuls. Comment des ostrogoths, qui sont diplômés des universités de Harvard (Boston-USA) et de Paris II (Panthéon-Sorbonne), peuvent-ils développer de telles idioties ?

Ouzin Zinzin Kaba, ancien ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, et ancien ministre du Plan et de la Coopération de la Guinée, de 1996 à 1998, est un intellectuaillon qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. En fait la ganache bat la breloque comme Sékou Touré, le sophiste de la révolution guinéenne, qui était sûr de son fait dans sa guerre loufoque contre les Peuls ; et qui faisait des personnalités, plus que mortifiantes : « Mais disons-nous la vérité. Il faut que la trahison soit extirpée et bannie définitivement du comportement du Peul. Il faut enfin sauver cette partie de la Guinée, car il s’agit d’un problème de fond. Le mal que font ces traîtres-là est profond. »

Dans sa haine inexpiable contre l’ethnie peule, Sékou Touré avait fait assassiner la plupart des intellectuels Peuls de son temps. Et aujourd’hui, Ouzin Zinzin Kaba, en cherchant à se positionner sur l’échiquier politique national, fait sien en intelligible voix des idées orthodoxes de Sékou Touré sur les Peuls. N’est-ce pas minable de voir Ouzin Zinzin Kaba barboter, lui aussi, dans les égouts de ces préjugés racistes ? Le gredin rumine ainsi « tout l’impedimenta des préjugés, des habitudes et méthodes hérités » de Sékou Touré, stigmatise aujourd’hui encore les Peuls, il les agonit de trahison. Il n’est ni un historien ni un sociologue encore moins un ethnologue. Alors qu’est-ce qui lui fait dire cette énormité ?

Les Guinéens doivent absolument lire « Passion de Liberté » de Abdoulaye Bathily. Surtout les hommes politiques et tous ceux qui se prennent pour des intellectuels dans le patelin. Il faut le lire, bordel ! Et vous comprendrez pourquoi on hausse le ton contre ce prix de Guinéenews décerné à l’accusé Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba comme personnalité de l’année 2022. Une vilaine façon de banaliser les massacres et les viols perpétrés au stade du 28 septembre 2009 à Cona-crimes. Les tenants de cette affaire fait ainsi un pied de nez aux victimes et à leurs familles. C’est irrespectueux et irresponsable de jouer à la diversion, de bafouer le procès en cours en oscarisant Toumba projeté sous les feux de la rampe. Il est poursuivi devant le tribunal pour meurtres, violence et viol. Le procès est en cours. Donc, un peu de retenu !…

Lisez « Passion de liberté », s’il vous plaît ! Pour arrêter d’embobeliner les gens et du coup vous comprendrez Ernest Renan qui, dans sa conférence du 11 mars 1882 tenue à la Sorbonne, enseigne que « La langue invite à se réunir ; elle n’y force pas. »

En outre, il faut avoir le courage intellectuel de reconnaître que c’est Goby alias Néron Condé qui a exacerbé l’ethnocentrisme dans la contrée en 2010 avec cette affaire d’eau empoisonnée, un « complot » manigancé contre les Peuls qui ont beaucoup souffert pendant son règne. Et Dieu seul sait le nombre de Peuls que Goby a fait massacrer en Guinée. Plus de trois cent jeunes Peuls ont été tués par ses forces prétoriennes et enterrés aux cimetières de Bambeto et ailleurs dans Cona-crimes.

Plus loin dans « Le bourbier guinéen », vous écrivez : « Le retard de la Guinée et ses problèmes résident, dès le départ, dans la faiblesse de sa politique. A la différence de Sékou Touré qui avait une vision, ni Lansana Conté, ni Dadis Camara, ni Sekouba Konaté, ni Alpha Condé n’avaient aucune idée claire et à long terme pour la Guinée et sa société. Sékou Toure, malgré ses intentions louables, Lansana Conte et Alpha Condé ont, chacun à sa façon, attisé le feu des considérations ethniques. »

Bernique ! ça fait sauter au plafond !…

Parce que, justement, professeur ! c’est le manque de vision de Sékou Touré, dès le départ, qui explique le retard de la Guinée. Sékou Touré était tout sauf un visionnaire. Ou bien si vous voulez, pour couper la poire en deux, il avait une vision décadente du développement de la Guinée.

Après avoir massacré tous les intellectuels in situ, il ne pouvait en être autrement. Et beaucoup de diaspos avaient souffert de l’exil. Abdoulaye Bathily témoigne des difficultés vécues par son ami et voisin d’alors Camara Laye qui se débattait dans la pouillerie jusqu’à la fin de ses jours à Dakar.

Sékou Touré, manipulateur, menteur, fourbe, dictateur sanguinaire, est responsable de tout ce qui nous arrive aujourd’hui. Quelles sont ces « intentions louables » que vous lui prêtez ?

Franchement, je n’en vois pas, je n’en trouve pas. Par contre, je suivrai votre petit doigt pour pointer l’impéritie de Lansana Conté, Dadis Camara, Sekouba Konaté, Néron Condé…et Brutus Doumbouya inclus.

Vous n’êtes quand même pas au sérieux en épiloguant sur l’avènement du « régime du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) » avec un Goby Condé « démocratiquement élu en 2010 » ?

Certes vous êtes historien mais nous avons tous été témoins oculaires du hold up électoral des élections présidentielles de 2010. Du reste les langues commencent à se délier. On attend les aveux de Sékouba Konaté et du général malien Siaka Toumani Sangaré, et la version de Fatou Bensouda…

Croyez-vous que l’actuel Brutus Doumbouya, un épigone de Sékou Touré, a une « idée claire et à long terme pour la Guinée et sa société » ?

Vous adoubez Brutus Doumbouya, mais on vous répond : non.

Et sur vos questions rhétoriques ?

Voyons voir : « Mais, qu’est-ce que la politique ? N’est-elle pas habilitée d’orienter et de servir dignement les populations, et d’asseoir sa propre influence de leader? Ne va-t-elle pas avec la bonne gouvernance? Son but n’est-il pas d’assumer les besoins des habitants, et non pas d’extorquer et de s’enrichir d’une manière éhontée? »

De façon globale, oui ! L’on est d’accord avec vos questions rhétoriques. Seulement dans le cas de la Guinée, il faut se méfier des prestidigitateurs porteurs du yakafokon. Ceci pour dire qu’il faut plaider pour un développement durable en Guinée et non asseoir une économie cosmétique. Et un développement durable est consubstantiel à l’habeas corpus.

Est-ce que vous voyez l’allusion ? Non ! Bon, Brutus Doumbouya au tableau ! Prends la craie. Prends la craie, bordel ! 1+1= combien ? « 1+1 égale ? Egale ! Egale ?!… »

Quatre autres gaillards et… tendez-le !…

« Non, monsieur ! Pardon, monsieur ! 1+1 = le pouvoir a une ethnie, il est manding. Le Mandingue c’est le courage, c’est l’honnêteté, c’est la fidélité. Alors que la première valeur au Foutah, c’est la ruse. Cellou Dalein Diallo ruse après avoir mangé la grenouille. C’est la trahison qui estampille les Peuls. 1+1= moi. »

Et toc ! Brutus Doumbouya, dans son calcul et dans son indigence intellectuelle, est en train de faire jouer tous les ressorts de son pouvoir pour anéantir l’opposition, empêcher Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré de candidater aux élections présidentielles prochaines. Ce que réprouve l’historien sénégalais, Abdoulaye Bathily, qui dit justement à la page 445 de ses mémoires :

« La gestion de la diversité est une marque indispensable de bonne gouvernance. Son non-respect par l’Etat et par des groupes de citoyens majoritaires ou minoritaires expose le corps politique et social à des turbulences désastreuses. »

Est-ce que Brutus Doumbouya peut comprendre ça ? Il faut vraiment être d’un esprit simplet que de vouloir organiser en 2024 des élections présidentielles dites inclusives tout en s’opposant à la candidature des deux principaux favoris que sont la Petite Cellule Diallo de l’UFDG et le Sid de l’UFR qui sont en exil, il y a beaux jours. Ce serait du yakafokon politique. Ça va plonger le bled dans des crises sans précédent.

A bon entendeur. Et bonne année 2023 !

Benn Pepito

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